Il dort
Il est éveillé
Tout à coup, il peint
Il prend une église et peint avec une église
Il prend une vache et peint avec une vache
Avec une sardine Avec des têtes, des mains, des couteaux
Il peint avec un nerf de boeuf
Il peint avec toutes les sales passions d'une petite ville juive
Avec toutes la sexualité exacerbée de la province russe
Pour la France
Sans sensualité
Il peint avec ses cuisses
Il a les yeux au cul
Et c'est tout à coup votre portrait
C'est toi le lecteur
C'est moi
C'est lui
C'est sa fiancée
C'est l'épicier du coin
La vachère La sage-femme
Il y a des baquets de sang
On y lave les nouveaux-nés
Des ciels de folie
Bouches de modernité
La Tour en tire-bouchon
Des mains
Le Christ
Le Christ c'est lui
Il a passé son enfance sur la Croix
Il se suicide tous les jours
Tout à coup, il ne peint plus
Il était éveillé
Il dort maintenant
Il s'étrangle avec sa cravate
Chagall est étonné de vivre encore
Octobre 1913
C'est le premier des deux poèmes que Blaise Cendrars a écrit en hommage à son ami Chagall.
C'est le poème que j'avais en tête en parcourant l'exposition que le musée de Grenoble consacre au peintre et à l'avant-garde russe.
Une exposition en tous points remarquable
C'est le poème que j'avais en tête en parcourant l'exposition que le musée de Grenoble consacre au peintre et à l'avant-garde russe.
Une exposition en tous points remarquable
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