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C'est à cet endroit même que commence le roman de Kem Nunn, un roman qui plonge son lecteur dans la réalité la plus sordide, celle des groupes industriels qui polluent sans remords et n'hésitent pas à engager des tueurs lorsque les associations de défense se font trop véhémentes. La trame est celle d'un roman policier, mais ce sont les conditions économiques et sociales de part et d'autre de la frontière qui constituent le véritable enjeu du roman.
La jeune femme qui pour échapper à ses poursuivants a failli mourir noyée est recueillie par un ancien surfer qui a eu son heure de gloire, mais vit désormais comme un loup solitaire, dans un cabanon au bord de la plage, loin des pièges de la surconsommation, au plus près des dunes et de l'océan. On pense en lisant le roman de Kem Nunn aux écrivains rangés sous l'étiquette de "nature writer", les Jim Harrisson, Edward Abbey, Rick Bass sauf que son domaine à lui, ce n'est pas la forêt ou la pêche à la mouche, mais l'océan, les vagues et le surf, un univers dont on sent bien qu'il est familier à l'auteur.
Tout l'art du romancier consiste à faire se heurter des univers a priori incompatibles, celui d'une activiste, militante de la cause des femmes , de l'écologie et de la justice économique, celui des entreprises industrielles et de leurs exécuteurs de basses-oeuvres, celui des vieux surfers, nostalgiques d'une Amérique libre et sauvage. Le choc est violent, l'issue du combat prévisible, ce qui n'empêche pas le lecteur de tourner les pages dans l'espoir que son pressentiment sera démenti !
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