C'est un Chinois qui rit. En tout cas son sourire plein de dents, parfois multiplié par dizaines s'affiche sur tous ses tableaux. Oui mais c'est un rire qui vous met assez vite mal à l'aise.
Doublement mal à l'aise. Parce que ce rire est utilisé par l'artiste pour, entre autres, dénoncer la violence d'un régime qui fait très peu de cas des droits de l'homme en général et de l'individu en particulier.
Cela est vrai. Mais ce faisant, Yue Minjun, comme la plupart des artistes chinois contemporains dont les oeuvres sont bien reçues par l'Occident, joue avec des personnages, des objets, des scènes iconiques dont il sait qu'elles séduisent a priori ses admirateurs occidentaux. On se prend du coup à douter de sa sincérité. Mais de quel droit irai-je contester le droit d'un artiste à se soucier de ses débouchés commerciaux ? Perplexité.
Bizarrement le tableau que j'ai préféré est celui auquel je ne m'attendais pas : une pièce vide, quelques colonnes rouges, une estrade, un tabouret... Yue Minjun a repris un tableau de He Kongde représentant La Conférence de Guian, événement clef de la révolution chinoise qui ce jour là, fait de Mao Zedong son chef. Le tableau de Yue Minjun reprend le même décor, à l'identique, mais vidé de ses personnages. Alors que dans un autre tableau, inspiré de La Liberté guidant le peuple de Delacroix, il replace les personnages originaux par ses Chinois au grand rire.
Finalement c'est ce double jeu avec l'histoire et l'art qui m'a le plus intéressée.
Prévue jusqu'au 17 Mars à la Fondation Cartier, l'exposition est prolongée jusqu'au 24 Mars.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire