21 mars 2013

La Demora

Après le Chili (No), Cuba (Havana Blues), l'Espagne (N'aie pas peur) voici un film venu de l'Uruguay.


La Demora est le troisième film de Rodrigo Pla (Mexicain, bien que né en Uruguay et son sujet est encore plus sombre que ceux des films dont j'ai parlé dans mes précédents billets. Au centre du film, une femme, la cinquantaine, non plutôt la quarantaine abîmée. Elle élève seule ses trois enfants, dans un misérable appartement où la lumière est rare. Elle travaille à domicile pour une entreprise textile; ses revenus ne dépassent pas 500 euros par mois auxquels il faut ajouter la retraite de son père dont elle a aussi la charge, un vieillard atteint de la maladie d'Alzheimer. Ses revenus cumulés ne lui permettent pas de placer le vieillard dans une maison de retraite, réservée à ceux qui n'ont aucun revenu. La fatigue, la lassitude de cette femme au bout du rouleau est magnifiquement montrée par le réalisateur et l'empathie que le spectateur éprouve alors pour le personnage permet non pas de justifier mais de comprendre son geste : elle abandonne son père sur le banc d'un parc public. 


Rodrigo Pla ne nous épargne rien de la décrépitude de la vieillesse, sans pourtant jamais dépasser les bornes de la décence, et sans jamais frôler la caricature. Le vieillard est digne, bien que perdu; les flics qui tentent de le prendre en charge sont respectueux; les voisins sont attentionnés. Le réalisateur ne dénonce pas, il montre et cela suffit à toucher profondément le spectateur.  L'image - lumière grise, couleurs ternes, éclairages parcimonieux -  s'accorde parfaitement avec l'ambiance du film, les acteurs sont évidemment remarquables, Roxana Blanco en particulier. Le film est excellent. 

Il n'est pas dit que les spectateurs accourent en masse pour voir un film aussi sombre, qui vaut pourtant bien des élucubrations formelles et vaines. A ceux qui ne cherchent dans le cinéma qu'un divertissement, je ne recommanderai pas ce film, mais à ceux qui sont attentifs à ce que les autres ont à nous dire, je le conseillerai vivement. 






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