Troisième opus d'Olivier Rolin, lu dans la foulée. Toujours en Russie, mais il ne s'agit pas d'un récit de voyage, sauf à considérer qu'un convoi de prisonniers entre Moskou et le goulag des îles Solovki - qui passe pour être le prototype de tous ceux qui vont suivre - est un voyage.
En tout cas, dans cet ouvrage parfaitement documenté, l'écrivain suit à la trace la vie d'Alexeï Feodossievitch Vangengheim, le météorologue du titre, déporté aux Solovki en 1934 et exécuté avec des centaiens d'autres prisonniers en 1937. Sans raison autre que la volonté de Staline.
Olivier Rolin n'est pas historien, mais fait ici un travail remarquable et son récit est d'autant plus convaincant qu'il retrace la vie d'un individu, un seul individu, dont on sait maintenant qu'il est représentatif de milliers d'autres individus qui ont disparu sous Staline. A l'attaque frontale contre le stalinisme, l'écrivain préfère le coin, très efficace dans l'abattage des arbres.
Le Météorologue est un récit précis, objectif. Mais c'est aussi un livre poignant car jamais Feodossievitch n'a cessé de croire à l'erreur judiciaire et à sa possible libération, pas plus qu'il n'a cessé de croire au communisme et à Staline ! Et puis, un livre qui commence par "Son domaine, c'était les nuages. Les longues plumes de glace des cirrus, les tours bourgeonnantes des cumulonimbus, les nippes déchiquetées des stratus, les stratocumulus qui rident le ciel comme les vaguelettes de la marée le sable des plages, les altostratus qui font des voilettes au soleil, toutes les grandes formes à la dérive ourlées de lumière, les géants cotonneux d'où tombent pluie et neige et foudre. Ce n'était pas une tête en l'air, pourtant - du moins je ne crois pas." comment ne pas le lire jusqu'au bout ? D'autant que dans les toutes dernières pages, même dans l'édition de poche, sont glissés les reproductions des dessins que le météorologue faisait parvenir à sa fille.
Malgré tout, le livre refermé, un doute subsiste dans ma tête. Et si Alexeï Feodossievitch Vangengheim n'avait en réalité jamais existé et n'était qu'une brillante invention d'Olivier Rolin, puisque toutes les mentions du météorologue sur Internet, n'apparaissent qu'en référence au livre ? Me voici contaminée par le doute ... mais... Cendrars, à qui on demandait s'il avait réellement pris le Transsibérien ne répondait-il pas : Qu'importe puisque je vous l'ai fait prendre !
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