Oui, on sait tout cela, mais la pièce de Musset n'a rien perdu de son intérêt, ni de son actualité car les moeurs des politiciens ne changent guère et la corruption est toujours de règle dans les sphères du pouvoir, aujourd'hui, comme au temps de Musset ou à l'époque des Médicis.
Chaque nouvelle mise en scène permet ainsi au spectateur d'interpréter la pièce en fonction du contexte historique dans lequel il se trouve. C'est à cela même que l'on reconnaît un texte classique, au fait qu'il fait sens, quelle que soit l'époque où on le lit.
L'entreprise de Marie-Claude Pietragalla et de ses deux comparses, Daniel Mesguisch et Julien Deroualt, n'était pourtant pas gagné d'avance. Car le parti pris de faire jouer les corps et de donner au texte de Musset une dimension véritablement charnelle pouvait déséquilibrer la pièce. Ce qui n'est pas le cas. On admire bien sûr les performances physiques des acteurs, qui parviennent à maîtriser suffisamment leur souffle pour dire leur texte et le vivre. Les projections vidéos qui enflamment la façade du château, concourent elles aussi à donner de la profondeur au spectacle, qui se joue dès lors dans les trois dimensions de l'espace.
Les puristes y trouveront peut-être à redire, mais il me plaît que des créateurs d'aujourd'hui unissent leurs compétences pour donner vie à cette pièce que Musset lui-même avait renoncé à faire jouer. Au spectateur d'aborder la soirée sans préjugés pour apprécier pleinement la créativité du metteur en scène et de la chorégraphe. Le Lorenzaccio donné cet été au château de Grigan est un spectacle éblouissant auquel on se laisse aisément prendre, au point d'intégrer comme un élément de la scénographie, les éclairs et les coups de tonnerre, qui semblaient, ce soir là, ponctuer la montée vers la tragédie. L'orage hélas a contraint les organisateurs à interrompre le spectacle 1/2 h avant la fin et a privé les acteurs des applaudissements qui leur étaient pourtant dus.
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