10 juin 2021

Une vie secrète

 L'histoire est pour le moins surprenante : pour échapper aux milices de Franco, un homme se réfugie dans un trou creusé dans sa maison. Le temps d'échapper aux recherches. Oui mais ! On est en Andalousie, en 1936 et ce n'est pas le camp d'Higinio qui sort vainqueur de la guerre civile. 

Ils sont trois - Jon Garaño et Aitor Arregi avec Antonio de la Torre - à signer l'histoire de cet homme qui a vécu pendant 30 ans terré comme une bête au fond d'une cave. L'histoire de cet homme et de sa femme, sa complice, sa protectrice, celle qui pourvoit à tous ses besoins, qui assure sa sécurité comme son alimentation. Une vie secrète est une histoire d'enfermement, mais aussi et surtout une histoire de dépendance et de renoncement difficile à imaginer.  Pourtant, le film ne fait que reconstituer le sort de ceux qui jusqu'à l'armistice de 1969 ont vécu comme des taupes pour échapper aux représailles, aux vengeances, à la haine. 

Les conditions de vie de ce couple sont minutieusement reconstituées et donc inscrites dans une réalité quotidienne, mais le sentiment d'effarement provient du fait que les années passent, que le monde extérieur change, mais que l'enferment et l'obligation du secret demeurent. 

Le couple, par un subterfuge que je ne dévoilerai parvient à avoir un enfant, contraint lui aussi de vivre dans la dissimulation. et l'on comprend, à travers lui, que c'est toute une génération qui a vécu jusqu'à la mort de Franco dans la peur et le mensonge. Une réalité  historique dont l'image, mieux sans doute que la parole, fait ressentir la pesanteur et l'absurdité.


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