Trois expositions pourtant me paraissent justifier un rapprochement.
Alex
Majoli et Paolo Pellegrin ont photographié le Congo, Alice Wielinga
s'est intéressé à la Corée du Nord et Ambroize Tezenas au "tourisme de
la désolation".
Les photos sur le Congo d'une facture toute classique et finalement très suggestives m'ont paru allier sans difficulté réalisme et esthétique...
... bien que dans le cas de la photo ci-dessous il s'agisse d'un montage - une réalité transformée donc - qui laisse toute sa place à l'imagination.
En s'intéressant à la Corée du Nord, Alice Wielinga se heurtait à une difficulté majeure, celle de l'interdiction de photographier ! Difficulté qu'elle a contournée en travaillant sur des photos de propagande dans lesquelles elle a incrusté ses propres photos de façon à confronter la réalité nord-coréenne à l'image que Kim Jong-un prétend en donner.
Le travail de cette jeune femme est d'une remarquable précision et ses photos donnent matière à penser. Ne serait-ce que parce qu'elles mettent en doute la véracité de toutes les images.
Certes, on ne se fait aucune illusion sur l'état de déliquescence dans lequel se trouve la Corée, mais, mise en regard des images de propagande, cette réalité n'en paraît que plus cruelle. On peut toutefois s'interroger sur l'interprétation qui pourrait être faite de ces mêmes images par un oeil non occidental, celui d'un Coréen que l'on pourrait persuader que ces paysages de désolation sont l'oeuvre de la propagande occidentale...
Stendhal affirmait que "le roman est un miroir que l'on promène le long du chemin". Il a depuis été démenti par tous les lycéens qui ont eu à disserter sur le sujet et ne se sont pas privés de remarquer que la réalité, que le roman était supposé reproduire, dépend de la qualité du miroir, autant que de ce "on" qui a choisi le miroir ET le chemin .
Les photos d'Alice Wielinga apportent de l'eau à leur moulin : non, les photos, pas plus que les romans ne reproduisent jamais la réalité. Elles ne font que l'interpréter. Mais n'est-ce pas justement ce qu'on attend de la photographie, du roman et de l'art en général : un regard posé sur le monde.
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