Cela fait bien longtemps que je n'avais pas vu de film slovaque. Cela fait bien longtemps aussi que je n'avais pas vu de jeunes séminaristes en soutane ! Un accoutrement qui se révèle presque aussi photogénique que dans les photos de Mario Giacomelli auxquelles on ne peut s'empêcher de penser tout au long du film tant la séduction de ce noir et blanc est grande. Outre les soutanes des séminaristes il y a aussi l'architecture du séminaire, murs blancs, couloirs vides, dont le cameraman souligne la grandeur écrasante par de magnifiques plans; je pense en particulier à cette cour carrée filmée depuis très haut en contreplongée, un plan qui revient à plusieurs reprises et suggère bien sûr l'enfermement, autant que la pesanteur de l'idéologie.
Le premier atout du film est incontestablement sa beauté visuelle. Et le mode de narration, très élliptique, choisi par le réalisateur, qui suggère sans jamais être totalement explicite. Ce qui convient parfaitement à la situation décrite, où tout le monde fait l'objet de soupçons et chacun doit apprendre à se méfier de chacun, y compris et surtout de ceux que l'on croit connaître
Deux jeunes séminaristes se retrouvent ainsi pris au piège d'une hiérarchie religieuse qui a prêté allégeance à la dictature politique (on est en Tchékoslovaquie dans les années 80 !) alors même qu'une résistance, soutenue en secret par le Vatican, s'est organisée à l'intérieur du séminaire, La collusion de l'Eglise et de l'Etat ! Le film est certes historique, mais le sujet reste plus que jamais d'actualité ! Quelle que soit la religion. Quel que soit l'Etat !
Le titre anglais The servants me paraît à cet égard beaucoup plus riche de possibilités que "Les séminaristes". Le terme existe en français pour désigner les auxiliaires de messe dans l'Eglise catholique, , mais il existe bien des possibilités de servir : la messe ... Dieu... l'Eglise... ou le Parti... comme il existe toutes sortes de servitudes, volontaires ou non. Autant de pistes de réflexion que le film suggère. Ivan Ostrochovský n'en est peut-être qu'à son deuxième film, mais c'est définitivement un cinéaste à suivre.
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