20 février 2019

Atticus Lish, Parmi les loups et les bandits

L'audace des jeunes - ou moins jeunes -  écrivains à se lancer à corps perdu dans leur premier roman est quelque chose qui m'étonne toujours. Les sujets les plus casse-gueule, l'écriture la plus corrosive, les personnages les plus hors du commun : même pas peur ! Après, peut-être, ils apprendront à composer avec les attentes des éditeurs et des lecteurs. Mais pour se faire connaître, il faut frapper fort. Et c'est ce que fait Atticus Lish.



A New-York et plus précisément dans le Queens, qui n'est pas le "burrough" le plus branché se retrouvent deux personnages dont la société n'aime pas entendre parler : une jeune Chinoise, ou plutôt une jeune Ouïghour, ces musulmans de la région autonome du  Xinxiang que la Chine essaye d'éliminer, entrée clandestinement aux Etats-Unis et qui survit de sweat-shops en sweat-shops. A elle seule elle représente toute la misère du monde, malgré son énergie et sa force d''âme, sérieusement mises à mal par sa rencontre avec Brad Skinner, de retour de 3 missions successives en Irak, hanté par ses souvenirs et sérieusement dépressif.  ESPT : Etat de Stress Post Traumatic !

Le monde dans lequel évoluent ces deux personnages est brutal, violent dénué de toute empathie et l'écriture d'Atticus Lish, comme hachée, fragmentée, au rythme tendu s'accorde à ce monde dans lequel l'espoir et la tendresse n'existent que par de brefs apartés. La charge de l'écrivain contre une société à ce point déshumanisée est parfois un peu lourde, insistante, très descriptive, mais toujours justifiée. On pense forcément aux Bas-fonds de Gorki et l'on se dit que la lucidité des écrivains américains sur l'état de leur pays est d'une certaine façon rassurante et - presque - porteuse d'espoir. 




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