Le réalisateur, qui a construit sa réputation de documentariste en faisant le portrait de ceux qui représentent le mal incarné (Amin Dada, Paul Vergès), achève ainsi sa trilogie.
L'affiche est plus que parlante et les premiers propos du moine ne laissent aucun doute sur ses intentions, d'autant plus choquantes que le bouddhisme passe pour prêcher la pauvreté, le renoncement et la non-violence.
Mais que reste-t-il du bouddhisme dans l'obstination de Wirathu à inciter une population crédule à la haine pour éliminer, par la force et par le feu une autre partie de la population présentée comme haïssable ?
Le bouddhisme bénéficie en Occident d'une considération particulièrement bienveillante. Et le premier mérite du film est sans doute de contribuer à déciller les yeux du spectateur et à lui faire prendre conscience du fait que le bouddhisme, comme toutes les croyances, a aussi ses dérives. Le film permet ainsi à chacun de s'interroger sur la façon dont fonctionne toute propagande, qu'elle soit religieuse ou politique, lorsque nul esprit critique ne vient lui faire obstacle.
La leçon du film est claire bien que le réalisateur s'efforce de livrer les données brutes et tente de s'effacer derrière son sujet. J'ai été pourtant gênée par la façon dont le film est présenté, alternant une longue interview du moine en question qui ne semble jamais lassé de pérorer, des images d'archives enregistrées à la volée sur des portables, forcément mal cadrée ou floues puisque clandestines, et des témoignages de journalistes ou d'observateurs dont l'identité n'est donnée que dans le générique de fin. C'est certainement un parti pris de la part de Barbet Schroeder, mais je m'interroge sur la pertinence du procédé. Il est vrai que la marge est étroite entre la manipulation des images et celle des esprits.
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