Revoir un vieux film comme Z qui date de 1969, c'est toujours se demander s'il a vieilli, si l'enthousiasme qu'il avait suscité à l'époque était vraiment justifié. Parce qu'un film qui parle de politique est toujours vu en fonction d'un contexte. D'un double contexte en fait, celui d'hier et celui d'aujourd'hui.
Celui d'hier ? L'assassinat d'un député grec, Grigoris Lambrakis en 1963, le coup d'état de 1967 et l'instauration de la dictature des colonels dans les années qui ont suivi; le roman de Vassilis Vassilikos dont se sont inspirés Costa-Gavras et Jorge Semprun. Alors, forcément, dans cette fin des années 60 où la jeunesse est en ébullition, le film avait marqué.
55 ans plus tard, dire que le film n'a pas pris un pli serait mentir, mais il reste d'une redoutable efficacité. Un casting comme on en voit peu, Montand, Trintignant, Perrin, Perrier, Dux, Denner, Bofuzzi, Salvatore... peu de femmes il est vrai (on est encore au XXe siècle !) mais Irène Pappas et Magali Noël quand même. Tous, les meilleurs de leur époque.
D'excellents acteurs donc, mais aussi un scénario bien agencé, et surtout une mise en scène et un montage extrêmement dynamiques, pas une minute d'ennui et impossible d'oublier le défilé final, quasi chorégraphié, des militaires devant le juge et dans les couloirs du palais de justice !
Aucun film il est vrai n'a changé la face du monde, ni entravé un coup d'Etat, ni empêché une dictature de s'installer. Mais Z sonne comme un avertissement sur la fragilité des démocraties, y compris dans un pays qui a inventé la démocratie. C'est pourquoi, bien qu'historiquement daté, il garde son intérêt. D'autant que le film s'adresse à tous les publics, pas seulement à ceux qui fréquentent les salles d'art et d'essai ou les ciné-clubs. Non à tous, vraiment.
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