J'avoue toutefois que ce qui m'a décidée à voir ce spectacle c'est avant tout le nom de Bruce Machart, l'auteur des nouvelles adaptées par Emmanuel Meirieu. Le Sillage de l'oubli, son premier roman mettait déjà en valeur des personnages presque exclusivement masculins dans un univers âpre, violent et passablement désespéré.
C'est le même univers que j'ai effectivement retrouvé dans Des Hommes en devenir, mais, puisqu'il s'agit de nouvelles traitées comme des monologues successifs, le texte est dépouillé de l'obligation de construire une intrigue. Ne restent alors que les émotions pures, rugueuses, sauvages, si difficiles à exprimer, mais qui touchent à ce que l'homme a de plus profond en lui.
La mise en scène presque statique, surprend d'abord, plus proche de la lecture de textes que de la gesticulation. Les jeux de lumière voilés par les fumées, les vidéos loin de distraire l'attention comme on pourrait le craindre ne font que la resserrer vers le texte pour en souligner la noirceur, la violence et ... la beauté. Ces hommes en devenir sont des hommes déchirés que seule la parole empêche de sombrer.
J'ai trouvé dans ce spectacle l'accord du texte et de l'image que je ne cesse de rechercher et que je trouve si rarement au théâtre. Et je suivrai avec attention les trajectoires de ces deux hommes en devenir eux aussi que sont Bruce Machart et Emmanuel Meirieu.
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