18 mai 2011

Statues pragoises

Sa statue domine la ville.
Mais de qui s'agit-il ? De Rilke ou de Kafka ? De Dvořák ou de Smetana ? De Kupka ou de Mucha ? De Jean Hus ? De Zátopek? De Vaclav Havel ? Et je n'ai même pas encore nommé un seul architecte !
Mais non ! L'homme dont la statue se trouve à l'entrée du Château n'est ni architecte, ni peintre, ni musicien, ni écrivain. Ni coureur de fond, ni théologien.
C'est Tomáš Garrigue Masaryk, qui après avoir proclamé en 1918 l'indépendance de la Tchékoslovaquie en devient le premier président en 1920. Un homme politique donc. Qui a tenu à ajouter à son nom, Tomas Masaryk, celui de sa femme, Charlotte Garrigue. Voilà pourquoi, sur le socle de la statue sont gravées trois lettres T. G. M.
Tomáš Garrigue Masaryk, un féministe ? Apparemment.

Des statues, à Pague, il y en a vraiment beaucoup. En particulier sur le Pont Charles, mais comme le pont est quasi inaccessible étant donné le monde qui s'y presse, je ne les ai pas beaucoup regardées. Certaines mériteraient sans-doute un bon décapage pour retrouver la couleur originelle de leur pierre. Mais les Pragois, apparemment, préfèrent les garder "en l'état".

Il y a donc, à Prague, toutes sortes de statues, des belles et des moins belles, des baroques et des modernes...


Des "Grâces" assez classiques ...















Des éphèbes plus ... nouveaux.

Et ...
un gros bébé joufflu, fessu, très contemporain, multiplié à trois exemplaires à côté du musée Kampa.


Vus de près, et de face, ces bébés géants feraient presque peur. Image d'une société devenue si mercantile que le code-barre tient désormais lieu de visage ? Image de notre déshumanisation à venir ?
Quoi qu'il en soit, dix de ces bébés de bronze sont déjà en train d'escalader la tour de la télévision tchèque. Prenez garde !

David Černý, l'auteur de ces surprenants "poupons" est un artiste pourvu d'un sens de la provocation et de la subversion particulièrement développé. Comme en témoigne son premier coup d'éclat : le char Joseph Staline, symbole de la libération de Prague par l'Armée rouge, repeint en rose (!) ou l'installation d'une statue du roi Venceslas, grand héros tchèque, sur un cheval mort suspendu par les pieds dans le passage Lucerna. Sans oublier cet étrange personnage accroché par une main à une poutre au-dessus d'une rue de Prague.

Et si quelque chose, dans le visage de l'homme suspendu, vous rappelle Lénine, ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard.

D'ailleurs, pour peu qu'on lève le nez en marchant dans les rues de Prague, on découvre parfois d'autres icônes de l'ère soviétique, comme cette version de "l'ouvrier et la kholkozienne" sur la façade d'un immeuble de la rue Na Příkopě : à elle, la faucille; à lui le marteau.



















Les statues pragoises, en fin de compte, excitent notre curiosité, nous séduisent, nous amusent, mais il en est une qui nous émeut particulièrement. C'est le mémorial aux victimes du communisme, réalisé par le sculpteur Olbram Zoubek et les architectes Jan Kerel et Zdenek Hoelzel.



















Ces hommes de bronze qui se désagrègent peu à peu au fil de l'escalier parlent d'eux-mêmes.
J'aurais aimé visiter le Musée du Communisme, mais je n'ai pas réussi à le trouver. Il était pourtant bien précisé sur l'affiche qu'il se trouvait "au dessus de Mc Donald's" ! Ironie de l'histoire.


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