Un
travail comme un autre est le premier roman de Virginia Reeves mais son livre
ne ressemble à aucun autre. D’abord parce qu’il se passe en Alabama, dans les
années 20, au moment où l’Amérique était en train de découvrir l’électricité. Ensuite
parce que le livre parle de gens qui aiment profondément leur métier, et le
monde du travail il faut bien le reconnaître est rarement au cœur des romans.
Roscoe T. Martin est un électricien fasciné par les
possibilités de progrès qu’offre cette « nouvelle » énergie. Il a
malheureusement dû renoncer à son métier depuis que sa femme a décidé de
reprendre la ferme de son père en Alabama. Mais Roscoe n’est pas fermier, il
s’ennuie profondément et le couple bat de l’aile. Jusqu’à ce qu’il ait l’idée
de brancher la ferme sur le réseau de l’Alabama Power, entraînant dans
l’aventure Wilson, un métayer noir qui travaille à la ferme depuis toujours. La
ferme prospère très rapidement jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert,
et Roscoe et Wilson envoyés en prison, dans deux prisons différentes puisqu’on
en est encore à l’âge de la ségrégation.
Une fois en prison Roscoe se lie avec un autre détenu,
menuisier de son état à qui
l’administration confie la construction d’une chaise un peu spéciale….
Ce premier roman de Virginia Reeves est pour le moins
audacieux par le nombre de thèmes abordés : les relations conjugales (avec
un personnage de femme dure et entêtée qui refuse tout compromis), la misère des campagnes, la vie carcérale, le racisme
et le traitement réservé aux Noirs, mais elle le fait sans caricature alors
même que le roman est situé en Alabama, un des Etats les plus racistes à l'époque, le tout pour
accompagner une réflexion sur le progrès, dont les effets peuvent bien entendu
être aussi bénéfiques que maléfiques. Un
roman sur fond historique bien
documenté, un roman très construit, un roman presque trop riche, surtout pour
un premier roman parce que, du coup, il faudra que les suivants soient à la hauteur.Mais je n'en doute pas.
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