Une grève dans la Russie de Khroutchev ! Voilà qui est inattendu, surtout pour les représentants des autorités locales, vite dépassés par les événements .
Lioudmilla, que l'on a vu sortir du lit de son amant pour aller se procurer les rations alimentaires réservées aux huiles du Parti, est l'une de ces fonctionnaires, farouchement convaincue de la nécessité de s'opposer, y compris par la force, à toute tentative de protestation. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté alors même que les salaires ont été diminués ? Qu'importe. Elle ne doute à aucun moment du bien fondé de ces décisions puisqu'elles émanent des autorités supérieures. Lioudmilla est de bonne foi. Fanatique mais de bonne foi. Un portrait terrifiant des effets de la propagande, alors même qu'elle profite des privilèges réservés aux serviteurs du parti.
Le film d'Andrey Konchalovsky ne raconte par une lente prise de conscience devant la réalité des faits, parce qu'il n'y a pas de rationalisation possible pour un cerveau embrigadé. Ce qui finalement fait vaciller les certitudes de Lioudmilla, c'est son instinct maternel, le danger que court sa fille partie rejoindre le cortège des manifestants.
En optant pour une mise en scène certes classiques, mais terriblement efficace, le réalisateur permet au spectateur de se projeter sans difficulté dans cet épisode peu connu de l'histoire de l'URSS. Mais la relation de faits historiques n'a d'intérêt que si elle permet d'établir un rapprochement avec notre présent. Et en l'occurrence de mettre en lumière deux conceptions radicalement antagonistes : l'idéologie et l'humain.
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