Voilà un roman bizarre, insolite qui détonne et qui étonne. Un roman qui fait appel à l'imagination ce qui , en soi, est déjà source de satisfaction, bien que la réalité ne soit parfois pas très différente de la fiction.
Il y a d'abord l'usine, un vaste territoire traversé par une rivière, un territoire immense avec ses quartiers, ses bureaux, mais aussi ses magasins, ses restaurants, ses laveries, ses lignes de bus et même ses logements. Sans oublier une faune pour le moins inhabituelle. Trois employés nouvellement embauchés découvrent à la fois l'espace et leurs nouvelles fonctions, sans grand rapport d'ailleurs avec leurs compétences : l'un relit et corrige des documents dont il ne comprend pas l'intérêt, l'autre est chargé d'étudier les mousses pour préparer la végétalisation des toits et la dernière passe 7h30 par jour à alimenter les déchiqueteuses. Ils sont jeunes, consciencieux, exécutent sans trop s'interroger les tâches qui leur ont été confiées.
Tous les éléments sont réunis pour créer une atmosphère inquiétante et il ne faudrait pas grand chose pour que le roman vire au polar. Mais ce n'est pas la voie suivie par Hiroko Oyamada qui penche plutôt du côté de l'absurde et du fantastique. A moins qu'il ne s'agisse d'une fable vaguement politique. Certains lecteurs ont pensé à Kafka, moi je pense plutôt au Chaplin des Temps modernes, voire au Fritz Lang de Metropolis. Car oui, ce que Hiroko Oyamada décrit c'est bien quelque chose comme un univers totalitaire, parfaitement policé, où tout est décidé en dehors de l'individu, qui obéit aux consignes et se plie aux convenances sans sourciller parce qu'elles n'ont rien de brutal, ni de violent. L'usine au fond est l'exemple terrifiant d'une dictature doucereuse, d'autant plus dangereuse qu'elle inhibe toute velléité de résistance
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