Une silhouette au premier plan, une autre en arrière plan. La première à contre-jour, la seconde en pleine lumière. Même coupe de cheveux, même petite robe à manche courte. La photo ne cesse de fasciner.
Construite de la même façon, il y a aussi celle du vieil homme d'un côté de la rue et du marin de l'autre côté de la rue; celle du journal froissé devant la longue perspective d'une allée pavée. Et bien d'autres encore. Comme si ce qui intéressait avant tout Sergio Larrain, c'était la profondeur de champ. Une sorte de mise en abîme, comme dans cette photo de pêcheurs de Chiloe, prise depuis l'intérieur du bateau.
Profondeur de champ ? Profondeur du regard plutôt, ou bien acuité, ou bien encore intensité.
Difficile en effet de ne pas penser au film de Bunuel, Los Olvidados, en regardant certaines photos de Sergio Larrain. Bunuel s'est intéressés aux laissés-pour-compte de la société mexicaine, Larrain aux gamins des rues de Santiago.
Un oeil entrouvert derrière des cheveux en broussaille, deux pieds nus crasseux au-dessus d' une grille, ce sont des photos que je ne suis pas près d'oublier.
http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=CMS3&VF=MAGO31_10_VForm&ERID=24KL535Z8S
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/06/30/sergio-larrain-un-illumine-aux-rencontres-d-arles_3439212_3246.html
http://www.espritsnomades.com/artsplastiques/larrain/larrain.html
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