Il reste encore demain, la phrase clef de ce film que j'hésitais à aller voir parce que j'avais peur de me retrouver devant une daube commerciale tarte à la crème sur la condition féminine, avec un petit relent néo-réaliste, historique (l'après-guerre) et le noir et blanc pour le verni culturel et esthétique. Et c'est presque ce que j'ai trouvé. Presque ! Car malgré ce qui nous paraît aujourd'hui exagéré, caricatural et quasi invraisemblable, c'est bien de la domination masculine telle qu'elle était établie dans les années 40 (et au delà), en Italie (et pas seulement), qu'il s'agit, et si elle est montrée ici à gros traits c'est pour mieux en persuader les spectateurs d'aujourd'hui. Et ça marche ! Parce que Paola Cortellesi fait vivre un petit monde qui ne dépasse pas la taille du quartier où vit Delia, son macho de mari et leurs 3 enfants, sans oublier l'horrible beau-père dont la mort vient interférer avec les projets de Délia. Le film accumule les détails pour mieux faire comprendre la situation de Délia, brave petit cheval qui avance malgré les coups; la réalisatrice sait très habilement suggérer la violence physique tout en pratiquant l'art de l'esquive et ménager des effets de surprise tout au long du film. La séquence américaine m'a cependant paru un peu trop tirée par les cheveux, mais plutôt drôle quand même. Comment éviter à votre fille de tomber dans les pièges dans lesquels vous êtes vous-même tombée ! La méthode est pour le moins explosive.
De scène en scène, mes réticences vis à vis du film sont tombées; en effet la réalisatrice joue sur l'empathie du spectateur qui limite, aimerait intervenir, souffler à Délia ce qu'elle devrait faire, l'encourager, voire la bousculer... mais le retournement final, que bien sûr je ne peux commenter de peur de vous "divulgâcher" le film est tout simplement jouissif ! Totalement inattendu.
Paola Cortellesi est la réalisatrice, la scénariste et l'actrice principale de ce film dont les entrées en Italie ont été supérieures à celles de Barbie ou d'Oppenheimer. Jolie réussite, non ?
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