Le cinéma - comme la littérature - pour découvrir des personnages, des milieux, des histoires qui ne ressemblent en rien à la mienne, voilà ce que j'attends à chaque fois que je vais voir un film ou que j'ouvre un livre.
Le film d'Isabel Sandoval, Brooklyn secret, répond tout à fait à cette attente. D'abord parce que le Brooklyn dont il est question n'est pas celui des bobos, et autres hipsters. Non, c'est celui des immigrés, certains depuis plusieurs générations et déjà très intégrés; d'autres plus récents et encore sans papiers comme c'est le cas d'Olivia, une jeune femme originaire des Philippines qui s'occupe d'Olga, une vieille dame d'origine russe qui n'a plus toujours sa tête.
Lorsque revient, après un an d'absence inexpliquée (prison?), le petit-fils d'Olga, la famille décide qu'il doit loger chez sa grand-mère pour s'en occuper. Se noue alors, comme on pouvait s'en douter une liaison amoureuse entre Alex et Olivia.
Pourtant, rien n'est évident dans cette relation, parce que rien n'est évident dans la trajectoire de l'un et de l'autre. Alex travaille dans un laboratoire, mais sa propension à l'alcoolisme, son goût de la fête et son insouciance risquent de lui faire perdre son job. Olga, consciencieuse et travailleuse, harcelée par sa famille à qui elle envoie régulièrement de l'argent, vit constamment sur ses gardes, terrorisée à l'idée de se faire arrêter et renvoyer aux Philippines.
La réalisatrice, qui a sans doute mis beaucoup d'elle même dans son film, ne serait-ce que parce qu'elle en interprète le rôle principal, réussit par une mise en scène subtile et sensuelle, tout en clair-obscur et en demi-teintes, à souligner les émotions souvent intenses de ses personnages comme suspendus dans le vide, puisqu'ils n'appartiennent ni tout à fait à un monde, ni tout à fait à un autre. Le discours n'est en rien moralisateur, ou didactique, c'est plutôt par l'empathie qu'Isabel Sandoval cherche à toucher le spectateur. Et y parvient !
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