02 juin 2019

Bruce Holbert, Whiskey


Le titre tout d'abord, et la réputation de l'auteur m'ont poussée vers ce roman qui en fin de lecture me laisse passablement perplexe. C'est me semble-t-il un roman trop intelligent, trop travaillé pour vraiment séduire. Comme s'il s'agissait avant tout pour l'auteur de montrer son savoir-faire qui est, j'en conviens incontestable, mais entrave l'adhésion spontanée au récit.


Il y a d'abord cette chronologie fracturée, un procédé un peu trop souvent employé dans la littérature contemporaine qui contraint le lecteur à une gymnastique intellectuelle et à un effort de mémorisation puisque le récit passe continuellement d'une époque à une autre (3 en tout ) chacune de durée variable  (quelques semaines, quelques mois, quelques années). Le procédé permet de restituer, par bribes, le passé des personnages en même temps que leur présent; en faisant correspondre à chacune des périodes un terme biblique (Exode, Lamentations, Genèse) l'auteur ouvre de surcroit la porte aux exégèses religieuses, mais je crains que cet effort pour structurer le récit ne fasse que l'alourdir..

Il est en effet difficile dans ses conditions de s'attacher aux personnages qui ne semblent exister que comme les éléments d'une démonstration abstraite.

Le roman malgré tout n'est pas dépourvu d'intérêt : il laisse entrevoir les espaces encore sauvage du Nord Ouest américain, met en scène une Amérique passablement déjantée qui se perd dans l'alcool et la violence,  et s'interroge sur les liens indéfectibles entre les deux frères, Andre et Smoker, au centre du roman. Mais en dépit de ses qualités, ce roman de Bruce Holbert ne m'a pas enthousiasmée. J'essayerai malgré tout de lire un autre de ses romans avant de renoncer définitivement.



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