Le décor du film ? Une "grande surface", vraiment très grande, que l'on prendrait plutôt pour un entrepôt si l'on n'apercevait de temps en temps les silhouettes de quelques clients affairés. Mais ce n'est pas sur eux que le réalisateur, Thomas Stuber, a choisi de poser son regard. Non, les gens auxquels il s'intéressent sont ceux qui toute la journée remplissent les rayons, stockent, remettent de l'ordre, transportent des tonnes et des tonnes de marchandises.
Parmi eux, Christian, le "bleu" qui vient tout juste d'être engagé, timide et maladroit et c'est le premier temps de la valse. Marion, du rayon confiserie, dont le sourire malicieux fait bien entendu craquer Christian et c'est le deuxième temps de la valse. Bruno, le chef de rayon, le mentor de Christian, aussi bourru que bienveillant et c'est le troisième temps de la valse.
Ces trois personnages et leurs collègues forment une micro société que Thomas Stuber observe avec le regard d'un entomologiste. Chacun a sa part lumineuse et sa part d'ombre, ses rêves et ses cauchemars, ses forces et ses faiblesses, souvent bien cachées, que le film dévoile peu à peu.
Il faut entrer dans le non-dit de ce film, ne rien manquer des images, se laisser porter par le rythme - lent forcément puisqu'il ne s'agit pas d'un film d'action - saisir beaucoup et deviner encore plus ! Le film alors devient jubilatoire.
La photographie est visiblement inspirée de la photo objective allemande des années 70. On pense - un peu à Andreas Gursky qui sait si bien mettre en évidence la démesure de notre habitat. Les couleurs claquent avec une dominante bleue, comme les blouses des employés et jaune comme les chariots élévateurs qui filent constamment dans les allées. L'ouverture du film , sous fond de valse de Strauss, est un ballet soigneusement chorégraphié d'engins qui se croisent dans les allées. D'ailleurs toute las bande son joue sur le contraste entre l'univers de l'hyper marché et des références musicales à la fois classiques et populaires.
Le film est lent, les images d'une grande précision. Pas de bavardages inutiles, les regards, les attitudes suffisent à dire, à suggérer. Pas de grands effets non plus, mais un quotidien scruté avec une attention qui n'est pas dépourvue de tendresse. Comme dans la scène où Christian offre à Marion un gâteau d'anniversaire !