31 mai 2018

Nostalgie


Les bateaux qu'on louait pour une semaine.
Peut-être deux, peut-être trois. 
Pour aller juste en face, à Porquerolles ou à Calvi. 
Ou plus loin, jusque dans les îles grecques. 
Parfois plus loin encore....
 

30 mai 2018

27 mai 2018

26 mai 2018

Jane Smiley, Nos premiers jours


Prendre en main le livre de Jane Smiley, c'est s'embarquer dans une grande aventure dont on ne sait pas si on arrivera jusqu'au bout. Car il ne s'agit que du premier volume d'une trilogie qui au final comportera...plus d'un millier de pages.  Au moins !  Parce que le grand projet dans lequel s'est lancé Jane Smiley est de raconter les 100 dernières années de l'Amérique, de 1920 à 2019.

Le projet est ambitieux. Les trois volumes sont sortis aux Etats-Unis  en 2015. En France le second volume vient tout juste de sortir et le troisième est prévu pour l'automne.


Pour le moment je n'ai lu que le premier, qui est malgré mes appréhensions,  assez fascinant.
Tout d'abord parce que Jane Smiley choisit d'introduire ses personnages un à un, le temps pour le lecteur de se familiariser avec chacun d'eux, soit un jeune couple de fermiers de l'Iowa, dont le premier enfant, Frank vient de naître. Suivront au fil des ans plusieurs frères et soeurs auxquels s'ajouteront des cousins, des voisins... bref tout un village.

A la fin du premier volume (1953), cette première génération, arrivée à l'âge adulte est déjà bien installée dans la vie. Certains sont restés, d'autres sont partis, vers la côte Est, Chicago ou la Californie. Leur univers s'est élargi, les crises économiques, les guerres sont passées - certains ont même combattu en Europe - les progrès techniques se sont multipliés. Chapitre après chapitre l'écrivain braque son projecteur sur l'un ou l'autre de ses personnages, fait tourner la roue du destin en passant sans sourciller de l'infiniment petit des gestes quotidiens aux grands événements qui ont traversé le siècle, mais toujours vus du point de vue des individus.

L'écriture de Jane Smiley est d'une précision extrême et jamais plus à l'aise que lorsqu'il s'agit de décrire le monde rural, les travaux agricoles, la vie de famille. J'ai parfois eu l'impression d'être dans un tableau de Brueghel, qui fourmille de personnages minutieusement observés.
On peut se lasser parfois, mais l'entreprise reste fascinante d'autant qu'elle permet au lecteur de retrouver si ce n'est ses propres traces, au moins le fil de l'Histoire, la grande, celle qui nous est commune.


25 mai 2018

Los Adioses

Poète, mère, épouse, Rosario Castellanos était tout cela. Comme la plupart des femmes elle a essayé de concilier les exigences de ses multiples vies, professionnelle, maternelle, conjugale. Comme la plupart des femmes elle s'est heurtée au patriarcat qui fait de toutes les femmes des assistées. Féministe donc comme une évidence.

Le film de Natalia Beristain Egurrola fait de Rosario Castellano un portrait emblématique d'une de ces femmes talentueuses, comme Frida Kahlo ou Simone de Beauvoir, qui se sont retrouvées prises au piège de leurs paradoxes, prônant l'autonomie, l'indépendance, mais néanmoins prisonnières de leurs relations amoureuses et de leur jalousie.

C'est sans doute la raison pour laquelle Los Adioses est un film légèrement irritant. 



24 mai 2018

La Révolution silencieuse

La révolution n'est certainement pas dans la forme de ce film, d'un classicisme quasi désuet, mais qui s'accorde bien avec le propos : dans le Berlin des années 50, avant la construction du mur, on pouvait encore circuler entre l'Est et l'Ouest, à condition bien sûr d'avoir ses papiers en règle et un bon prétexte. C'est à l'occasion d'une escapade de ce genre que Kurt et Théo, adolescents en fin de parcours scolaire, entendent parler du soulèvement de Budapest et de sa répression par l'armée soviétique.

Mais la vraie révolution dont parle le film, c'est celle de ces lycéens qui décident de marquer par le silence leur réprobation des événements et doivent alors affronter les autorités politiques qui n'entendent pas classer l'affaire.


Pressions et menaces, climat de suspicion, délations, petites et grandes lâchetés : forts de leur innocence, les adolescents,  et les spectateurs avec eux, mesurent à quel point la liberté de penser, la liberté de parler - ou de se taire - étaient alors empêchées sous le régime soviétique.

De l'histoire ancienne ?  Pas tant que ça parce que le film montre aussi bien toute la difficulté qu'il y a à démêler le vrai du faux quand la presse est jugulée, la radio interdite et la propagande omniprésente. Mais est-ce plus facile de démêler le vrai du faux dans un monde où l'information est surabondante et où chacun s'exprime à tort et à travers ?

Le film de Lars Kraume est une incitation à se poser la question. Mais par qui sera-t-il vu ? Sans doute pas par les accros de Twitter et autres réseaux sociaux qui confondent l'info et la rumeur, quand ce n'est pas l'info et le mensonge ! 

21 mai 2018

Elif Shafak, Trois filles d'Eve

Au coeur du dernier roman d'Elif Shafak, il y a la religion. Ou plutôt les interrogations spirituelles de Peri, jeune femme turque qui a grandi à Istanbul entre une mère, musulmane dévote et un p§re agnostique tendance athée. Partie en Angleterre pour y poursuivre ses études, Peri se lie d'amitié avec  deux étudiantes : Shirin, et Mona, très différentes l'une de l'autre. Elles sont toutes les trois inscrites au même séminaire, celui du professeur Azur consacré à ... Dieu !


Essayer de résumer ce livre, c'est malheureusement en souligner les lourdeurs d'autant que l'auteure construit son roman sur l'alternance entre deux moments de la vie de Mona, son passé et son présent, celui d'une femme mariée, invitée à un dîner mondain dans une grande maison du Bosphore. La quête spirituelle et la critique sociale, cela fait peut-être beaucoup pour un seul livre.

Les intentions d'Elif Shafak sont certainement louables, mais un peu trop évidentes :  proposer au lecteur de s'interroger sur la place du spirituel dans nos vie, pourquoi pas ? Mais la forme romanesque est-elle la plus appropriée ?  Certains personnages ne sont là que pour représenter une des facettes possibles de la religiosité. Des figures utiles à la démonstration auxquelles on ne croit pas vraiment.

En fait ce roman est construit avec une rigueur quasi géométrique et ... cinématographique : en gros, un montage parallèle - entre Istanbul et Oxford, entre présent et passé, entre la femme de 40 ans et la jeune fille de 20 ans, entre la société fortunée et policée et les laissés pour compte de la réussite économique - encadré par deux scènes de violence qui se veulent spectaculaire : l'agression initiale et l'irruption  finale. Un roman intelligent certes, mais qui tend un peu trop à glisser vers le roman à thèse.


18 mai 2018

Sayaka Murata, Konbini

 

Quiconque a voyagé au Japon sait à quoi ressemblent les kombini ces petits magasins de proximité ouverts jours et nuits, qui proposent produits alimentaires aussi bien que services en tous genres, postaux ou même bancaires. Ce sont des lieux sans charme, souvent éclairés au néon, où l'efficacité prime. 
Keiko Furukura la narratrice y travaille depuis 18 ans ! Une durée anormalement longue pour un emploi de ce type,  mais tout chez Keiko Furukura est un peu hors normes, alors même qu'elle fait de son mieux pour se fondre dans la normalité. 
Le début du roman surprend par la platitude de l'écriture, que l'on attribue abusivement sans doute à la qualité de la traduction. Puis, au fil du texte on se dit que le personnage pourrait-être un de ces robot-androïdes fabriqués justement au Japon, tant sa volonté de respecter les codes, de suivre les règles relève de l'obsession.  Avant de comprendre que l'auteur ne se moque pas de son personnage, mais plutôt de la société japonaise qui exige de l'individu un comportement constamment approprié,  et attend qu'il se conforme sans barguigner, aux normes établies depuis toujours : trouver un emploi, se marier, avoir des enfants .... 
Le roman de Sayakaya Murata, qui à 36 ans, comme son personnage, travaille toujours dans une supérette (?) est de ceux qui paraissent à première vue anodins, et même, il faut bien le dire, un peu irritants pour des Occidentaux habitués à revendiquer le droit à l'originalité et à s'affranchir des règles et des lois. Pourtant, le livre refermé on s'interroge sur la difficulté à être soi-même dans une société où tout vous pousse à être comme les autres; sur les choix et les renoncements qui sont ceux de Keiko, mais aussi les nôtres. 
Sans doute. Peut-être. 

16 mai 2018

Paul Beatty, Tuff




Son vrai nom c'est Winston, mais tout le monde l'appelle Tuffy, Tuff ... Il est gros, il est noir, il vit à New York où il se promène entre Harlem et Brooklyn.  Et c'est le personnage principal du roman de Paul Beatty. Tout le monde le prend pour un rappeur, mais il a décidé de se lancer en politique.

 Tuff est pour le moins un roman décapant qui permet au lecteur de pénétrer dans un univers dont il n'est, a priori, pas familier. Cela commence par une fusillade pour une histoire de deal qui a mal tourné;  Tuff est le seul rescapé, avec son copain Fariq qui s'était caché dans la baignoire.  Le voilà décidé à changer de vie, aidé par un afro-américain converti au judaïsme qui s'improvise "coach", et une asiatique experte en communication. Quelques hispaniques de plus dans son entourage et on comprend vite que Spanish Harlem (ou East Harlem) n'est peut-être pas le quartier de New York le plus touristique, et certainement pas le plus riche, mais que c'est un territoire  où l'expression "melting-pot" prend tout son sens.
Le mélange ethnique, principe fondateur des Etats-Unis est dans ce livre un terrain d'exploration jubilatoire pour un auteur qui visiblement connaît bien sa ville, la spécificité de ses quartiers et de sa population, qu'il s'agisse de ses dealers, de ses losers ou de ses bobos dans les quartiers récemment gentrifiés. Son registre pour en parler est celui de la dérision, de la satire mais l'ironie n'empêche pas l'empathie. Et il faut rendre hommage à la traductrice Nathalie Bru, parce que, en véritable maître des mots, l'auteur fait constamment exploser la langue ordinaire pour mieux coller à celle de ses personnages.
On ressort de cette lecture comme dans une plongée dans un aquarium entre requins et poissons clowns !  Mais avec une envie bien ancrée : d'aller lire un autre livre de Paul Beatty. Moi contre les Etats-Unis peut -êre ....






 

12 mai 2018

Everybody knows

Impossible de passer à côté du dernier film d'Ashgar Fahradi qui associe dans son casting Penelope Cruz, Xavier Bardem et Ricardo Darin !
Il s'agit, comme dans la plupart des films de Fahradi, d'une histoire de famille un peu compliquée, une famille présentée sous son meilleur jour au début du film, mais bientôt fissurée quand disparaît une jeune adolescente, la fille de Laura, revenue au pays à l'occasion d'un mariage.
La mise en place des relations familiales, parallèle aux préparatifs du mariage m'a parue un peu longue, mais il faut certainement du temps pour dessiner sans le caricaturer chaque personnage, suggérer son passé, son présent, ses liens avec les autres.


Fahradi a bien sûr recours à une intrigue policière (qui a enlevé la jeune-fille, et pourquoi), mais ce qui intéresse surtout le cinéaste c'est les répercussions de cet événement sur les personnages. Qu'est ce que cela révèle de chacun d'eux, les failles, les espoirs, les attentes ?  Il y a dans chaque individu une part de mystère, une part d'ombre que le film s'efforce de mettre en pleine lumière.

11 mai 2018

Ann Hope, La Salle de bal


Il n'est pas étonnant que La salle de bal, le deuxième roman d'Anna Hope, ait obtenu le prix littéraire UIAD, parce que l'auteur sait parfaitement combiner fiction romanesque et réflexion sur des questions de société qui étaient celles du début du XXe siècle, mais restent pourtant d'actualité.
 
Tout commence en 1911, dans un asile psychiatrique du Yorkshire, entre Liverpool et Manchester. Une jeune femme, Ella, vient d'être internée dans le pavillon des femmes. Les raisons de son internement sont moins médicales que sociales et c'est aussi le cas de John, un Irlandais interné lui dans le pavillon des hommes. D'un pavillon à l'autre, il n'est pas possible de communiquer. Pourtant entre Ella et John une relation se noue, pudique et discrète, fragile surtout puisque leur seule chance de se rencontrer est le bal du vendredi soir, organisé sous le contrôle d'un médecin, persuadé que la musique peut avoir une fonction thérapeutique. Voilà pour l'intrigue romanesque construite autour de personnages malmenés par la vie et placés par les hasards de l'existence en dehors de la normalité si tant est que la normalité puisse se définir.




L'histoire d'Ella et de John, mais aussi de Clem l'amie d'Ella et du Dr Fuller est de celles qui s'impriment dans la mémoire du lecteur parce que, si les personnages sont pour la plupart attachants, leurs conditions de vie sont terrifiantes. Certes la psychiatrie a beaucoup évolué depuis le début du XXe siècle et les stérilisations forcées ne sont sans doute plus à l'ordre du jour, du moins en Europe, et l'eugénisme peut paraître une préoccupation du passé, comme la condamnation de l'homosexualité, mais les débats sur la bioéthique restent plus que jamais d'actualité.

En abordant ces sujets par le biais romanesque, Anna Hope réussit un roman tout à fait passionnant, parce qu'il suscite émotions et réflexions. Mais sa plus belle réussite est peut-être cette salle de bal qui donne son titre au roman et qui permet au lecteur d'imaginer un lieu extraordinaire, baroque, somptueux.... une salle de bal qui dans mon imaginaire cinématographique a rejoint immédiatement la salle de bal du Guépard (Visconti)  et les deux grands bals de La Porte du Paradis (Cimino).





 Rien à voir avec le roman d'Anna Hope ? Mais n'est-ce pas le privilège du lecteur que de s'approprier un livre au point d'y inclure son propre vécu, son propre imaginaire. C'est bien pourquoi un même livre lu par des lecteurs différents, n'est jamais exactement le même.




10 mai 2018

Southern Belle

Changement de registre radical entre le film d'hier (Call me by your name) et celui d'aujourd'hui.
Le premier est un film italien, propre et sage, le second est un documentaire trash et déjanté.
Le portrait d'une femme qui, malgré le titre n'a rien d'une Southern Belle si l'on entend par là une jeune fille de bonne famille et surtout de bonnes manières. Celle-là est née riche, très riche, mais depuis la mort de son père il y a 13 ans, elle est en procès avec sa mère pour une question d'héritage.
Désormais déclassée, cette jeune femme  de 26 ans terriblement impulsive vit entourée de jeunes gens qui semblent n'avoir rien d'autre à faire que boire, sniffer des lignes de coke, manipuler des armes et proférer des propos racistes.
La vraie Amérique ? Non, une certaine Amérique  qui existe effectivement et pour laquelle le réalisateur semble éprouver une fascination un rien morbide. Le film est un peu brouillon  - une écriture qui en fait colle bien au sujet - et l'on se demande parfois quel est véritablement son propos. Ni caricature, ni discours moralisateur : la réalité brute, celle sur laquelle on préfère en général fermer les yeux. Et pourtant elle existe !


09 mai 2018

Call me by your name



Le film aurait aussi bien pu s'intituler "Un été italien" tant le réalisateur insiste sur la chaleur estivale, la villa XVIIe, le luxe bourgois, mais pas ostentatoire,  puisqu'il s'agit d'une famille d'intellectuels qui passent avec aisance d'une langue à une autre comme d'un pays à l'autre. Une belle bourgeoisie cosmopolite, ouverte d'esprit et compréhensive,  libérale sans être libertaire. Une famille modèle.
L'intrigue, bien que située dans les années 80 est intemporelle puisqu'il s'agit de l'apprentissage sentimental d'un jeune homme de 17 ans : découverte de la sexualité, confusion des sentiments, doutes et interrogations, toute la panoplie des premiers émois amoureux est ici déployée. Tout cela est très juste, mais si lisse, si convenu, si "gentil" que cela finit par sonner faux et même un peu gnan-gnan. 

08 mai 2018

Vincent Almendros, Faire Mouche


Le roman m'a paru un peu mince, mais il plaira certainement aux adeptes de la littérature minimaliste. Celle des petits riens décrits avec minutie, dont on se demande à quoi ils sont destinés.

La réponse est pourtant évidente : à créer une interrogation permanente - mais où veut-il en venir ?  - une attente, vaguement exaspérante. Car ce retour du narrateur à Saint-Fourneau en compagnie d'une  amie qu'il fait passer pour sa compagne cache forcément quelque chose. En attendant de découvrir la vérité, une vérité dont il se doute assez rapidement, le lecteur découvre une famille passablement dysfonctionnelle dans un coin de campagne.  Les descriptions - soigneuses il est vrai - sont là pour gonfler et ralentir le récit, créer une espèce de suspense un peu artificiel qui ne permet pourtant pas aux personnages de prendre vie. Un petit roman bien fait, mais qui manque d'âme. Ou de chair !

 


07 mai 2018

Land

Trois images pour illustrer le film de Balak Jalali qui évoque, entre documentaire et fiction, la vie de trois hommes - trois frères - dans une réserve du Nouveau Mexique. Ray l'aîné, est resté sobre et parvient en travaillant dans un élevage à faire vivre tant bien que mal sa famille, alors que son frère, Wesley est un alcoolique invétéré, comme la plupart des Indiens qui traînent en en permanence à côté du débit d'alcool tenu par Sally, une blanche, qui tient un dépôt d'alcool à l'extérieur de la réserve, l'alcool étant interdit à l'intérieur. Le troisième frère, se bat  quelque part en Afghanistan, engagé aux côtés de l'armée américaine.


Trois images pour évoquer le territoire indien, cette terre sèche et désolée où les ressources sont rares, mais aussi pour évoquer les liens familiaux et la dignité de cette vieille femme - la mère des trois hommes -, qui garde la tête haute face à la tragédie qui frappe sa famille.


Une troisième image, plus politique pour montrer un face à face entre la "nation indienne" venue récupérer le corps de l'un des siens pour l'enterrer sous un autre drapeau que le drapeau américain.


Land est un film de fiction, mais qui a tout d'un manifeste bien documenté sur la premiers habitants du territoire américain. Et qui vous prend le coeur.

Une intéressante interview de Babak Jalali, le réalisateur. A lire avant ou après le film. 

06 mai 2018

La Route sauvage

Cinéma et littérature sont pour moi des arts séparés; et j'entends qu'ils le restent.  C'est pourquoi je ne vais jamais voir l'adaptation d'un livre que j'ai lu.
Pourtant j'ai été voir La Route sauvage, l'adaptation du roman de  Willy Vlautin, Lean on Pete. Le livre a été tradruit une première fois en français sous le titre Cheyenne en automne avant d'être repris à l'occasion du film par Albin Michel sous le titre La Route sauvage. Un livre avec 3 titres, voilà qui ne facilite pas la recherche en bibliothèque. Ce serait pourtant dommage de passer à côté de ce roman et du coup, de manquer la découverte d'un auteur américain particulièrement intéressant.



Willy Vlautin n'est pas du genre à faire parler de lui dans les médias, ce n'est pas un auteur branché qui fait la une des émissions littéraires. Non c'est un homme ordinaire qui parle de gens ordinaires. Des gens souvent malmenés par la vie, mais jamais fracassés, comme le jeune Charley de la Route sauvage. Il a 14 ou 15 ans, mais en déclare un peu plus pour pouvoir travailler. Sans mère et bientôt sans père, il prend la route avec un cheval sauvé de l'abattoir pour rejoindre une hypothétique tante qui vit peut-être encore à Cheyenne dans le Wyoming, à des centaines de miles de son point de départ dans l'Oregon. Charley, dont le prénom fait invinciblement penser à Steinbeck, tient à peine debout, de faim et de fatigue, de solitude aussi, mais il continue d'avancer, comme le font tous les personnages de Willly Vlautin qui malgré les difficultés de la vie gardent cette toute petite part d'humanité qui leur évite de s'effondrer.

Il pourrait y avoir dans les romans de Willy Vlautin, quelque chose de désespéré, mais l'écrivain sait s'arrêter juste au bord du désespoir car en véritable humaniste, il croit qu'il subsiste toujours, même dans les pire moments, quelque chose à sauver dans la nature humaine. Et il me semble qu'Andrew Haich, le réalisateur du film, a su traduire cette sensibilité, cette retenue qui est la voix propre de Willy Vlautin.  Allez voir le film, et si vous ne l'avez pas encore lu, lisez le roman dans la foulée lisez les autres romans de Willy Vlautin : Motel life, Plein Nord, Ballade pour Leroy et son dernier Don't Skip Out on Me, pas encore traduit, mais cela ne saurait tarder, du moins je l'espère !





05 mai 2018

Bayou Sauvage



 - Bayou sauvage, un bayou aux portes de la Nouvelle Orléans, auquel on accède par la "Chef menteur Highway", avec une enfilade de ponts dont certains sont en piteux état.
- Bayou sauvage... Chef menteur ... on est vraiment en Louisiane. Quelle idée Bonaparte a eu de vendre ce territoire aux Américains. Pour que d'alle en plus !
- Oui, mais il faut bien avouer qu'il n'y avait pas grand chose non plus sur ce territoire, dont la plus grande partie était encore à explorer.


- Ouais mais quand même. T'imagines ? Du golfe du Mexique au Canada, ça en fait un bout de terrain !  En plus l'Amérique serait coupée en 2 ...
- Et l'Amérique ne serait tout simplement pas l'Amérique.  Quand t'auras fini de rêver d'un autre monde, et d'imaginer l'impossible, tu pourras te consoler en regardant les nuages  au fond de l'eau.


- Et des crocodiles, t'en a vu des crocodiles ?
- Des aligators. Ya pas de crocodiles aux Etats-Unis. Seulement des aligators. Oui j'ai vu un bébé aligator. Mais la photo animalière, c'est pas mon truc. Pas assez patiente ! Je préfère l'art abstrait.
- N'importe quoi pour avoir le dernier mot !
- Et la dernière photo ! Parce qu'il est temps de passer à autre chose.

04 mai 2018

Mobile (Alabama) : southern hospitality



- Pas un peu cliché, tes deux rocking-chair sous le porche d'entrée ? 
- Sans doute, mais un symbole aussi, celui de la courtoisie, de l'hospitalité sudiste. Comme cette potiche en forme d'ananas, à droite de l'escalier.
- Un ananas ?
- Oui, un fruit rare et cher, qui lorsqu'il était apporté en fin de repas témoignait de l'excellence de la réception - et de celle qui l'avait organisée.  Il a par la suite été décliné en motif architectural ou simplement décoratif.
-  Curieux ... 


- Ce qui est curieux surtout, c'est l'attachement aux traditions dans le Sud. J'ai parfois l'impression que le temps ne s'est pas écoulé de la même façon ici et dans le Nord et que persiste toujours la nostalgie de "l'ante-bellum".
- Avant la guerre ? Mais de quelle guerre tu parles ? 
- La guerre civile bien sûr, celle qui n'a duré que 4 ans, mais a fait plus de morts américains que n'importe quelle autre guerre menée par la suite. 
- Ah, la guerre de sécession !
- Comme on l'appelle ici, mais là-bas c'est plutôt "civil war". Pas tout à fait la même chose. Bien que désormais, on préfère oublier le feu et le sang et enjoliver le temps des Scarlett et autres "Southern Belles".


- Ben dis donc ! En voilà des fanfreluches et des volants ! C'était dans quel film?
- Pas un film. Une vraie "azalea maid" sur la pelouse d'une des maisons historiques à visiter. Encore une tradition : chaque année une centaine de jeunes filles sont sélectionnées pour faire partie de ce club; elle sont chargées de représenter une certaine idée de la culture sudiste : charme, intelligence et surtout bonnes manières ! Elles sont souvent invitées dans les festivals, mais, comme tu le vois, on peut aussi louer leurs services pour une occasion exceptionnelle.
- En tout cas, elle est plus jolie qu'une potiche -ananas !

 Pour tout savoir sur les "azalea maids" :

03 mai 2018

Mobile (Alabama) : architecture sudiste



- Pas d'azalées aujourd'hui ? 
- Non ! 
- Je sens que ça va me manquer ... 
- Juste quelques exemples d'architecture dans une ville qui passe pour une des plus jolies du Sud. 
- Moins connue quand même que Savannah ou Charleston ! 
- Peut-être, mais un des charmes de Mobile tient au fait que les rues sont toutes bordées d'arbres, essentiellement de chênes verts, cet arbre qui ne pousse que dans le Sud des Etats-Unis. C'était déjà une belle ville avant la guerre de sécession et le temps ne semble pas avoir de prise sur elle, sans doute parce que les sociétés historiques veillent au grain et se soucient de préserver ce patrimoine architectural. Ce qui m'a toujours fascinée pour ma part, c'est la diversité des styles architecturaux, bien que l'on retrouve d'une maison à l'autre bien des poins communs et une prédilection particulière pour le "greek revival".








- Ah! le retour des azalées.
- Pour mettre en valeur un "cottage créole", plus modeste que les demeures précédentes. Parce que, à côté des demeures luxueuses, enfin un peu plus loin, il y a également celles-là, les "shot-gun-houses". Elles aussi ont leur histoire, pas moins intéressante...
- ... mais pas d'azalées !




https://fr.wikipedia.org/wiki/Shotgun_house

02 mai 2018

Mobile (Alabama) : le temps des azalées







- Tu fais quoi, là, tu cherches à m'éblouir ?
- Oui, un peu quand même !
- Parce que ton goût pour l'architecture et les fleurs, tu crois pas que je commence à le connaître ?
- Oui, mais là c'est un peu particulier. Il s'agit de Mobile...
- Ah! Oui... la ville d'Alabama où tu as passé un an quand tu étais jeune ! Oooooops, quand tu étais plus jeune.
- Il y a 40 ans quand même !  Mais ce n'est pas de cela que je veux te parler. Je veux juste te montrer qu'au mois de Mars, quand fleurissent les azalées cette ville est littéralement éblouissante.
- A condition d'aimer le rose...
- Oh tu peux bien ricaner. La variété des plants, des couleurs, des nuances et surtout l'omniprésence des azalées que tu vois s'ouvrir d'un jour sur l'autre ...
- et donc se faner...
- Sarcasme contre lyrisme, c'est piteux !
- Oh, ça va, je me tais ! J'admire...
- Tu fais bien.