12 février 2019

An Elephant sitting still

Ayka, le film de Sergei Dvortsevoy était un film désespéré. An Elephant sitting still l'est encore plus. Si, si, c'est possible. Et le film dure 3h50, ce qui laisse tout le temps d'entrer dans le désespoir de chacun des quatre personnages dont le réalisateur, Hu Bo suit la trace.

Misère sociale, violence, absence totale d'empathie : le portrait que fait Hu Bo de la société chinoise donne raison à ceux que l'évolution de la Chine vers un capitalisme sauvage mène au suicide. Ayka était une battante. Wei Bu, Yu Cheng, Huang Ling, Congxi Li ne le sont pas. Pour eux c'est "game over", parce que la possibilité de fuir ailleurs, vers la ville de Manzhouli par exemple où l'on dit qu'un éléphant reste assis sans bouger, n'est qu'un leurre auquel ils s'accrochent en vain.

Enfermés dans leur désarroi, les personnages le sont aussi dans leur solitude. Regard vide, visage indéchiffrable, par leur incapacité à communiquer les personnages évoquent parfois certains films d'Antonioni.

"Les plus désespérés sont les chants les plus beaux / Et j'en connais qui sont de purs sanglots" écrivait Musset. Et je ne suis pas loin de penser que c'est le cas du film de Hu Bo.


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