Date de sortie du Swimmer : le 18 septembre 1968 !
La date était peut-être mal choisi, toujours est-il que le film n'était jamais sorti en France ... jusqu'à cet automne ! Et comme il n'en circule apparemment qu'une seule copie, il faut parfois attendre longtemps avant qu'il ne parvienne jusqu'à votre cinéma préféré. L'attente ne fait que renforcer le désir ... et accroître le risque de la déception...
Mais pas du tout ! The Swimmer est effectivement un film rare, un film exceptionnel.
La ligne narrative est simple : un homme, la cinquantaine alerte, plonge dans une piscine, en ressort ruisselant, accueillis par des amis de toute évidence très contents de le retrouver. Le ciel est bleu, la piscine magnifique, les amis sympathiques. On échange de menus propos et Ned, puisque tel est son nom, imagine soudain de rentrer chez lui en passant de piscine en piscine, puisque les propriétés qu'il va traverser sont toutes contigües.
Pour un peu, on se croirait dans un tableau de David Hockney, bien qu'il ne s'agisse pas de la Californie mais du Connecticut. Ce qui importe peu : les riches sont les même partout.
Le crawl de Ned est parfait, le monde dans lequel il se glisse est aussi enjoué que superficiel. Ned est le héros admiré de tous, l'aventurier dont on loue l'originalité.
Tout est-il donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas tout à fait. Car le ciel se couvre peu à peu et bientôt l'orage menace, l'eau des piscines est moins transparente, les amis se font moins accueillants, jusqu'à virer franchement hostiles. L'Odyssée triomphante de Ned devient chemin de croix, le voici blessé, il a froid, il est seul....
Le titre français, Le Plongeon, traduit bien la métaphore. Ned a effectivement "plongé" financièrement parlant, depuis quelques temps déjà, et pour tout bien ne possède désormais que son seul maillot de bain. Faillite d'une vie, faillite du "rêve américain", fragilité de la réussite, toujours éphémère, le film dit tout cela et plus encore. Splendeur et décadence ? On pense à Orson Welles ? Un vague écho de l'Ecclésiaste ? Vanité des vanités ....
Le film est en fin de compte beaucoup plus profond que la frivolité initiale ne le laissait présager.
Ne le laissez pas passer !
Le film a été réalisé par Frank Perry d'apès une nouvelle de John Cheever avec un But Lancaster au mieux de sa forme (de ses formes ? ) et malgré ce que pourrait laisser entendre l'affiche, le film est en technicolor !
"The Swimmer est une allégorie désenchantée sur les mirages de l’american way of life, une critique du culte de la réussite sociale, la description impitoyable d’un monde bourgeois superficiel, aseptisé et autarcique. The Swimmer, dans les marges du Nouvel Hollywood, est un bel objet postmoderne toujours à deux brasses du kitsch absolu mais dont le culot, énorme, s’accompagne d’une extraordinaire intelligence. " Un extrait de la critique des Inrocks datée du 23/11/2010
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