Voilà déjà un moment que je vous balade en Iran; il est peut-être temps de passer à autre chose.
Mais sur quelle image terminer, alors qu'il m'en reste encore plein la tête ?
Alors ....
Une image d'Ispahan ? de la grande place de l'Imam et de la mosquée de Sheikh Lotfollah, ma préférée, dont la coupole semble un modèle d'équilibre et d'harmonie....
Pourquoi pas ? Mais à condition de la faire suivre de la statue d'Ali Akbar Esfahani, l'architecte de Shah Abbas à qui on doit, si je ne me trompe la plupart des monuments d'Ispahan.
Mais quitter Ispahan sans évoquer le palais des quarante colonnes : le Chehel Sotun et surtout les remarquables fresques qui ornent ses murs ? Non ce n'est pas possible !
Elles sont trop belles.
Plus que les scènes de bataille et plus que les scènes de la vie de cour, ce sont les scènes plus intimes, comme ce déjeuner sur l'herbe, à la mode persanne dont je me souviendrai.
Mais, bon sang, que ces fresques étaient difficiles à photographier : situées très haut, éclairées partiellement par la lumière brutale de projecteurs qui laissaient dans l'ombre toute une partie de l'image.... Je comptais les retrouver dans un livre; il existe peut-être mais je ne l'ai pas encore trouvé.
En tout cas je n'ai pas oublié le visage du jeune prince qui se penche pour embrasser le pied nu d'une danseuse ! On raconte en effet qu'au début de la révolution islamiste, certains intégristes mal inspirés exigeaient que soient effacée cette manifestation ostentatoire de ... luxure !!!!!
Que les conservateurs, gardiens et autres gens de bon sens qui se sont interposés pour empêcher la destruction de ces merveilles en soient remerciés.
En dépit des aléas de leur histoire les Iraniens, s'efforcent de préserver et de restaurer tous les monuments qui ont fait la gloire de la Perse antique, avant et après l'invasion arabe.
Artistes et créateurs sont là pour témoigner que les savoir-faire n'ont pas été oubliés, qu'il s'agisse de la fabrication des tapis, du tissage, de l'impression sur étoffe, de l'art de la miniature ...
... ou de celui du potier, du peintre sur céramique et bien d'autres encore !
Oui, avant de quitter l'Iran c'est surtout de ces visages que je veux me souvenir. Brèves rencontres, fortuites, anodines le plus souvent mais toujours affables.
J'ai croisé, j'ai rencontré toutes sortes de gens. Ainsi Reza, "notre" chauffeur pendant trois semaines, qui nous a sortis de tous les dangers de la route et nous a ramenés sains et saufs à l'aéroport ! Toujours prévenant, toujours souriant et prêt à toutes les facéties.
Je me souviens aussi de ce vieux monsieur de 80 ans qui tenait le "chaï-khâneh" de Masuleh. Une maison de thé qui à elle seule valait bien sa photo, avec son vieux fourneau, son samovar et sa collection de théières !
J'ai une certaine tendresse aussi pour ce vieil homme à l'air fatigué, assis à côté de la mosquée de Shiraz.
Bien que ma plus grande tendresse aille, cela va de soi, vers les femmes iraniennes.
Vers ces jeunes filles, engoncées dans leur "tenue islamique" qui se prêtaient pourtant gentiment au jeu de la photographie.
Vers cette étudiante des beaux-arts, nettement moins soucieuse d'orthodoxie vestimentaire et très absorbée par sa tâche.
Vers cette vieille femme qui, assise sur les marches de sa maison, prenait un peu l'air, le visage caressée par le soleil.
Et plus encore vers ces petites filles, qui, avec leur classe visitaient le tombeau de Saadi.
Que deviendront-elles ? Que deviendra cette petite fille au sourcil si intriguant ? Dans combien de temps pourra-t-elle jeter son voile, secouer librement ses cheveux et avancer sans contrainte vers la vie qu'elle aura choisie.
J'aimerais tant savoir ! Qui me le dira ?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire