10 août 2013

Chennai Express

Un film indien, c'est une fête en soi et quand il s'agit d'une première, la salle se remplit non pas de cinéphiles mais de familles entières bien décidées à profiter de leur soirée.
Et quand la star du film s'appelle Shar Rukh Kahn, c'est gagné d'avance car ce diable d'acteur sait vraiment tout faire, chanter, danser, aussi à l'aise dans les scènes de séduction que dans les bagarres.


Le  voilà donc embarqué dans le Chennai Express, qui du fin fond du Cachemire, doit le mener jusqu'à une île au large du Tamil Nadu pour verser dans la mer les cendres de son grand-père.
La jeune fille à qui il tend la main pour l'aider à monter dans le train se trouve être la fille d'un parrain maffieux; elle s'est enfuie pour échapper à un mariage forcé mais ne tarde pas à être rejointe par les sbires de son père qui ont pour mission de la ramener de force plus que de gré.
Inutile de raconter la suite, on croit la deviner mais un "happy end" indien ne se gagne qu'au bout de deux ou trois heures de péripéties, de quiproquos, de rebondissements, le tout mené à un rythme trépidant  dans un tourbillon aussi coloré que frénétique. Les ficelles sont grosses, les effets comiques pas toujours légers, mais l'énergie déployée par les acteurs est telle qu'on se laisse emporter sans même s'étonner des invraisemblances. On est à mille lieues des diktats de Boileau : ni unité de lieu, ni unité de temps, ni surtout unité de genre ! On passe du rire aux larmes et de la tragédie à la farce sans reprendre son souffle :  vrai dépaysement ! 

Mais si j'aime  à ce point le cinéma indien c'est parce qu'il parvient à faire ce que le cinéma occidental ne parvient apparemment plus à faire :  inciter à la réflexion sous couvert d'un divertissement grand public. Plaire et instruire? Plaire pour instruire. Dans Chennai Express les uns parlent hindi, les autres tamoul et les uns et les autres ne se comprennent que par la grâce des sous-titres ou de la troisième langue, le pinyin english. Voilà pour le plurilinguisme  et la  difficulté à se comprendre dans un pays où ethnies, religions, classes sociales ne cessent de s'affronter. Quant aux croyances, aux traditions, elles sont passablement bousculées elles aussi, mais sans méchanceté, sans acrimonie.
Le plaidoyer de Kahn en faveur du mariage d'amour est un véritable morceau d'anthologie ... mais le bel Indien devra malgré jouer des poings et montrer son courage avant de conquérir sa belle.

Ce film est en réalité plein de clins d'oeil, de références qui nous échappent en grande partie mais que nous pouvons deviner. Ils en constituent à n'en pas douter la substantifique moelle.

 

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