20 juillet 2017

Raphaël Jerusalmy, Evacuation


Ils sont trois, trois à ne pas avoir suivi l'ordre d'évacuation. Trois à se retrouver dans une ville désertée par ses habitants, sous la menace des bombardements. Il y a Saba, le vieil homme, Naor son petit-fils et sa petite amie Taël. 

Ils ne se sont pas concertés, ont plutôt réagi de façon impulsive et vont devoir apprendre à survivre dans cette ville où soudain tout fait défaut. Mais "survivre" n'est pas le bon mot, car ils se procurent sans difficulté un logement et de la nourriture. En fait, il s'agit, pour Saba, Naor et Yael de réinventer la vie c'est à dire d'ouvrir les yeux (Naor est apprenti cinéaste), d'ouvrir son coeur.

Evacuation est un livre au charme étrange, une longue errance dans "une bête ville du tiers-monde", "mal agencée et pas très propre" qui pourtant envoûte : "Tel-Aviv sans les gens. Sans la faune et le bruit.  [...] Une ville qui a l'air de faire exprès de ne pas être belle. Pour que tu t'attaches à ceux qui y vivent. Pas à ses pierres. " 

Evacuation est le récit d'une fugue, d'un voyage à travers Israël, c'est un poème, une symphonie. Plus j'essaye de trouver les mots qui conviennent pour rendre compte du plaisir de ma lecture, plus ma pensée s'effiloche. 

Evacuation, dit son éditeur, "est un conte sans morale, une bulle de poésie arrachée aux entrailles de l'histoire, une ode urbaine au désir de vivre, et de paix."

C'est en tout cas une lecture singulièrement dépaysante et apaisante. 


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