14 avril 2011

Akira Yoshimura

Le titre du roman n'est pas vraiment engageant. Mais ce serait dommage de se priver de la lecture de ce roman. Il n'est pas très récent puisqu'il a été publié au Japon en 1988 et traduit en français en 2001. Mais les bons romans n'ont pas d'âge, n'est-ce-pas ?

Un homme condamné à perpétuité pour le meurtre de sa femme obtient au bout de 15 ans sa liberté conditionnelle. Mais, après 15 ans d'incarcération, comment peut-on reprendre le cours de sa vie ?
On ne la reprend pas. La vie de Kikutani sera de toute façon une autre vie. Guidé par son tuteur, un homme aussi patient que bienveillant, il réapprend pas à pas la liberté et l'on comprend que la liberté peut-être terriblement angoissante, surtout après 15 ans d'interruption, 15 ans pendant lesquels, à chaque instant vous étiez surveillé, contrôlé,15 ans pendant lesquels vous n'aviez pas la moindre initiative à prendre, pas le moindre choix à faire, 15 ans pendant lesquels le monde a tellement changé que vous ne le reconnaissez pas.
Mais une société aussi policée que la société japonaise, une société dont il faut, pour être reconnu comme un membre à part entière, respecter en permanence les codes et les conventions ne reproduit-elle pas d'une certaine façon l'univers carcéral ?Un homme peut-il en permanence se plier, se soumettre, dominer ses envies, maîtriser ses pulsions ?Toute liberté n'est-elle pas "conditionnelle" par définition, puisque l'homme est destiné à vivre en société ?
Qu'est-ce, enfin, qu'un bon roman si ce n'est un roman qui permet de se poser de questions ?

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