24 janvier 2022

Maudit Festival

Annulé l'an passé pour cause de pandémie, LE MAUDIT FESTIVAL a pu être maintenu cette année et c'est tant mieux, parce que,  même si je n'ai vu que quatre films sur les 15 proposés, ces 4 films m'ont permis de sortir un peu de ma zone de confort. 

 L'étang du démon (1979) de Masahiro Shinoda s'appuie sur la culture japonaise pour qui esprits et démons (maléfiques ou bénéfiques) font quasiment partie du quotidien, aussi étrange que cela nous paraisse. Mais c'est également une jolie histoire d'amour et de sacrifice, avec un final aussi éblouissant que terrifiant. Quant à Bando Tamasaburo, l'acteur de kabuki qui tient le rôle des deux princesses, il est tout à fait étonnant et même sans être familière de son art, j'ai pu apprécier la finesse de son jeu.


 


 

Le film de Sidney Hayers, Burn, witch burn (1962) fait entrer le spectateur dans un univers a priori plus familier, au public occidental,  celui des sorcières et des superstitions, en jouant de surcroît sur l'architecture gothique des collèges anglais. Le scénariste en profite pour faire une satire très réjouissante du milieu universitaire, de ses jalousies, de ses intrigues, de ses petitesses.  Ce n'est pas le moindre intérêt du film.



Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg, profite d'un casting assez éblouissant (Donald Sutherland et Julie Christie) et surtout d'un décor qu'il n'a pas été nécessaire de construire en studio : Venise, ses ponts, ses canaux, ses ruelles obscures et labyrinthiques où les personnages ne cessent de se perdre. Bien sûr on peut ne voir dans ce film qu'une vague étude psychanalytique sur le deuil (la perte d'un enfant), mais faire glisser le sujet vers le spiritisme, c'est en souligner la gravité tout en lui donnant une sorte de légèreté.


 

 

 

 

 

Reste que ces trois films, tous marqués par l'onirisme, ont au moins un point commun. Rêves prémonitoires, cauchemars, hallucinations, superstitions surgissent dans un monde rationnel, celui des scientifiques, des rationalistes, des sceptiques : le professeur Yamasawa, le professeur Norman Taylor, l'architecte John Baxter luttent pied à pied contre la force des croyances et leur emprise sur certains individus.  L'étang du démon, Burn, witch burn et Ne vous retournez pas sont d'autant plus intéressants qu'ils progressent sur le fil ténu tendu entre pensée magique et raison, à la recherche exacte du point de bascule. Et je n'ai pu m'empêcher de penser que l'extravagance des histoires ne suffit pas à masquer l'actualité de la réflexion.

Trois films seulement, mais un bon décapage intellectuel ! 

 

Texas trip de Steve Balestrini et Maxime Lachaud est d'un tout autre genre puisqu'il s'agit d'un documentaire sur quelques artistes "underground" texans, le film étant plus ou moins placé sous le signe de Joe Lansdale, auteur de romans policiers ou fantastiques toujours très noirs. J'espérais retrouver certains des paysages qui m'ont fascinée lors de mes voyages dans cet Etat plus grand que la France. Quelques belles images nocturnes certes, mais les réalisateurs se sont beaucoup plus intéressés aux artistes rencontrés qu'aux paysages, ce que je ne peux leur reprocher. Du coup le film m'a laissée avec pas mal de questions  sur la définition de l'art, sa fonction pour l'artiste. Artistes underground au Texas, loin des galeries, des médias, loin de tout .... cela paraît difficile à imaginer et pourtant, ils sont bien là. 

 Une chose est sûre : grâce au Maudit festival a été plutôt stimulante.


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