28 juin 2020

Ernest J. Gaines, Catherine Carmier


Je croyais avoir lu tous ses livres, mais non, puisque je viens d'en découvrir un autre : Catherine Carmier m'a paru toutefois moins immédiatement emballant que  ... Colère en Louisiane ou Dites-leur que je suis un homme. Peut-être parce que ce qui se passe entre les différents personnages n'est pas explicite, et ce ne l'est pas parce que eux-mêmes ne sont pas toujours très au clair avec leurs émotions, leurs sentiments.
Le roman, qui se passe dans une petite ville de Louisiane, tourne autour de Catherine Carmier, de sa famille et de Jackson, un ami d'enfance parti un temps en Californie et revenu au pays mais sans l'intention d'y rester. La relation qui se noue entre Catherine et Carmier n'a rien de surprenant, mais, et c'est toute l'originalité du roman, elle est rendue impossible par leurs couleurs de peau.


Ernest Gaines, comme dans tous ses romans, parle de racisme et l'on n'est pas surpris de voir ici l'antagonisme entre les Créoles et les Noirs, les premiers grignotant petit à petit toutes les terres ce qui contraint les Noirs à quitter  la région. Mais dans ce roman, l'écrivain aborde également la question du racisme entre Noirs, la couleur de peau faisant toute la différence pour Raoul, le père de Catherine, un homme intransigeant et borné qui ne peut concevoir que sa fille, à la peau si claire, fréquente un homme à la peau plus foncée. Les choses bien sûr ne sont pas dites aussi platement, parce que la palette des sentiments est infinie et parce que ce racisme relève du non-dit :  ce n'est qu'en progressant de page en page que l'on découvre la tragédie qui a marqué à jamais la famille.

Ernest Gaines est de ces écrivains habiles qui autour de 2 ou 3 personnages principaux, crée en fait toute une communauté avec une poignée de personnages -  hommes ou femmes, jeunes ou vieux -  qui chacun représente une façon d'être Noir, une façon différente d'être au monde. Parce que, blanc ou noir, le monde est complexe et les réactions des êtres humains souvent ambigus.

Aucun commentaire: