Carlos Lechuga situe son film dans les années 80, et met en scène Santa, une jeune paysanne un peu obtuse, chargée de surveiller pendant les 3 jours d'un énième Congrès sur la Paix un écrivain dissident qui a déjà fait 8 ans de prison et vit désormais reclus à la campagne. Andrès est de surcroît homo et l'on sait que jusqu'à il y a peu, les homosexuels étaient considérés comme de dangereux contre-révolutionnaires.
Le face à face entre le "gusano" indolent, à la mise négligée et la femme du peuple, serrée dans ses certitudes comme dans ses vêtements, qui transporte chaque jour sur des kilomètres sa chaise en bois pour s'assoir en face de la misérable baraque qu'elle doit surveiller, est à la fois désopilant et consternant. Au début du film en tout cas car la paysanne est peut-être moins obtuse qu'elle n'en a l'air et l'idéologie ne lui a pas fait perdre toute humanité. Ce qui n'est pas le cas de son responsable, version caricaturale de l'orthodoxie castriste.
Il fallait je suppose une certaine audace à Carlos Lechuga, ancien élève de l'Ecole Internationale du Cinéma et de la Télévision, pour mettre en question de façon aussi frontale l'idéologie d'un régime en place qui n'a d'ailleurs pas tardé à interdire le film sur son territoire. C'est donc une chance qu'il ait été sélectionné par Ojoloco et qu'il soit visible à Grenoble. (deuxième projection jeudi 30 Mars 15h45).
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