Le roman de Pierre Jarawan est de ceux que l'on commence et que l'on finit sans décrocher ou presque malgré les presque 500 pages. Parce que l'auteur entrelace remarquablement un récit intimiste - la recherche d'un père par son fils - et l'histoire pour le moins mouvementée du Liban.
Cela fait longtemps que le Liban occupe régulièrement la une des journaux puisqu'il est, depuis des années, l'épicentre des conflits au Moyen -Orient, trop petit pour ne pas subir la loi de ses voisins, trop divisé religieusement pour imposer un régime stable. Pourtant le Liban survit à tout et sa capitale reste un centre effervescent en perpétuelle reconstruction. De nationalité allemande mais d'origine libanaise, l'auteur offre à ce pays magnifié par la nostalgie, un véritable chant d'amour. Ses descriptions de la forêt de cèdres, d'un petit village perdu dans la montagne ou des quartiers de Beyrouth donnent au lecteur l'envie irrésistible d'aller voir par lui-même, mais Pierre Jarawan rend aussi à merveille les dialogues souvent savoureux et met en scène des personnages auxquels on s'attache rapidement parce qu'on les voit grandir, souffrir, se chercher et progressivement s'épanouir.
Dire d'un roman qu'il est romanesque est bien sûr un pléonasme, mais il en est tant qui n'ont rien à raconter, qui ne savent inventer ni des personnages ne des histoires, qui ne savent entremêler les péripéties pour garder toujours le lecteur sur sa faim et qui n'écrivent que pour donner des leçons, ou pire culpabiliser les lecteurs, qu'un vrai roman, comme celui de Pierre Jarawan mérite le pléonasme.
Et qu'importe si la fin est un peu convenue et donc décevante - de toute façon j'oublie toujours la fin des romans - les 400 et quelques pages qui précèdent m'ont fait passer par toute la gamme des émotions, ont stimulé ma curiosité tant que je cherchais, comme Samir à comprendre comment et pourquoi son père tant aimé avait pu du jour au lendemain disparaître en abandonnant femme et enfants, m'ont fait rencontrer des personnages de toutes sortes, de tous milieux et de tous âges. Bref, m'ont fait passer un sacré bon moment.