Il se trouve un peu en dehors de Marseille. Sortie Est. Et si vous le cherchez sur Google map, vous verrez un bâtiment sans toit, visiblement en construction. C'est que ce château a une longue histoire derrière lui.
Le domaine est constitué depuis le XVe siècle au moins mais le château proprement dit n'a été construit qu'au XIXe siècle (1869) ce qui explique son style un peu hétéroclite. Le château passe ensuite de mains en mains; Pagnol l'achète en 1941 pour en faire une cité du cinéma. Réquisitionné, occupé, squatté, le château n'est plus que ruines lorsqu'une association de sauvegarde se met en place en 1991.
Aujourd'hui propriété de la ville de Marseille, le château est depuis 96 inscrit à l'inventaire des monuments historiques.
Restauré, réhabilité, rénové, transformé le château est devenu depuis Juin 2011, Maison des cinématographies de la Méditerrannée et propose, entre autres, un intéressant parcours interactif intitulé Une journée en méditerranée, composé à partir d'extraits de films. Un régal de cinéphile !
Quand nous sommes passés au château de Buzine, il y avait dans les salles du premier étage, une exposition de photos intitulée "Regards croisés sur la Méditerranée". J'ai retenu cette photo, du collectif Tendance floue. Comme une envie de traversée ... une invitation au voyage.
24 mai 2012
23 mai 2012
Le MAC Marseille
Un tour dans les Calanques, c'est aussi l'occasion d'un tour dans les musées de Marseille.
A côté de sa collection permanente, le MAC (Musée d'art contemporain) accueille ou plutôt accueillait puisque l'exposition vient de se terminer, les oeuvres d'artistes originaires des pourtours de la Méditerranée.
Parmi les artistes représentatifs de cette "approche méditerranéenne" il y a le photographe suisse Jacques Berthet qui, entre 2006 et 2010, a voyagé d'un bout à l'autre de la Méditerranée pour photographier des oliviers, l'arbre emblématique par excellence, l'arbre d'Athéna et celui d'Ulysse. Les oliviers photographiés en noir et blanc par Jacques Berthet sont énormes, tortueux et visiblement très, très vieux. Il en parle très joliment dans un texte qui accompagne ses photos sur son site.
Bizarrement c'est un autre artiste suisse qui a retenu mon attention. Peter Wüthrich est lui aussi photographe. Depuis 2011 il a entrepris de transformer les passants en anges éphémères, en leur demandant de porter sur leur dos, le temps d'une photo, un livre ouvert, comme deux ailes de papier.
Anges de Madrid, de Milan, de Tokyo, de Venise ou de Paris... C'est poétique, c'est cosmopolite et pour qui aime les livres, c'est ... attendrissant.
Ange est le prénom de mon troisième artiste, non plus suisse mais corse : Ange Leccia est photographe et vidéaste. A Marseille, c'est une vidéo qu'il a présentée, une vidéo de vagues filmées perpendiculairement, peut-être depuis une falaise. L'image ainsi obtenue est quasi abstraite, mais sur l'écran gigantesque au fond de la salle obscure, l'effet est confondant. Et le fondu des couleurs plus que séduisant.
Voilà pour l'exposition temporaire. La collection permanente ne manque pas d'intérêt non plus, mais les artistes présentés sont pour la plupart déjà bien connus. L'installation de Jean-Luc Parant intitulée Les Machines à voir m'a néanmoins beaucoup amusée. Pourquoi l'art devrait-il être ennuyeux ?
A côté de sa collection permanente, le MAC (Musée d'art contemporain) accueille ou plutôt accueillait puisque l'exposition vient de se terminer, les oeuvres d'artistes originaires des pourtours de la Méditerranée.
Parmi les artistes représentatifs de cette "approche méditerranéenne" il y a le photographe suisse Jacques Berthet qui, entre 2006 et 2010, a voyagé d'un bout à l'autre de la Méditerranée pour photographier des oliviers, l'arbre emblématique par excellence, l'arbre d'Athéna et celui d'Ulysse. Les oliviers photographiés en noir et blanc par Jacques Berthet sont énormes, tortueux et visiblement très, très vieux. Il en parle très joliment dans un texte qui accompagne ses photos sur son site.
Bizarrement c'est un autre artiste suisse qui a retenu mon attention. Peter Wüthrich est lui aussi photographe. Depuis 2011 il a entrepris de transformer les passants en anges éphémères, en leur demandant de porter sur leur dos, le temps d'une photo, un livre ouvert, comme deux ailes de papier.
Anges de Madrid, de Milan, de Tokyo, de Venise ou de Paris... C'est poétique, c'est cosmopolite et pour qui aime les livres, c'est ... attendrissant.
Ange est le prénom de mon troisième artiste, non plus suisse mais corse : Ange Leccia est photographe et vidéaste. A Marseille, c'est une vidéo qu'il a présentée, une vidéo de vagues filmées perpendiculairement, peut-être depuis une falaise. L'image ainsi obtenue est quasi abstraite, mais sur l'écran gigantesque au fond de la salle obscure, l'effet est confondant. Et le fondu des couleurs plus que séduisant.
Voilà pour l'exposition temporaire. La collection permanente ne manque pas d'intérêt non plus, mais les artistes présentés sont pour la plupart déjà bien connus. L'installation de Jean-Luc Parant intitulée Les Machines à voir m'a néanmoins beaucoup amusée. Pourquoi l'art devrait-il être ennuyeux ?
22 mai 2012
Margin call
La finance c'est très compliqué ! Mais heureusement, il n'est pas besoin de sortir de polytechnique pour comprendre et apprécier le film de J.C. Chandor. En effet, on découvre rapidement que dans le monde de la finance, tel qu'il nous est présenté, il n'y a que deux catégories de personnes : ceux qui ont des scrupules .... et ceux qui n'en ont pas. Mais tous sont des "salauds" ! Qu'ils soient naïfs encore au début de leur carrière, ou blasés voire franchement cyniques comme ceux qui ont déjà tout vu et sont revenus de tout. Avidité, rapacité, hypocrisie, brutalité des moeurs managériales... même en faisant la part de la caricature, le film reste édifiant et ne laisse pas beaucoup d'illusions sur les possibilités de changement de ces individus, en charge pourtant des finances du monde.
Margin call est en fin de compte un film effrayant, le plus effrayant étant sans doute de constater que les hommes qui détiennent le plus de pouvoir, ceux dont les décisions mettent en jeu des sommes colossales, ne comprennent rien aux montages financiers complexes dont dépend pourtant le sort du monde. Et ne font aucun effort pour comprendre !
Après avoir vu le film, vous regarderez sans doute votre banquier ... différemment.
Margin call est en fin de compte un film effrayant, le plus effrayant étant sans doute de constater que les hommes qui détiennent le plus de pouvoir, ceux dont les décisions mettent en jeu des sommes colossales, ne comprennent rien aux montages financiers complexes dont dépend pourtant le sort du monde. Et ne font aucun effort pour comprendre !
Après avoir vu le film, vous regarderez sans doute votre banquier ... différemment.
21 mai 2012
16 mai 2012
11 Fleurs
Wang Xiaoshuai est l'auteur de plusieurs films, dont certains ont réussi à passer la barrière de la censure chinoise comme Beijing bicycle (2001) ou Shanghai dreams (2005) qui lui ont permis de se faire connaître en Europe.
Les films de Wang Xiaoshuai semblent se centrer sur la famille, en particulier sur ce moment si fragile entre enfance et adolescence, un sujet qui pourrait être universel si le réalisateur ne le situait à un moment particulier de l'histoire chinoise, celui de la fin du maoïsme. Comment grandir dans un monde qui vacille, où les adultes ne parlent que par allusions et sous-entendus de ce qui se passe au village ou à l'usine : un monde de silences, de vérités cachées, d'interdits. Le dernier film de Wang Xiaoshai, 11 Fleurs s'inscrit dans cette lignée.
Le village de montagne où la révolution culturelle a confiné ses parents, est pour Wang Han et ses trois copains un extraordinaire terrain de jeu. Il y a la forêt, la rivière, l'école aussi bien sûr. On pense vaguement au premier film de Truffaut, les Mistons. Mais une jeune fille a été violée, un meurtre a été commis et l'assassin se cache quelque part dans la forêt.
Le village où vit la famille de Wang Han est moche; tout est gris, humide, glauque. L'horizon y est bouché, au sens propre comme au figuré. Par mille petits détails, mais sans tomber dans le misérabilisme, le réalisateur suggère les difficultés matérielles dans lesquelles se débattent les habitants. La véracité du film tient sans doute en grande partie à son caractère autobiographique. Non, il ne faisait pas bon vivre dans la Chine communiste, pas plus qu'en RDA. Il est d'ailleurs intéressant de rapprocher 11 Fleur et Barbara, le film de Christian Petzold dont j'ai parlé hier. Parce que les deux réalisateurs ne se contentent pas de faire un documentaire : la fiction qu'ils créent à partir d'une situation donnée accroît en réalité la crédibilité de leur témoignage et permet au spectateur de ressentir, à travers des personnages, ce qu'oppression veut dire.
Petit détail amusant, dans les deux films ce sont les séquences à vélo qui constituent autant de petites bouffées de liberté. Un temp suspendu. Un éloge de la bicyclette ?
Les films de Wang Xiaoshuai semblent se centrer sur la famille, en particulier sur ce moment si fragile entre enfance et adolescence, un sujet qui pourrait être universel si le réalisateur ne le situait à un moment particulier de l'histoire chinoise, celui de la fin du maoïsme. Comment grandir dans un monde qui vacille, où les adultes ne parlent que par allusions et sous-entendus de ce qui se passe au village ou à l'usine : un monde de silences, de vérités cachées, d'interdits. Le dernier film de Wang Xiaoshai, 11 Fleurs s'inscrit dans cette lignée.
Le village de montagne où la révolution culturelle a confiné ses parents, est pour Wang Han et ses trois copains un extraordinaire terrain de jeu. Il y a la forêt, la rivière, l'école aussi bien sûr. On pense vaguement au premier film de Truffaut, les Mistons. Mais une jeune fille a été violée, un meurtre a été commis et l'assassin se cache quelque part dans la forêt.
Le village où vit la famille de Wang Han est moche; tout est gris, humide, glauque. L'horizon y est bouché, au sens propre comme au figuré. Par mille petits détails, mais sans tomber dans le misérabilisme, le réalisateur suggère les difficultés matérielles dans lesquelles se débattent les habitants. La véracité du film tient sans doute en grande partie à son caractère autobiographique. Non, il ne faisait pas bon vivre dans la Chine communiste, pas plus qu'en RDA. Il est d'ailleurs intéressant de rapprocher 11 Fleur et Barbara, le film de Christian Petzold dont j'ai parlé hier. Parce que les deux réalisateurs ne se contentent pas de faire un documentaire : la fiction qu'ils créent à partir d'une situation donnée accroît en réalité la crédibilité de leur témoignage et permet au spectateur de ressentir, à travers des personnages, ce qu'oppression veut dire.
Petit détail amusant, dans les deux films ce sont les séquences à vélo qui constituent autant de petites bouffées de liberté. Un temp suspendu. Un éloge de la bicyclette ?
15 mai 2012
Barbara
Good bye Lenin en 2003, La Vie des autres en 2006 : ces deux films nous donnaient une idée de ce qu'avait pu être la vie en RDA avant 89. A cette courte liste on peut maintenant ajouter Barbara de Christian Petzold.
Barbara est une jeune femme, médecin, berlinoise, qui, parce qu'elle est soupçonnée de vouloir passer à l'Ouest a été exilée dans une petite ville de province au bord de la mer Baltique. Le film raconte son désir éperdue de fuite, ses préparatifs, mais aussi la surveillance permanente, les contrôles, les fouilles, les humiliations. Il dit aussi les rues quasi désertes, les maisons grises, les ciels couverts, la tristesse d'un pays et d'une population soumise, sans perspective d'avenir, une vie qui mène les adolescents au suicide. Il dit enfin que, quel que soit son environnement et même son conditionnement, l'individu a toujours le choix. Choix du médecin qui fidèle au serment d'Hippocrate, soigne "même les salauds". Choix de la femme qui a son propre salut préfère celui d'un enfant.
La générosité, l'humanisme, les seules armes contre l'oppression ? Oui, c'est sans doute ce que l'on peut retenir de ce film que l'on regarde à la fois fasciné et horrifié.
14 mai 2012
La Vida Util et Viva Riva
Voici deux films qui n'ont d'autre point commun que d' être tous les deux des "ovni" cinématographiques.
La Vida util est un film uruguayen de Federico Veiroj, un film en noir et blanc dont le personnage principal est un vieux garçon à l'air benêt, homme à tout faire de la cinémathèque de Montevideo.
Dès les premières minutes, on se croit parti pour un documentaire réaliste voire misérabiliste, quelque chose peut-être qui rappelle un certain cinéma italien des années, quelque chose de Vittorio de Sica...
Tout dans ce film (le format carré, le jeu des acteurs) est fait pour nous désarçonner, mais bizarrement, notre mémoire cinématographique se met en branle et croit reconnaître dans la bande son l'écho de quelques films oubliés. Comme si, une fois les portes de la cinémathèque refermées et le personnage libéré, la fiction cinématographique reprenait le dessus sur la réalité. Parce que dans la fiction, tout est toujours possible. Y compris que la femme aimée en secret lève les yeux vers vous.
Viva Riva du congolais Dio Tunda Wa Munga est tout aussi désarçonnant bien que le film fonctionne sur le principe des films de gangster où se croisent - violemment - trafiquants en tous genres, petits et gros caïds, prostituées, policiers corrompus, un petit monde pourri jusqu'à la moelle auquel le réalisateur ajoute pour faire bonne mesure l'armée et le clergé, histoire de bien faire comprendre qu'à Kinshasa la corruption touche toute la société. Moralisateur, le film ? Pas vraiment !
Tourné un peu à l'arrache, sans trop grand souci de cohérence, il joue avec les clichés, les conventions du genre pour mieux les réinventer. Le bruit et la fureur sans doute, mais c'est malgré tout la vitalité qui l'emporte.
Ces deux films venus d'horizons très différents témoignent de l'inventivité de ceux qui continuent de croire au cinéma et compensent l'absence de gros budgets par un regain de créativité.
Deux films pour cinéphiles avertis.
La Vida util est un film uruguayen de Federico Veiroj, un film en noir et blanc dont le personnage principal est un vieux garçon à l'air benêt, homme à tout faire de la cinémathèque de Montevideo.
Dès les premières minutes, on se croit parti pour un documentaire réaliste voire misérabiliste, quelque chose peut-être qui rappelle un certain cinéma italien des années, quelque chose de Vittorio de Sica...
Tout dans ce film (le format carré, le jeu des acteurs) est fait pour nous désarçonner, mais bizarrement, notre mémoire cinématographique se met en branle et croit reconnaître dans la bande son l'écho de quelques films oubliés. Comme si, une fois les portes de la cinémathèque refermées et le personnage libéré, la fiction cinématographique reprenait le dessus sur la réalité. Parce que dans la fiction, tout est toujours possible. Y compris que la femme aimée en secret lève les yeux vers vous.
Viva Riva du congolais Dio Tunda Wa Munga est tout aussi désarçonnant bien que le film fonctionne sur le principe des films de gangster où se croisent - violemment - trafiquants en tous genres, petits et gros caïds, prostituées, policiers corrompus, un petit monde pourri jusqu'à la moelle auquel le réalisateur ajoute pour faire bonne mesure l'armée et le clergé, histoire de bien faire comprendre qu'à Kinshasa la corruption touche toute la société. Moralisateur, le film ? Pas vraiment !
Tourné un peu à l'arrache, sans trop grand souci de cohérence, il joue avec les clichés, les conventions du genre pour mieux les réinventer. Le bruit et la fureur sans doute, mais c'est malgré tout la vitalité qui l'emporte.
Ces deux films venus d'horizons très différents témoignent de l'inventivité de ceux qui continuent de croire au cinéma et compensent l'absence de gros budgets par un regain de créativité.
Deux films pour cinéphiles avertis.
13 mai 2012
Voyage dans ma tête
L'exposition à ne pas manquer, celle qui vous fait rêver, celle qui vous fait voyager sans prendre ni le train ni l'avion. Elle se tient au Musée dauphinois de Grenoble qui expose en ce moment les coiffes de la collection d'Antoine de Galbert. Il ne s'agit pas d'une exposition savante, juste des pièces magnifiques, drôles, bizarres, effrayantes un peu, belles tout simplement que les êtres humains se mettent sur la tête pour toutes sortes de raisons. Elles viennent d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique; elles sont faites de paille, de cuir, de métal de plumes...
Alors, juste quelques images pour vous donner envie ...
12 mai 2012
Les Adieux à la reine
J'avoue me méfier des films historiques : la reconstitution, les décors, les costumes y occupent toujours trop de place à mon goût. Je traînais donc un peu les pieds pour aller voir le film de Benoît Jacquot Les Adieux à la reine.
Je fais amende honorable et reconnais que celui-ci m'a rapidement séduit, ne serait-ce que par la beauté de la photographie : actrices ravissantes, harmonie des couleurs, jeux de lumières : le film est d'abord un vrai plaisir visuel.
Mais l'intérêt du film tient aussi au point de vue choisi par le réalisateur, qui ne montre la Révolution que depuis Versailles, c'est-à-dire de l'endroit où l'on n'entend parler de ce qui se passe ailleurs que par des bruits de couloirs, des confidences entre deux portes, où l'on ne saisit de la révolution en cours qu'un écho lointain, de vagues rumeurs, bref de l'endroit où l'on est le moins apte à comprendre ce qui se passe. Engoncée dans ses perruques, ses falbalas et son protocole, la cour ne se soucie que de fanfreluches et d'intrigues amoureuses. Frivole, forcément frivole !
L'observation des moeurs de la cour, avec ce que cela implique de soumissions et de compromis pour continuer de compter parmi les favoris est particulièrement savoureuse car le parallèle entre le comportement des nobles d'autrefois, prisonniers de leur ghetto doré comme de leurs préjugés, aveugles et sourds aux difficultés du reste du monde et les élites politiques et financières d'aujourd'hui devient soudain évident. De banalement historique, le film devient politique et prend alors sa pleine mesure.
Je fais amende honorable et reconnais que celui-ci m'a rapidement séduit, ne serait-ce que par la beauté de la photographie : actrices ravissantes, harmonie des couleurs, jeux de lumières : le film est d'abord un vrai plaisir visuel.
Mais l'intérêt du film tient aussi au point de vue choisi par le réalisateur, qui ne montre la Révolution que depuis Versailles, c'est-à-dire de l'endroit où l'on n'entend parler de ce qui se passe ailleurs que par des bruits de couloirs, des confidences entre deux portes, où l'on ne saisit de la révolution en cours qu'un écho lointain, de vagues rumeurs, bref de l'endroit où l'on est le moins apte à comprendre ce qui se passe. Engoncée dans ses perruques, ses falbalas et son protocole, la cour ne se soucie que de fanfreluches et d'intrigues amoureuses. Frivole, forcément frivole !
L'observation des moeurs de la cour, avec ce que cela implique de soumissions et de compromis pour continuer de compter parmi les favoris est particulièrement savoureuse car le parallèle entre le comportement des nobles d'autrefois, prisonniers de leur ghetto doré comme de leurs préjugés, aveugles et sourds aux difficultés du reste du monde et les élites politiques et financières d'aujourd'hui devient soudain évident. De banalement historique, le film devient politique et prend alors sa pleine mesure.
05 mai 2012
Paolo Pellegrin
Un passage à la Maison européenne de la photographie est toujours l'occasion d'une découverte.
Cette fois, cela a été le tour de Paolo Pellegrin.
Paolo Pellegrin est un photographe italien, membre de l'Agence Magnum; il travaille régulièrement pour le magazine Newsweek. Un photo-journaliste donc, ce qui signifie que la beauté de ses photos ne compense en rien l'effroi qu'elles provoquent. Au contraire !
Parmi les éléments qui peuvent expliquer la force des photos de Paolo Pellegrin il y a leur cadrage, très construit, qui a souvent quelque chose d'architectural dans l'utilisation de l'espace, ce qui au fond n'est pas vraiment surprenant puisqu'il a commencé par faire des études d'architecture avant de passer à la photo. Mais les tirages en noir et blanc, très contrastés ne sont pas pour rien dans la dramatisation de l'image. Paolo Pellegrin enfin use beaucoup du flou, ce qui peut, a priori, passer pour une atténuation de l'effet mais incite en réalité le spectateur à scruter plus attentivement la photo pour parvenir à l'essentiel.
"I'm more
interested in a photography that is 'unfinished' - a photography that is
suggestive and can trigger a conversation or dialogue. There are
pictures that are closed, finished, to which there is no way in."
Cette fois, cela a été le tour de Paolo Pellegrin.
Paolo Pellegrin est un photographe italien, membre de l'Agence Magnum; il travaille régulièrement pour le magazine Newsweek. Un photo-journaliste donc, ce qui signifie que la beauté de ses photos ne compense en rien l'effroi qu'elles provoquent. Au contraire !
Paolo Pellegrin, Cambodia. AIDS in Cambodia.1998.
Image Reference, PAR259458, (PEP1998002W00007/12) Copyright Paolo Pellegrin/Magnum Photos
04 mai 2012
Bérénice Abbott
Bérénice Abbott est une photographe remarquable.
Bérénice Abbott est une femme remarquable.
Et l'exposition que lui consacre actuellement le Musée du Jeu de Paume est, elle aussi, remarquable !
Les photos d'abord ! Il y a les portraits bien sûr, qui ne m'intéressent pas plus que cela. Il y a en revanche, le regard que Bérénice Abbott porte sur LA ville par excellence : New York. Entre 1936 et 1939, dans le cadre des travaux commandités par la WPA, émanation du New Deal, elle documente les changements intervenus dans l'architecture new-yorkaise.
Mais les photos que je préfère sont celles qu'elle a prises en voyageant le long de la route N°1, la route qui va de la frontière canadienne jusqu'à Key West : Amérique rurale, Amérique des petites villes, Amérique qui travaille ou qui s'amuse, qui se repose, qui fait ses courses...ce que Bérénice Abbott réussit à capter, c'est une Amérique intemporelle. Ces hommes assis sous le porche du General Store à Bridgewater (Maine), on les a déjà vus dans les photos de Walker Evans ou de Dorothée Lange dans les années 30, mais ils pourraient, à quelques détails près, être les mêmes aujourd'hui.
Milliken's General Store, Bridgewater, Maine 1954. Gelatin silver print, 10 5/16 x 12 3/16"
(26.2 x 30.9 cm). Gift of Ronald A. Kurtz. © 2012 Berenice
Abbott/Commerce Graphics
Qaunt aux baigneurs attardés autour d'un camion de hot-dog et coca-cola,
il suffit de changer le maillot des femmes pour retrouver l'Amérique
balnéaire d'aujourd'hui, drapeau compris !
Voilà pour les photos.
Pour connaître la femme, curieuse, déterminée, libre il faut absolument prendre le temps de regarder la vidéo proposée qui met en évidence la créativité, l'inventivité, l'audace de cette femme sans préjugé qui dans les années 50 se met - aventure inattendue - à la photo scientifique !
Bérénice Abbott est définitivement une femme remarquable et l'exposition qui lui est consacrée est délicieusement stimulante.
Bérénice Abbott est une femme remarquable.
Et l'exposition que lui consacre actuellement le Musée du Jeu de Paume est, elle aussi, remarquable !
Les photos d'abord ! Il y a les portraits bien sûr, qui ne m'intéressent pas plus que cela. Il y a en revanche, le regard que Bérénice Abbott porte sur LA ville par excellence : New York. Entre 1936 et 1939, dans le cadre des travaux commandités par la WPA, émanation du New Deal, elle documente les changements intervenus dans l'architecture new-yorkaise.
Mais les photos que je préfère sont celles qu'elle a prises en voyageant le long de la route N°1, la route qui va de la frontière canadienne jusqu'à Key West : Amérique rurale, Amérique des petites villes, Amérique qui travaille ou qui s'amuse, qui se repose, qui fait ses courses...ce que Bérénice Abbott réussit à capter, c'est une Amérique intemporelle. Ces hommes assis sous le porche du General Store à Bridgewater (Maine), on les a déjà vus dans les photos de Walker Evans ou de Dorothée Lange dans les années 30, mais ils pourraient, à quelques détails près, être les mêmes aujourd'hui.
Stand Happy’s Refreshment, Daytona Beach, Floride 1954 Épreuve gélatino argentique, 29,5 x 28 cm. Ronald Kurtz / Commerce Graphics.© Berenice Abbott / Commerce Graphics Ltd, Inc.
Pour connaître la femme, curieuse, déterminée, libre il faut absolument prendre le temps de regarder la vidéo proposée qui met en évidence la créativité, l'inventivité, l'audace de cette femme sans préjugé qui dans les années 50 se met - aventure inattendue - à la photo scientifique !
Bérénice Abbott est définitivement une femme remarquable et l'exposition qui lui est consacrée est délicieusement stimulante.
03 mai 2012
Circuler
Il y a toujours beaucoup à voir dans les expositions de la Cité de l'architecture et du patrimoine. Et l'on parcourt toujours trop vite ses salles et ses couloirs, happé par la multitude des propositions.
A pied, à cheval, en voiture mais aussi en bus, en tram, en train ou en trottinette, se déplacer d'un lieu à un autre à l'intérieur d'une ville, ou d'une ville à une autre, répond toujours à la même nécessité, celle de l'échange. Car circuler c'est mettre en relation, c'est permettre à deux individus de se rencontrer, d'échanger des marchandises ou ... de menus propos.
L'exposition Circuler, actuellement en cours à la cité de l'architecture propose pour commencer un parcours chronologique qui témoigne de l'inventivité de l'être humain quand il s'agit de se déplacer d'un point à un autre, la ligne droite n'étant pas nécessairement la meilleure solution. On voit ainsi les villes se modifier peu à peu, ce qui permet de constater que les moyens de transports se conforment moins à la géographie des villes qu'ils ne la transforment. C'est en tout cas le point de vue que Jean Duthilleul et Marcel Bajard, les commissaires de l'exposition, ont choisi d'illustrer.
Rétrospective dans un premier temps et richement illustrée par des photographies et des montages d'extraits de films, dans une scênographie propre à séduire petits et grands, l'exposition est aussi prospective : comment circulerons-nous et que seront les villes de demain ?
A chacun de faire jouer son imagination. Pour ma part j'espère tout simplement qu'il sera toujours possible de flâner dans les villes et de s'y promener le nez en l'air.
A pied, à cheval, en voiture mais aussi en bus, en tram, en train ou en trottinette, se déplacer d'un lieu à un autre à l'intérieur d'une ville, ou d'une ville à une autre, répond toujours à la même nécessité, celle de l'échange. Car circuler c'est mettre en relation, c'est permettre à deux individus de se rencontrer, d'échanger des marchandises ou ... de menus propos.
L'exposition Circuler, actuellement en cours à la cité de l'architecture propose pour commencer un parcours chronologique qui témoigne de l'inventivité de l'être humain quand il s'agit de se déplacer d'un point à un autre, la ligne droite n'étant pas nécessairement la meilleure solution. On voit ainsi les villes se modifier peu à peu, ce qui permet de constater que les moyens de transports se conforment moins à la géographie des villes qu'ils ne la transforment. C'est en tout cas le point de vue que Jean Duthilleul et Marcel Bajard, les commissaires de l'exposition, ont choisi d'illustrer.
Rétrospective dans un premier temps et richement illustrée par des photographies et des montages d'extraits de films, dans une scênographie propre à séduire petits et grands, l'exposition est aussi prospective : comment circulerons-nous et que seront les villes de demain ?
A chacun de faire jouer son imagination. Pour ma part j'espère tout simplement qu'il sera toujours possible de flâner dans les villes et de s'y promener le nez en l'air.
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