15 novembre 2021

Maggie O'Farell, Hamnet

A force de trop lire, le plaisir de la lecture s'estompe parfois. Mais il suffit de retomber sur un très bon livre, pour que le plaisir réapparaisse, encore plus intense. Pourtant ce n'était pas gagné : un roman inspiré en partie par la biographie de Shakespeare, alors que l'on sait très peu de choses sur la vie du grand dramaturge.... Visiblement, c'est ce "très peu de chose" qui a permis à Maggie O'Farrell de tout imaginer ou presque et avec quel talent !


Dès les premières pages, le roman emballe par la précision des descriptions, qu'il s'agisse de faire le portrait d'un personnage ou de décrire un lieu. Cela pourrait être ennuyeux, c'est juste époustouflant de justesse, de verve, de délicatesse. Et lorsqu'il s'agit de faire vivre ses personnages Maggie O' Farrell fait preuve d'une inventivité aussi étonnante : une famille mal recomposée, une jeune fille fantasque, un frère très protecteur, une autre famille ruinée par les magouilles d'un père autoritaire et violent,  un adolescent rêveur ... l'histoire d'amour entre la jeune fille à la crécerelle et le jeune précepteur est bien trop romanesque pour être tout à fait vraie, mais qu'importe ! On se laisse emporter par la fougue du récit, jusqu'à ce que la tragédie survienne. C'est le moment où la lecture devient difficile parce que soudain tout devient trop réaliste, et que le chagrin d'une mère est incommensurable. C'est le moment aussi où l'on se dit que l'écriture de Maggie O'Farrell est trop efficace et que loin d'épargner son lecteur, elle le plonge dans un deuil insupportable. Alors on tourne la tête, ou plutôt les pages, on saute un paragraphe pour reprendre un peu plus loin. Non, ce n'est pas une lecture orthodoxe. Mais on lit comme on peut !  Car quelle que soit la part de la fiction dans le récit et quelle que soit la distance historique, c'est de la mort d'un enfant qu'il s'agit.

En tout cas une chose est sûre, dès que j'en aurai l'occasion, je lirai un autre roman de Maggie O'Farrell, tellement plus passionnant que les auto-fictions et les romans bricolés pour coïncider avec les préoccupations du moment.


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