J'ai ressorti mon vieil exemplaire des Feuilles d'herbe pour retrouver, à la page 350, le poème qui flottait dans ma mémoire depuis ce matin :
"When lilacs last in the dooryard bloom'd [...]
En fait c'est un des poèmes écrit par Walt Whitman à la mémoire du Président Lincoln, un poème de deuil, une branche de lilas cueillie pour être déposée sur le cercueil qui, de gare en gare, lentement passe "carrying a corpse to where it shall rest in the grave "
Mais, indifférent à l'Histoire, il y a ce buisson de lilas qui chaque année fleurit :
"In the dooryard fronting and old farm-house near the white-washe'd palings,
Stands the lilac-bush tall-growing with heart-shaped leaves of rich green
With many a pointed blossom rising delicate, with the perfume string I love,
With every leaf a miracle - and from this bush in the dooryard,
With delicate-color'd blossom and heart-shaped leaves of rich green,
A sprig with its flower I break.
25 avril 2009
22 avril 2009
Benjamin Franklin
Une citation de l'inventeur du paratonnerre trouvée dans un cours d'espagnol : je n'en garantis ni l'origine, ni la traduction mais qu'importe !
"La clef que l'on utilise constamment luit comme de l'argent; lorsqu'on ne l'utilise pas, elle se couvre de rouille. Il en est de même pour le cerveau."
"La clef que l'on utilise constamment luit comme de l'argent; lorsqu'on ne l'utilise pas, elle se couvre de rouille. Il en est de même pour le cerveau."
20 avril 2009
DMZ
DMZ est une abréviation conventionnelle pour désigner une zone démilitarisée.
C'est aussi le titre d'une bande dessinée de Brian Wood pour le scnénario, Riccardo Burchielli et Brian Wood pour le dessin. Ils se sont mis à trois pour réaliser cette série - dont je n'ai lu encore que les deux premiers volumes - mais je reconnais que le résultat est à la hauteur : le scénario est inventif et le dessin d'une efficacité redoutable.
L'hypothèse de départ ? Une nouvelle guerre civile sur le territoire américain . Les troupes fédérales se sont retranchées à l'Est de Manhattan, menacées par l'avancée des milices antigouvernementales, établies à l'Ouest. Entre les deux une zone démilitarisée à propos de laquelle circulent les pires rumeurs. Mettant à profit un éphémère cesser le feu, la chaîne de télé Liberty News envoie sur place un vieux briscard du journalisme accompagné d'une jeune stagiaire pas très dégourdi. Le pied à peine posé dans la zone en question, le vieux briscard se fait descendre; reste le jeune stagiaire pas très dégourdi qui doit apprendre à survivre d'abord - ce qu'il fait grâce à la connaissance du terrain et des individus de Zee, ex-étudiante en médecine - et à trouver peu à peu sa place dans un monde hostile où chaque être rencontré est un ennemi potentiel.
Partagé entre effroi et fascination, on suit la progression du jeune reporter dans la DMZ. Assez vite cependant s'installe la certitude que Matty, tel Fabrice sur le champ de bataille de Waterloo est là pour dire l'absurdité de la guerre, de toute les guerres. Journaliste sans expérience, Matty parvient en effet à faire passer photos et reportages ... sans s'apercevoir tout de suite que l'info qu'il transmet est triturée, déformée et que lui-même est manipulé. L'apprentissage est pour le moins brutal !
La principale raison du succès de cette bande dessinée tient à ses qualités graphiques autant que narratives, mais plus encore, me semble-t-il, à la lucidité de ses auteurs, à leur volonté manifeste de pousser les lecteurs à s'interroger sur les dysfonctionnements du monde.
Je viens de terminer le second volume de la série. Il m'en reste encore quatre ou cinq pour confirmer ma première impression, celle d'avoir découvert un récit qui est à la bande dessinée ce que Soleil vert *, est au cinéma et Sur Ecoute ** à la série télé !
* Soleil vert ? un film de Richard Fleischer sorti en 1973. Jamais revu, jamais oublié !
** Sur écoute ? Ma série télé préférée et... celle d'Obama !
C'est aussi le titre d'une bande dessinée de Brian Wood pour le scnénario, Riccardo Burchielli et Brian Wood pour le dessin. Ils se sont mis à trois pour réaliser cette série - dont je n'ai lu encore que les deux premiers volumes - mais je reconnais que le résultat est à la hauteur : le scénario est inventif et le dessin d'une efficacité redoutable.
L'hypothèse de départ ? Une nouvelle guerre civile sur le territoire américain . Les troupes fédérales se sont retranchées à l'Est de Manhattan, menacées par l'avancée des milices antigouvernementales, établies à l'Ouest. Entre les deux une zone démilitarisée à propos de laquelle circulent les pires rumeurs. Mettant à profit un éphémère cesser le feu, la chaîne de télé Liberty News envoie sur place un vieux briscard du journalisme accompagné d'une jeune stagiaire pas très dégourdi. Le pied à peine posé dans la zone en question, le vieux briscard se fait descendre; reste le jeune stagiaire pas très dégourdi qui doit apprendre à survivre d'abord - ce qu'il fait grâce à la connaissance du terrain et des individus de Zee, ex-étudiante en médecine - et à trouver peu à peu sa place dans un monde hostile où chaque être rencontré est un ennemi potentiel.
Partagé entre effroi et fascination, on suit la progression du jeune reporter dans la DMZ. Assez vite cependant s'installe la certitude que Matty, tel Fabrice sur le champ de bataille de Waterloo est là pour dire l'absurdité de la guerre, de toute les guerres. Journaliste sans expérience, Matty parvient en effet à faire passer photos et reportages ... sans s'apercevoir tout de suite que l'info qu'il transmet est triturée, déformée et que lui-même est manipulé. L'apprentissage est pour le moins brutal !
La principale raison du succès de cette bande dessinée tient à ses qualités graphiques autant que narratives, mais plus encore, me semble-t-il, à la lucidité de ses auteurs, à leur volonté manifeste de pousser les lecteurs à s'interroger sur les dysfonctionnements du monde.
Je viens de terminer le second volume de la série. Il m'en reste encore quatre ou cinq pour confirmer ma première impression, celle d'avoir découvert un récit qui est à la bande dessinée ce que Soleil vert *, est au cinéma et Sur Ecoute ** à la série télé !
* Soleil vert ? un film de Richard Fleischer sorti en 1973. Jamais revu, jamais oublié !
** Sur écoute ? Ma série télé préférée et... celle d'Obama !
16 avril 2009
James Lee Burke
Eternel débat : le film ou le livre ?
Je l'ai tranché depuis longtemps en décidant une fois pour toute de séparer totalement les deux : ou le livre (et dans ce cas je ne vais pas voir le film) ou le film (et dans ce cas je ne lis pas le livre).
Oui mais ... chaque règle a ses exceptions et j'attendais depuis quelques semaines le film de Tavernier, Dans la Brume électrique, parce que je savais que c'était une adaptation de James Lee Burke , un auteur dont je me repais volontiers. Adaptation d'un roman... danger... oui mais il s'agit de l'adaptation d'un roman que je n'ai pas lu !
Et alors ?
Et bien le résultat n'est pas désagréable bien que pas totalement convainquant.
Ce que j'ai préféré : l'atmosphère, le rendu de l'atmosphère, la moiteur de ce delta du Mississipi. C'est tout à fait cela : les bayous, les marais d'où émergent les troncs d'arbres calcinés par le sel, la touffeur de la végétation tropicale, racines et lianes confondues, la vase grouillante de poissons mais aussi d'alligators ou de mocassins d'eau...
Et puis encore, les bicoques déglinguées, les fenêtres à moustiquaires et les porches à balancelle. Les bars louches, les bistrots minables, les vieux jukebox et bien entendu les chanteurs de blues fatigués. Le tout sur fond de racisme et de guerre de Sécessions pas encore oubliée.
Oui, Tavernier a bien rendu tout cela, comme il a bien rendu les personnages de James Lee Burke : David Robicheau, détective usé par la vie, l'alcool et les affaires pas très nettes, sa femme, aussi attentionnée qu' indulgente, Alafair, la petite fille recueillie dans un accident d'avion et Baptiste, le vieux noir ronchon et donneur de leçons.
Bien sûr, j'étais contente de retrouver tout cela.
L'intrigue en revanche m'a paru un peu floue et les commentaires, réflexions en voix off ou même incarnées par les fantômes de l'armée sudiste me paraissent mieux relever de la littérature que du cinéma.
Eternel dilemme ...
Je l'ai tranché depuis longtemps en décidant une fois pour toute de séparer totalement les deux : ou le livre (et dans ce cas je ne vais pas voir le film) ou le film (et dans ce cas je ne lis pas le livre).
Oui mais ... chaque règle a ses exceptions et j'attendais depuis quelques semaines le film de Tavernier, Dans la Brume électrique, parce que je savais que c'était une adaptation de James Lee Burke , un auteur dont je me repais volontiers. Adaptation d'un roman... danger... oui mais il s'agit de l'adaptation d'un roman que je n'ai pas lu !
Et alors ?
Et bien le résultat n'est pas désagréable bien que pas totalement convainquant.
Ce que j'ai préféré : l'atmosphère, le rendu de l'atmosphère, la moiteur de ce delta du Mississipi. C'est tout à fait cela : les bayous, les marais d'où émergent les troncs d'arbres calcinés par le sel, la touffeur de la végétation tropicale, racines et lianes confondues, la vase grouillante de poissons mais aussi d'alligators ou de mocassins d'eau...
Et puis encore, les bicoques déglinguées, les fenêtres à moustiquaires et les porches à balancelle. Les bars louches, les bistrots minables, les vieux jukebox et bien entendu les chanteurs de blues fatigués. Le tout sur fond de racisme et de guerre de Sécessions pas encore oubliée.
Oui, Tavernier a bien rendu tout cela, comme il a bien rendu les personnages de James Lee Burke : David Robicheau, détective usé par la vie, l'alcool et les affaires pas très nettes, sa femme, aussi attentionnée qu' indulgente, Alafair, la petite fille recueillie dans un accident d'avion et Baptiste, le vieux noir ronchon et donneur de leçons.
Bien sûr, j'étais contente de retrouver tout cela.
L'intrigue en revanche m'a paru un peu floue et les commentaires, réflexions en voix off ou même incarnées par les fantômes de l'armée sudiste me paraissent mieux relever de la littérature que du cinéma.
Eternel dilemme ...
15 avril 2009
Kafka sur le rivage
Comment rendre compte d'un roman aussi ... et aussi... mais... et puis...
Oui vraiment, ce n'est pas facile !
Kafka sur le rivage de Haruki Murakami est un roman étrange, envoûtant, poétique, surréaliste, bizarre mais aussi trivial, fantastique, réaliste, romantique, éclectique, sanglant à l'occasion et pour tout dire magique.
On y trouve un adolescent en fugue, un vieillard illettré, un chauffeur de camion plein de bonne volonté, une coiffeuse particulièrement accueillante, un bibliothécaire entre deux genres, entre deux sexes plus précisément, une femme aussi mystérieuse qu'attirante, quelques chats et même un passionné de surf !
Il y est question de Schubert et de Beethoven, de Natsume Sôseki, de Platon, de Truffaut ...
Le roman commence à Tokyo, se poursuit à Takamatsu sur l'île de Shikoku. Mais je n'ai hélas ni sur Google Maps, ni dans Lonely Planet, trouvé la bibliothèque commémorative Komura. Pourtant j'aurais bien aimé visiter un jour cette bibliothèque spécialisée en poésie japonaise classique qui se trouve dans un aussi beau bâtiment. La salle de lecture est "haute de plafond, vaste et chaleureuse. parfois un souffle d'air pénètre par la fenêtre ouverte, agitant silencieusement les rideaux blancs. Le vent sent la marée. Il n'y a rien à redire au confort du canapé. Un vieux piano droit occupe un coin de la pièce."
D'ailleurs, celui qui se fait appeler Kafka Tamura, s'y sent parfaitement bien : "Confortablement installé sur le canapé, j'observe les alentours et me rends compte que ce salon est exactement l'endroit que je cherchais depuis longtemps. Un endroit secret, tapi dans un creux du monde, exactement comme celui-là. Mais jusqu'ici ce lieu n'existait que dans le secret de mon imagination. je n'arrive pas encore à croire tout à fait qu'il existe réellement. Je ferme les yeux, inspire profondément, et il s'installe en moi, comme un doux nuage. C'est une sensation agréable. je caresse lentement de la paume le revêtement crème du canapé. Je me lève, me dirige vers le piano, soulève le couvercle, pose mes doigts sur les touches un peu jaunies. Puis je le referme, fais le tour de la pièce en foulant le tapis ancien aux motifs de grappes de raisin. J'allume le lampadaire, l'éteins. J'examine les peintures qui ornent les murs. Puis je me rassieds dans le canapé et me plonge dans la lecture."
Sérénité ! Cette bibliothèque, le coeur du livre, est un havre de calme alors que partout ailleurs le monde s'agite. Violemment !
Décidément le roman de Haruki Murakami ne se raconte pas. Bien qu'il soit construit sur une trame "policière", ce roman est un voyage au sens propre comme au sens figuré : on le lit pour être dépaysé, pour découvrir d'autres paysages, d'autres personnages, étranges étrangers qui pourtant nous ressemblent. On le lit pour se perdre dans un autre univers que le nôtre.
On reconnaît un vrai romancier à sa capacité à nous faire entrer dans un univers totalement fictif et très particulier, qui pourtant très vite nous devient familier. Ils ne sont pas très nombreux mais Haruki Murakami est définitivement l'un d'eux.
Evidemment, si vous n'aimez pas les chats ....
Oui vraiment, ce n'est pas facile !
Kafka sur le rivage de Haruki Murakami est un roman étrange, envoûtant, poétique, surréaliste, bizarre mais aussi trivial, fantastique, réaliste, romantique, éclectique, sanglant à l'occasion et pour tout dire magique.
On y trouve un adolescent en fugue, un vieillard illettré, un chauffeur de camion plein de bonne volonté, une coiffeuse particulièrement accueillante, un bibliothécaire entre deux genres, entre deux sexes plus précisément, une femme aussi mystérieuse qu'attirante, quelques chats et même un passionné de surf !
Il y est question de Schubert et de Beethoven, de Natsume Sôseki, de Platon, de Truffaut ...
Le roman commence à Tokyo, se poursuit à Takamatsu sur l'île de Shikoku. Mais je n'ai hélas ni sur Google Maps, ni dans Lonely Planet, trouvé la bibliothèque commémorative Komura. Pourtant j'aurais bien aimé visiter un jour cette bibliothèque spécialisée en poésie japonaise classique qui se trouve dans un aussi beau bâtiment. La salle de lecture est "haute de plafond, vaste et chaleureuse. parfois un souffle d'air pénètre par la fenêtre ouverte, agitant silencieusement les rideaux blancs. Le vent sent la marée. Il n'y a rien à redire au confort du canapé. Un vieux piano droit occupe un coin de la pièce."
D'ailleurs, celui qui se fait appeler Kafka Tamura, s'y sent parfaitement bien : "Confortablement installé sur le canapé, j'observe les alentours et me rends compte que ce salon est exactement l'endroit que je cherchais depuis longtemps. Un endroit secret, tapi dans un creux du monde, exactement comme celui-là. Mais jusqu'ici ce lieu n'existait que dans le secret de mon imagination. je n'arrive pas encore à croire tout à fait qu'il existe réellement. Je ferme les yeux, inspire profondément, et il s'installe en moi, comme un doux nuage. C'est une sensation agréable. je caresse lentement de la paume le revêtement crème du canapé. Je me lève, me dirige vers le piano, soulève le couvercle, pose mes doigts sur les touches un peu jaunies. Puis je le referme, fais le tour de la pièce en foulant le tapis ancien aux motifs de grappes de raisin. J'allume le lampadaire, l'éteins. J'examine les peintures qui ornent les murs. Puis je me rassieds dans le canapé et me plonge dans la lecture."
Sérénité ! Cette bibliothèque, le coeur du livre, est un havre de calme alors que partout ailleurs le monde s'agite. Violemment !
Décidément le roman de Haruki Murakami ne se raconte pas. Bien qu'il soit construit sur une trame "policière", ce roman est un voyage au sens propre comme au sens figuré : on le lit pour être dépaysé, pour découvrir d'autres paysages, d'autres personnages, étranges étrangers qui pourtant nous ressemblent. On le lit pour se perdre dans un autre univers que le nôtre.
On reconnaît un vrai romancier à sa capacité à nous faire entrer dans un univers totalement fictif et très particulier, qui pourtant très vite nous devient familier. Ils ne sont pas très nombreux mais Haruki Murakami est définitivement l'un d'eux.
Evidemment, si vous n'aimez pas les chats ....
12 avril 2009
Villa Amalia
Pour changer du cinéma asiatique, j'ai été voir Villa Amalia, de Benoit Jacquot. Un film très représentatif de ce qu'est le plus souvent le cinéma français, c'est à dire un film centré sur la psychologie d'un personnage.
Je reproche au cinéma français d'être trop nombriliste et de ne s'intéresser qu'à des individus, parfois il est vrai à un groupe d'individus, une famille ce qui pourrait sans doute être intéressant à condition que cet individu, ce groupe soit représentatif de "l'humaine condition". Mais c'est rarement le cas.
Villa Amalia pourtant m'a intéressé parce que le film oublie pour une fois d'être bavard, Benoit Jacquot se contentant de filmer "a minima" les gestes d'Isabelle Huppert, laissant ainsi au spectateur la possibilité de projeter sur son visage les émotions qu'il entend lui prêter. Le réalisateur s'efforce de filmer le vide pour mieux signifier la béance de la rupture. Il me semble reconnaître là une démarche très littéraire et je suis curieuse maintenant de lire le roman de Pascal Quignard qui a inspiré le film, puisqu'il me semble reconnaître dans la démarche du cinéaste, la touche du romancier.
Il est vrai que le film avait d'autres atouts pour me plaire : l'horizon infini de la mer et la musique de Purcell en parfait accord avec le lieu et les circonstances.
Je reproche au cinéma français d'être trop nombriliste et de ne s'intéresser qu'à des individus, parfois il est vrai à un groupe d'individus, une famille ce qui pourrait sans doute être intéressant à condition que cet individu, ce groupe soit représentatif de "l'humaine condition". Mais c'est rarement le cas.
Villa Amalia pourtant m'a intéressé parce que le film oublie pour une fois d'être bavard, Benoit Jacquot se contentant de filmer "a minima" les gestes d'Isabelle Huppert, laissant ainsi au spectateur la possibilité de projeter sur son visage les émotions qu'il entend lui prêter. Le réalisateur s'efforce de filmer le vide pour mieux signifier la béance de la rupture. Il me semble reconnaître là une démarche très littéraire et je suis curieuse maintenant de lire le roman de Pascal Quignard qui a inspiré le film, puisqu'il me semble reconnaître dans la démarche du cinéaste, la touche du romancier.
Il est vrai que le film avait d'autres atouts pour me plaire : l'horizon infini de la mer et la musique de Purcell en parfait accord avec le lieu et les circonstances.
O Solitude ! My sweetest choice,
Places devoted to the night,
Remote from tumults and from noise
How Ye may restless thoughts delight.
Places devoted to the night,
Remote from tumults and from noise
How Ye may restless thoughts delight.
10 avril 2009
Jean-Baptiste Tavernier
Le voici dans son habit persan. Un peu patouf non ? Engoncé dans ses vêtements c'est certain, mais passablement rondouillard aussi, et l'oeil un peu éteint.
Peut-être était-il tout simplement las de poser...
Car malgré l'aspect un peu chafouin du personnage,
Jean-Baptiste Tavernier est en réalité un sacré bonhomme.
Un père natif d'Anvers, géographe et surtout marchand de cartes géographiques, qui s'installe, en 1575, à Paris sans doute pour fuir des querelles religieuses, se marie avec une demoiselle Tonnelier dont il a quatre garçons.
Difficile d'imaginer Jean-Baptiste, le second des quatre frères, autrement qu'à travers les deux vers qui ouvrent le grand poème de Baudelaire, Le Voyage :
"Pour l'enfant amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit."
L'univers est égal à son vaste appétit."
"Je puis dire", écrit Tavernier "que je suis venu au monde avec le désir de voyager. Les entretiens que plusieurs sçavans avoient avec mon père sur les matières de géographie qu'il avait la réputation de bien entendre et que tout jeune que j'estois j'écoutois avec plaisir, m'inspirèrent de bonne heure le désir d'aller voir une partie des païs qui m'estoient representez dans les cartes où je ne pouvais alors me lasser de jetter les yeux..."
Et voilà : c'est aussi simple que cela ! Parti à 16 ans sur les routes du monde, Jean-Baptiste Tavernier ne s'arrête plus. "A l'âge de vingt-deux ans, j'avois vu les plus belles régions de l'Europe, la France, l'Angleterre, les Païs-Bas, l'Allemagne, la Suisse, la Pologne, la Hongrie et l'Italie, et je parlais raisonnablement les langues qui y ont le plus cours."
Suivent six voyages en Orient, entre 1632 et 1668.
Tavernier, marchand prospère et estimé, revient en France, s' achète un château au bord du lac Léman et le titre qui va avec, devient Baron d'Aubonne et rédige ses mémoires.
Mais à 83 ans, le voici repris par le virus du voyage : il s'engage à nouveau sur les routes de l'Orient, en faisant un détour par la Moscovie qu'il n'atteindra jamais puisqu'il meurt à Smolensk en février 1689.
Ce qui est certain c'est que ce petit bonhomme rondouillard avait un caractère bien trempé, et qu'il voyageait les yeux grand ouverts. Certaines pages de son récit sont parfois fastidieuses, ainsi le chapitre où " l'auteur part d'Ispahan pour Ormus et décrit la route jusqu'à Shiras", mais les renseignements qu'il fournit sur l'état des routes et des caravansérails sont certainement aussi utiles aux marchands et caravaniers qui ont suivi ses traces que les informations de Lonely Planet dont le voyageur d'aujourd'hui fait son miel.
Aussi séduite que je sois par le personnage et par son récit, je m'étonne parfois de certaines comparaisons qu'il croit nécessaires de faire et qui, bizarrement, sont toujours favorables à son pays d'origine, ce qui laisse supposer que ce monsieur, souffrait d'ethnocentrisme.
"Les plus riches habitants de Schiras ont été autrefois curieux d'avoir de beaux jardins et ont fait pour cela de la dépense, mais il n'y en a point, ni à Shiras, ni à Ispahan, qui approche du moindre de ces beaux jardins qui accompagnent les délicieuses maisons de campagnes qui sont autour de Paris. " C'est oublier un peu vite que les climats, les sols ne sont pas les mêmes et qu'un jardin au milieu du désert est en soi un petit miracle qui apporte aux Persans avec le parfum des roses, ombre et fraîcheur !
Dommage, Monsieur Tavernier. Mais votre dernier paragraphe gâche à mes yeux votre livre.
" Voilà toutes les remarques les plus considérables que j'ai pu faire tant de la Perse que de la Turquie, lesquelles j'ai traversées jusques à six fois, et par des routes différentes pendant l'espace de quarante ans. J'ai été curieux de bien connaître les choses, je les ai regardées d'assez près, et je suis obligé d'avertir le lecteur qu'il ne doit pas aller en Asie pour y chercher les beaux-arts, et qu'il n'y trouvera point, ni pour la peinture ni pour la scultpure, ni pour l'orfèvrerie, ni pour le tour, ce qu'il voit dans notre Europe. Pour ce qui est des tapis, de la broderie, des brocarts d'or, d'argent et de soie qui se font en Perse, et que nous admirions autrefois en France, tout cela cède aujourd'hui à nos nouvelles manufactures, les Persans admirant à leur tour les riches étoffes qui se font dans nos provinces; et quand nous les leur portons elles sont incontinent achetées pour le Roi et pour les grands du pays. Ils n'entendent rien aussi à l'architecture, et on ne verra point enfin dans l'Asie aucune des beautés ni des richesses du Louvre et autres maisons royales de France, qui surpassent infiniment, par l'excellence de l'ouvrage, tout ce qu'il y a de plus magnifiques chez tous les monarques de l'Orient. C'est ce qui fait que je ne puis sans étonnement ouïr certaines gens donner à la Perse et à d'autres régions de l'Asie des beautés que ni l'art ni la nature ne leur donnent pas. Car si tout ce qu'ils disent était véritable, ces beautés n'auraient pas échappé à ma vue, et je puis assurer mon lecteur que je lui ai dépeint naïvement les choses comme elles sont."
Dommage, vraiment dommage !
09 avril 2009
Retour en Perse
Me voici par la grâce d'un livre, de retour en Perse...
Un vieux livre retrouvé sur les étagères de ma bibliothèque, couverture un peu fatiguée, mais les pages n'étaient même pas coupées. Il s'agit d'une vieille édition - 1930, mais en existe-t-il de plus récente? - du récit que fit Jean-Baptiste Tavernier de son sixième voyage en Perse !
J'aime beaucoup les récits de voyage, surtout quand ils sont un peu anciens, car au décalage spatial s'ajoute un décalage temporel, source supplémentaire d'étonnements. En effet, le plus souvent, pour peu que l'on ait soi-même voyagé dans le pays, on est surpris de voir que les impressions sont parfois si semblables aux nôtres, qu''à un, deux, voire trois siècles d'écart, les voyageurs, qu'ils se déplacent à dos de chameaux ou dans une voiture climatisée, traversent les mêmes paysages et partagent les mêmes émerveillements. Les villes certes ont bien changé mais certains des monuments décrits sont toujours là. Il est vrai que lorsqu'il s'agit de décrire les régimes politiques ou les coutumes la dimensions historique est plus évidente, bien que la brutalité des moeurs des dirigeants soit parfois non pas semblable mais équivalente : on coupe un peu moins les têtes mais on emprisonne autant et l'usage du fouet n'est pas encore tout à fait tombé en désuétude.
Le récit de Jean-Baptiste Tavernier, marchand français comme il se nomme lui-même, qui voyagea à six reprises en Perse entre 1630 et 1668 et qui par ses fonctions eut l'opportunité de fréquenter la cour des monarques perses, fourmille d'anecdotes, de commentaires. On apprend ainsi que, bien que musulman, Cha-Abas, ne dédaignait ni l'alcool ni la débauche ! Il aimait le vin, en prenait parfois avec excès, et commet, et, poursuit Tavernier "sous l'emprise de l'alcool bien des cruautés" :
"Un jour que Cha-Abas avait bu outre mesure dans son haram, il commanda à trois dames de boire aussi. Elles s'en excusèrent, sur ce, disaient-elles, qu'elles voulaient bientôt aller en pélerinage à la Mecque, mais, le roi leur ayant encore commandé de boire par deux ou trois fois sans qu'elles voulussent lui obéir, il ordonna qu'on les liât toutes les trois, qu'on alluma un grand feu et qu'on les jetât dedans, où elles furent brûlée."
Le Shah Abbas dont il est ici question est le deuxième du nom, qui n'a pas la réputation du premier, surnommé le Grand, mais quel que soit le nom du monarque, les moeurs politiques sont féroces et le pouvoir brutal, en Perse, en Iran ou ailleurs.
Heureusement, il y a aussi dans le récit de Tavernier d'autres anecdotes, moins cruelles, des histoires de marchand qui négocie au mieux les biens qu'il a convoyés jusqu'en Perse et ne s'en laisse pas compter sur la valeur des choses, des rencontres avec des personnages insolites, mais ce qui fait tout le charme du récit à mes yeux ce sont les petits détails comme ce repas servi "selon la coutume, sur un grand "sofra" de brocart d'or qui sert de nappe"; on apporte ensuite "un pain excellent, qui est environ de deux pieds de long et d'un pied de large, et on n'en peut guère manger de meilleur au reste du monde." Pour qui a goûté au pain iranien, l'eau lui vient immédiatement à la bouche. Plus modestes nos repas, mais pas moins savoureux.
Un vieux livre retrouvé sur les étagères de ma bibliothèque, couverture un peu fatiguée, mais les pages n'étaient même pas coupées. Il s'agit d'une vieille édition - 1930, mais en existe-t-il de plus récente? - du récit que fit Jean-Baptiste Tavernier de son sixième voyage en Perse !
J'aime beaucoup les récits de voyage, surtout quand ils sont un peu anciens, car au décalage spatial s'ajoute un décalage temporel, source supplémentaire d'étonnements. En effet, le plus souvent, pour peu que l'on ait soi-même voyagé dans le pays, on est surpris de voir que les impressions sont parfois si semblables aux nôtres, qu''à un, deux, voire trois siècles d'écart, les voyageurs, qu'ils se déplacent à dos de chameaux ou dans une voiture climatisée, traversent les mêmes paysages et partagent les mêmes émerveillements. Les villes certes ont bien changé mais certains des monuments décrits sont toujours là. Il est vrai que lorsqu'il s'agit de décrire les régimes politiques ou les coutumes la dimensions historique est plus évidente, bien que la brutalité des moeurs des dirigeants soit parfois non pas semblable mais équivalente : on coupe un peu moins les têtes mais on emprisonne autant et l'usage du fouet n'est pas encore tout à fait tombé en désuétude.
Le récit de Jean-Baptiste Tavernier, marchand français comme il se nomme lui-même, qui voyagea à six reprises en Perse entre 1630 et 1668 et qui par ses fonctions eut l'opportunité de fréquenter la cour des monarques perses, fourmille d'anecdotes, de commentaires. On apprend ainsi que, bien que musulman, Cha-Abas, ne dédaignait ni l'alcool ni la débauche ! Il aimait le vin, en prenait parfois avec excès, et commet, et, poursuit Tavernier "sous l'emprise de l'alcool bien des cruautés" :
"Un jour que Cha-Abas avait bu outre mesure dans son haram, il commanda à trois dames de boire aussi. Elles s'en excusèrent, sur ce, disaient-elles, qu'elles voulaient bientôt aller en pélerinage à la Mecque, mais, le roi leur ayant encore commandé de boire par deux ou trois fois sans qu'elles voulussent lui obéir, il ordonna qu'on les liât toutes les trois, qu'on alluma un grand feu et qu'on les jetât dedans, où elles furent brûlée."
Le Shah Abbas dont il est ici question est le deuxième du nom, qui n'a pas la réputation du premier, surnommé le Grand, mais quel que soit le nom du monarque, les moeurs politiques sont féroces et le pouvoir brutal, en Perse, en Iran ou ailleurs.
Heureusement, il y a aussi dans le récit de Tavernier d'autres anecdotes, moins cruelles, des histoires de marchand qui négocie au mieux les biens qu'il a convoyés jusqu'en Perse et ne s'en laisse pas compter sur la valeur des choses, des rencontres avec des personnages insolites, mais ce qui fait tout le charme du récit à mes yeux ce sont les petits détails comme ce repas servi "selon la coutume, sur un grand "sofra" de brocart d'or qui sert de nappe"; on apporte ensuite "un pain excellent, qui est environ de deux pieds de long et d'un pied de large, et on n'en peut guère manger de meilleur au reste du monde." Pour qui a goûté au pain iranien, l'eau lui vient immédiatement à la bouche. Plus modestes nos repas, mais pas moins savoureux.
08 avril 2009
Les Trois royaumes
Encore un film asiatique, un de plus. Ce doit être de saison ! Sans compter bien sûr que mon intérêt pour le cinéma asiatique ne se dément jamais !
Après un film japonais à dominante psychologique et sociale : Tokyo Sonata après un film coréen très noir et très sanglant : The Chaser voici une grande fresque épique chinoise : Les Trois royaumes de John Woo.
Nous sommes en général peu familiers de l'histoire de la Chine et les armures ne facilitent pas l'identification des personnages. Mais si le récit est parfois difficile à suivre et les enjeux difficiles à comprendre, c'est tout simplement parce que la version des Trois Royaumes présentée sur nos écrans est tronquée de moitié par rapport à la version chinoise qui dure, elle, plus de 5 heures !
Il est difficile dans ces conditions d'apprécier véritablement le projet de John Woo, mais ce n'est pas une raison pour bouder son plaisir. Clichés et caricatures font partie du genre et l'on s'en accommode aisément du moment qu'on se laisse prendre au stratégies subtiles - mais rapidement éventées au profit du spectateur - du stratège Zhuge Liang, personnage d'autant plus intriguant que son rôle est tenu par un acteur japonais, Takeshi Kaneshiro (!).
Et puis on se laisse prendre surtout au plaisir des effets de masse - Chine oblige - des effets pyrotechniques - dont les Chinois sont évidemment les inventeurs - des cascades guerrières - dont le cinéma asiatique a le secret - et des effets numériques sans lequel un film de guerre chinois ne serait pas un film !
Certains trouveront ces effets, faciles. Peut-être mais du moment que cela m'amuse, je ne vois pas pourquoi je nierai mon plaisir.
Un film sans prise de tête, sans second degré, sans message caché... oui, on dirait presque du Mélies !
Après un film japonais à dominante psychologique et sociale : Tokyo Sonata après un film coréen très noir et très sanglant : The Chaser voici une grande fresque épique chinoise : Les Trois royaumes de John Woo.
Nous sommes en général peu familiers de l'histoire de la Chine et les armures ne facilitent pas l'identification des personnages. Mais si le récit est parfois difficile à suivre et les enjeux difficiles à comprendre, c'est tout simplement parce que la version des Trois Royaumes présentée sur nos écrans est tronquée de moitié par rapport à la version chinoise qui dure, elle, plus de 5 heures !
Il est difficile dans ces conditions d'apprécier véritablement le projet de John Woo, mais ce n'est pas une raison pour bouder son plaisir. Clichés et caricatures font partie du genre et l'on s'en accommode aisément du moment qu'on se laisse prendre au stratégies subtiles - mais rapidement éventées au profit du spectateur - du stratège Zhuge Liang, personnage d'autant plus intriguant que son rôle est tenu par un acteur japonais, Takeshi Kaneshiro (!).
Et puis on se laisse prendre surtout au plaisir des effets de masse - Chine oblige - des effets pyrotechniques - dont les Chinois sont évidemment les inventeurs - des cascades guerrières - dont le cinéma asiatique a le secret - et des effets numériques sans lequel un film de guerre chinois ne serait pas un film !
Certains trouveront ces effets, faciles. Peut-être mais du moment que cela m'amuse, je ne vois pas pourquoi je nierai mon plaisir.
Un film sans prise de tête, sans second degré, sans message caché... oui, on dirait presque du Mélies !
03 avril 2009
The Chaser
Les films coréens, en tout cas ceux que j'ai vus, sont souvent violents et The Chaser de Na Hong-Jin ne déroge pas à la règle. La violence peut rebuter plus d'un spectateur, mais ce serait se priver d'un excellent film, le sang et la force brutale n'étant qu'un des éléments quasi secondaire du scnéario.
The Chaser c'est d'abord comme son titre l'indique une course poursuite permanente entre un tueur en série, un psychopathe particulièrement retors et un ancien flic tourné proxénète, ce qui constitue la première originalité du film puisque l'affrontement ne se fait pas entre le mal et le bien mais entre gens du même monde - ou presque car il y a dans le crime des degrés et des nuances !
Entre le proxénète et le psychopathe ? la police ! Incompétente, corrompue et stupide, surtout stupide ! Bien qu'outrée - comme il se doit - la caricature de Na Hong-Jin est crédible et joue un rôle majeur dans la construction du film. Car le cinéaste est particulièrement habile à faire monter la tension ... et à la relâcher soudain avec une scène burlesque, qui renverse l'attente du spectateur. Ainsi le face à face, brutal, entre les deux personnages principaux tourne soudain au pugilat général à l'intérieur du commissariat...
Souvent considéré comme "de mauvais goût", le mélange des genres est ici particulièrement réussi et permet d'élargir la palette des émotions éprouvées par le spectateur qui passe de l'horreur à l'attendrissement, qui retient son souffle, frémit, s'exaspère, s'esclaffe et ... sort du cinéma, enthousiasmé par la dextérité du cinéaste.
The Chaser c'est d'abord comme son titre l'indique une course poursuite permanente entre un tueur en série, un psychopathe particulièrement retors et un ancien flic tourné proxénète, ce qui constitue la première originalité du film puisque l'affrontement ne se fait pas entre le mal et le bien mais entre gens du même monde - ou presque car il y a dans le crime des degrés et des nuances !
Entre le proxénète et le psychopathe ? la police ! Incompétente, corrompue et stupide, surtout stupide ! Bien qu'outrée - comme il se doit - la caricature de Na Hong-Jin est crédible et joue un rôle majeur dans la construction du film. Car le cinéaste est particulièrement habile à faire monter la tension ... et à la relâcher soudain avec une scène burlesque, qui renverse l'attente du spectateur. Ainsi le face à face, brutal, entre les deux personnages principaux tourne soudain au pugilat général à l'intérieur du commissariat...
Souvent considéré comme "de mauvais goût", le mélange des genres est ici particulièrement réussi et permet d'élargir la palette des émotions éprouvées par le spectateur qui passe de l'horreur à l'attendrissement, qui retient son souffle, frémit, s'exaspère, s'esclaffe et ... sort du cinéma, enthousiasmé par la dextérité du cinéaste.
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