18 juin 2020

Aelita


Aelita est un film étonnant qui s'est retrouvé je ne sais comment parmi mes DVD. Un film russe de Jacob Protozanov qui date de 1924. Muet donc et en noir et blanc. Il fallait bien un dimanche après-midi gris et vaguement pluvieux pour me décider à le regarder.

Et pourtant, quel film que cet Aelita qui mélange tous les genres ou presque : le mélodrame, l'enquête policière, la science-fiction, l'onirisme et la propagande politique ! Rien de moins.


On est en Russie, au tout début des années 20 et donc de l'URSS lorsque l'art et la politique marchaient encore main dans la main. Au tout début aussi du constructivisme qui marque le film de son esthétique : les décors et les costumes réalisés par Alexandra Exter sont certes datés, mais tout à fait remarquables. La restauration numérique est en tout cas une réussite et permet d'apprécier pleinement tout ce qui relève du visuel dans le film.
Le scénario adapté d'un roman d'Alexis Tolstoi est assez complexe puisqu'à l'histoire d'amour entre l'ingénieur Los et sa jeune épouse (les intellos), s'ajoute l'histoire du jeune soldat et de son infirmière (les prolos), celle d'un couple d'escrocs (issus évidemment de la  bourgeoisie !) sans oublier l'enquête du détective privé pas très futé.
Quant aux épisodes censés se passer sur Mars ils relèvent franchement de la fable politique et pour tout dire de la propagande avec la tentative de récupération d'une révolution populaire par un tyran. Une tyranne en fait si le mot existait !
Je ne sais comment le film a été reçu à sa sortie, mais 96 ans plus tard, avec le recul historique, ce film est passionnant aussi bien par ce qu'il révèle de l'idéologie soviétique que par son esthétique.


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