Elle est grosse, vieille et moche ? Elle ne correspond pas aux critères esthétiques des magazines ? Tant mieux. Yolande est juste une femme ordinaire, une actrice extraordinaire et pour finir une réalisatrice hors du commun. Car La Fiancée du poète est un film délicieux bien que sans prétention.
Pas prétentieux non, mais ambitieux. Puisqu'il met en scène une femme qui après des années de galère (et trois de prison !) retourne dans la maison de son enfance. Une maison quasi à l'abandon au bord de la Meuse. Le curé du village - un curé en soutane - lui vient en aide en lui suggérant de prendre des pensionnaires dans sa grande maison délabrée. Aussitôt dit, aussi tôt fait (car le film ne traîne pas, ne s'attarde pas sur le pourquoi ni le comment), et voilà une petite famille de branquignoles qui se retrouve logée chez Mireille : un jeune étudiant des beaux-arts (excellent copiste ! et de là à faussaire il n'y a qu'un pas), un jardinier qui se préfère en robe, un immigré turc qui se prend pour un musicien de country.... Ah j'oubliais, il y a aussi un faux poète qui se fait appeler Pierre/Pyere de Mandiargues. Ils ont tous un grain, marginaux mais pas trop, farfelus mais sans préjugés. Personne dans l'histoire ne se prend au sérieux, surtout pas Mireille. Ni Yolande. Aux grands éclats, visiblement, la réalisatrice préfère les situations loufoques qui font sourire ou rire aux éclats et permettent, mine de rien, de glisser quelques suggestions sur la façon dont l'humanité pourrait se conduire.
Oui, il y a bien, dans le film de Yolande Moreau, un petit quelque chose des années 70, quand soufflait sur le monde un vent de liberté. Je pense à Pourquoi pas, à L'une chante l'autre pas ... et le lapsus qui pousse les spectateurs à demander un billet pour La Fiancée du pirate est tout à fait justifié. Coline Serreau, Agnès Varda, Nelly Kaplan ....la même fantaisie, la même irrévérence, la même envie de vivre autrement. Avec en plus le charme (inattendu?) des rives de la Meuse.
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