30 juin 2022

Vivre le cubisme à Moly-Sabata

 

 

 Albert Gleize, Les clowns, 1917 

C'est une toute petite exposition, mais elle n'en est que plus intéressante. Moly-Sabata, c'est l'histoire d'une maison et de ses habitants, une communauté d'artistes fondée par Albert Gleize où se sont retrouvés dans les années 20 quelques personnes qui partageaient les mêmes envies, celle d'une vie en quasi autarcie où chacun participe aux travaux du potager et à ceux de la maison, sans pour autant empiéter sur le désir de création et l'envie d'une vie intellectuelle et artistique particulièrement riche.

Devenu "Résidence d'artistes", Moly-Sabata perpétue le souvenir de ses premiers habitants et continue, d'une certaine façon, de faire vivre cette colonie artistique dont le Musée de l'Ancien Evêché retrace le parcours. Tout l'été visite guidées et ateliers devraient permettre de retrouver quelque chose de l'esprit de ces pionniers. 



 

29 juin 2022

Elvis

 Oui c'est bien d'Elvis Presley qu'il est question dans ce film, mais pas seulement et il aurait sans doute été plus judicieux d'intituler le film Elvis et son manager, ou Elvis et le Colonel Parker. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. D'un contrat léonin et d'une relation toxique entre un jeune homme fou de musique et un individu sans scrupule avide de fric. Est-ce que le film correspond à la réalité historique, je n'en sais rien, mais on imagine facilement que le cas d'Elvis n'est pas unique dans le milieu du showbizz. 

D'ailleurs, le film de Baz Luhrmann pourrait presque servir de mise en garde adressée à tous les postulants au star-système, à la gloire facile et à l'argent. Mais ce n'est pas vraiment son propos, ou alors très indirectement parce que le film est clinquant, tonitruant est sacrément bling-bling. Ce qui n'est pas inapproprié quand il s'agit d' Elvis Presley et de ce que l'on croit savoir sur lui. 

Le film montre aussi, de façon sans doute un peu caricaturale la fascination qu'exerçait sur ses fans, Elvis et son fameux déhanchement, si terriblement suggestif, qui venait réveiller les fantasmes d'une Amérique encore très corsetée dans son puritanisme. 

Et puis quelques échos des chansons d'Elvis, à garder dans l'oreille après le film,  ce n'est pas désagréable. 


 


28 juin 2022

Ji-Youn Demol-Park

 
Le musée Hébert est un de mes lieux préférés. Il y a toujours quelque chose à y découvrir, que ce soit dans le parc, si terriblement romantique à la saison des pivoines, ou dans les salles du musée lorsqu'elles accueillent des artistes d'aujourd'hui comme Ji-Youn Demol-Park, une artiste coréenne tombée amoureuse des Alpes.  
 

  Bien que n'étant pas particulièrement fascinée par les montagnes, j'ai malgré tout admiré la finesse et la précision de son trait, sa légèreté surtout. Mais ce qui a fini de me convaincre c'est le regard que l'artiste porte sur les arbres. 
 
Ji-Youn Demol Park a une façon bien à elle d'aller à l'essentiel. De dépouiller ses tableaux de tout ce qui est accessoire.


 
Et le film qui clôt l'exposition est particulièrement intéressant. A ne pas manquer.  

27 juin 2022

Shannon Pufahl, Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents

Je suis depuis quelques années les publication du Picabo River Book Club, un club de lecture pour les passionnés de littérature américaine. Régulièrement des livres sont proposés par tirage au sort. Pour la première fois j'ai tenté ma chance et ... gagné ! Les éditions Albin Michel m'ont donc envoyé un exemplaire de ce livre et j'ai toute liberté pour le chroniquer.


Au vu du titre et de la couverture, l'imagination s'emballe. On pense aux Misfits, on rêve de grands espaces, de liberté. C'est un peu cela,  mais pas tout à fait. Parce que  le roman de Shannon Pufahl n'est pas un roman d'aventures, et le rythme de son écriture est plutôt celui de l'amble que du galop. 

Il faut donc un certain temps pour s'habituer à l'écriture de Shannon Pufahl, pour se familiariser avec les personnages, comprendre à demi-mots les enjeux du roman, surtout ne pas oublier que le récit est situé dans les années 50. Assez vite on voit émerger deux personnages, Muriel et Julius. Mais ce n'est que peu à peu que l'on comprend ce qui les rapproche. Muriel est originaire du Kansas, qui ne passe pas pour l'Etat le plus avant-gardiste.  Depuis son mariage avec Lee, elle vit au Sud de la Californie, pas très loin de la frontière du Mexique. Elles est mariée, serveuse dans un restaurant. Une vie modeste dans une maison modeste. Julius est son beau-frère. Comme Lee il a fait la guerre de Corée, mais il n'a pas été libéré en même temps. Il avait promis de s'installer avec Lee et Muriel mais il tarde à les rejoindre.... 

Shannon Pufahl mutliplie les fausses-pistes  - un amour naissant entre Muriel et Julius ? la tentation de l'adultère ?  d'un ménage à trois ? une addiction aux courses de chevaux ?  aux jeux de cartes et d'argent ?  Autant de façons de cerner le malaise de ces deux personnages qui s'interrogent sur leurs vrais désirs aussi bien que sur leur place dans la société. L'Amérique des années 50 est terriblement conformiste et il est mal vu de s'écarter des normes, ce que font pourtant Muriel et Julius. 

Bien que désarçonnée au départ par l'apparente mollesse du récit, j'ai peu à peu compris qu'il s'agissait en fait d'accéder progressivement à l'intimité des personnages, perdus dans leurs propres incertitudes, leurs propres hésitations, mais qui finissent par s'affirmer, et accepter que leurs choix ne soient pas conformes à ce qu'impose la société. Cette mollesse qui m'apparaissait au début comme une faiblesse du roman en constitue en réalité la force.

21 juin 2022

Les passagers de la nuit

Je me suis enfin décidée à aller voir le film de  Mikhaël Hers qui est à l'affiche depuis un certain temps déjà. Pourquoi traîner autant ? Bof, les histoires de famille... Mais j'en conviens le film n'est pas désagréable. 

D'abord parce que les images de Paris la nuit, même si certaines font un peu clichés, sont très belles. Question d'éclairage sans doute, mais de nuit, des immeubles a priori sans charme se révèlent très différents et l'on découvre, dans ce film des quartiers qui gagnent sans doute à être connus.

Mais Paris n'est, dans le film qu'un décor pour un portrait de femme, larguée par son mari, qui doit peu à peu se reconstruire et ajouter à son rôle de mère de famille, un rôle de femme à part entière,  indépendante et responsable. La rencontre avec une jeune fille passablement paumée sert de déclencheur et apporte un peu de complexité à un scénario qui risquerait d'être un peu trop plat.t Mais si j'ai apprécié le jeu de la jeune Noée Abita, celui de Charlotte Gainsbourg, tout en minauderies, m'a très vite lassée.

Un mot encore : la reconstitution des années 80 est plutôt bien faite, mais à retrouver la mode et les coiffures de ces années-là, on n'est pas mécontent d'être passé à autre chose ! C'était quand même assez vilain !

19 juin 2022

Incroyable mais vrai

 Rubber, Au poste, Mandibule, Le Daim et maintenant Incroyable mais vrai. Avec Quentin Dupieux, on ne sait jamais à quoi s'attendre, mais on sait que de toute façon on sera surpris. Pas forcément séduit mais étonné, intrigué. Et c'est le cas avec son dernier film. 

Incroyable mais vrai est à la fois une farce et une fable. Une farce un peu lente, et un peu lourde (mais n'est-ce pas le principe même de la farce ?) qui permet à la fable  de se développer et donc à la réflexion de se construire. Un couple lambda, genre français moyen, achète une maison et y découvre un conduit qui permet d'accéder à un espace susceptible de faire reculer le temps au rythme de 3 jours toutes les 12 heures. Quel usage faire de cette découverte ? C'est la question qui traverse le film,  mais pour faire bonne mesure, le réalisateur ajoute un deuxième couple,  "macho + chaudasse", ce qui lui permet de doubler la farce avec une question encore plus grotesque : que faire d'une "bite électronique" lorsqu'elle tombe en panne ?

Le propos de Quentin Dupieux est clair  : il s'agit de dénoncer l'obsession de la virilité (le sexe, les voitures, les armes) et celle de la féminité (tout dans le physique, rien dans la tête). Le film fonctionne sur cette double caricature, et les quatre acteurs sont parfaits dans leurs rôles. Oui, mais... la caricature est forcément réductrice et j'ai trouvé le propos un peu court. Avec un tel sujet - la manipulation du temps, la suspension de l'irréductible, de l'implacable écoulement temporel, on pouvait sans doute aller plus loin, imaginer qu'un simple retour en arrière permettrait de modifier un destin,  d'empêcher un accident, une rencontre,  un résultat électoral, une déclaration de guerre ... Revenir en arrière et faire d'autres choix ... Définitivement un autre film !

18 juin 2022

Le cabinet Rembrandt

C'est un tout petit portrait, un petit carré d' à peu près 5 cm de côté. Juste des trait plus ou moins grands, plus ou moins serrés, des hachures et cela suffit à faire apparaître la figure du peintre : les cheveux en bataille, les lèvres en cul de poule, les yeux écarquillés à force de scruter le miroir. Rembrandt aux yeux hagards. C'est le titre de la gravure présentée avec quelques autres depuis le 24 Mars et jusqu'au 23 Juillet au Couvent Sainte Cécile de Grenoble. 

Une présentation à la fois ludique et didactique permet de découvrir l'extraordinaire talent du peintre hollandais dans le domaine de la gravure. Autoportraits, mais aussi scènes de genre, ou scènes religieuses , quelques nus et scènes exotiques donnent une idée de l'ampleur de son travail et de la diversité de ses intérêts. Et pour avoir une fois visité sa maison, je me dis que j'aurais bien aimé connaître ce monsieur et le voir travailler. Car d'une gravure à l'autre c'est le geste qu'on essaye d'imaginer.

 https://www.couventsaintececile.com/de-lombre-a-la-lumiere/

14 juin 2022

Gil Adamson, La Veuve

 

 
Déjà 4 couvertures pour un seul et même roman paru en 2009 ? De toute évidence il a trouvé ses lecteurs!  J'ai pour ma part commencé par le second, Le Fils de la veuve, mais cela n'a entamé en rien mon plaisir parce que même si les deux romans ont beaucoup en commun, ils sont parfaitement autonomes et peuvent se lire séparément.  

La veuve est une jeune femme de 19 ans en fuite. Elle a perdu un enfant, elle a tué son mari et elle est poursuivi par ses deux beaux-frères. L'histoire se déroule au début du XXe siècle dans les paysages du grand Nord canadien et le roman , c'est son premier atout, s'inscrit parfaitement dans cette littérature des grands espaces qui désormais nous fait rêver.  Comment cette jeune femme parvient-elle non seulement à échapper à ses poursuivants, mais tout simplement à survivre, au froid, à la faim, au manque de sommeil, à la fatigue, à tous les dangers qui menacent la fugitive ? C'est la question qui fait tourner les pages et met le lecteur dans l'impossibilité de poser ce livre, un peu polar, un peu western. Tout n'est peut-être pas vraisemblable, mais qu'importe puisqu'on est dans la fiction, bien documentée, certes mais fiction quand même. Ce qui étonne  - et ce qui séduit  - c'est l'énergie, le courage, de cette jeune femme que l'on croit parfois au bout du rouleau, mais qui toujours se relève, poussée par une force de vie inépuisable. 

Gil Adamson, qui en était alors à son premier roman est une écrivaine habile qui sait interrompre la trame principale et quitter momentanément Marie, la jeune veuve, pour s'intéresser à d'autres personnages, à ses poursuivants par exemple aussi tenaces qu'elle, ou à des individus croisés par hasard qui lui apportent au bon moment l'aide dont elle a besoin. Et ces personnages, bien que secondaires sont tout aussi joliment campés que l'est Mary.  

Reste à comprendre pourquoi ce roman n'a pas encore été adapté au cinéma ?  Si j'étais cinéaste, je n'hésiterais pas !

09 juin 2022

Benjamin Myers, Au large

 

 

Robert est un adolescent d'un petit village perdu du Yorkshire qui, un jour prend le large. Il part pour fuir une existence morne; il part pour échapper à un destin tout tracé : il sera mineur comme son père; il part sans savoir où son chemin le mènera et comme on est au sortir de la guerre, celle de 40, il part à pied. Il marche, travaille dans les fermes pour le gite et le couvert, dort parfois à la belle étoile... et arrive par hasard chez Dulcie, une femme qui vit seule dans un petit cottage envahi par les herbes, pas très loin de la mer. 

Les descriptions que fait Benjamin Myers des paysages traversés par son personnage sont suffisamment précises et poétiques pour donner envie au lecteur d'aller à son tour arpenter les landes et les forêts de cette région d'Angleterre. L'autre talent de l'écrivain est la mise en bouche des dialogues entre les deux personnages qui peu à peu s'apprivoisent. Une jolie relation entre un gamin de 16 ans, du genre taiseux,  qui n'a pas encore vécu grand chose et une femme de 50 ans un peu brusque, qui s'est volontairement coupée du monde et prétend n'attendre rien de personne. 

J'ai parfois l'impression que les écrivains anglais ont l'art de faire se rencontrer des personnages dont on se dit dès le départ qu'il s'agit du mariage de la carpe et du lapin. De mariage il n'est ici pas question, ni même d'amour, mais entre ces deux êtres que tout à priori oppose, des affinités se créent malgré tout. Qui se ressemble s'assemble ? C'est ce que veut nous faire croire la sagesse populaire.  S'intéresser à celui qui ne vous ressemble pas, s'ouvrir à la différence me paraît nettement plus intéressant.

 



08 juin 2022

Natsuko Imamura, La femme à la jupe violette

La Femme à la jupe violette est un livre étrange, aussi étrange que les personnages au coeur du roman  : la femme à la jupe violette, qui jour après jour s'assoit sur le même banc pour manger sa brioche à la crème suscite la curiosité,  mais celle qui la regarde, l'observe, l'épie et porte toujours un cardigan jaune est tout aussi bizarre. C'est elle la narratrice et son point de vue devient forcément celui du lecteur, qui, comme elle, suppose, interprète, imagine. Et se retrouve en position de voyeur ! Plus troublant encore, la femme au cardigan jaune, parvient à force de manigances à manipuler la femme à la jupe violette. A la faire engager dans l'hôtel où elle même travaille .... Un jeu de chat et de souris ? Peut-être mais ce n'est pas certain....

Oui, le roman de Natsuko Imamura surprend. Parce que le comportement insolite de ces deux femmes, apparemment aussi maniaques l'une que l'autre contraste (ou au contraire correspond) avec l'univers codifié de la société japonaise dans laquelle elles évoluent. Et parce que l'écriture,  qui paraît à première vue un peu plate (effet de la traduction ?) se révèle en fin de compte en adéquation avec les obsessions du personnage. 

Est-ce qu'au final cela fait de La Femme à la jupe violette un bon roman ? Je ne sais pas.


07 juin 2022

Le Bleuet

 


 On dit d'elle que c'est la plus grande librairie française en milieu rural.  Et je le crois volontiers, car d'un escalier à l'autre, d'une salle à une autre, les étagères de livres semblent ne jamais devoir finir. Un labyrinthe dans lequel nul lecteur ne craint de se perdre, puisqu'il trouvera toujours de quoi satisfaire sa curiosité.

Bien sûr il y a Le Furet à Lille, Mollat à Bordeaux, Actes Sud à Arles, Arthaud à Grenoble et quelques autres que j'ignore. Mais Le Bleuet, c'est une librairie au milieu de nulle part ou presque. Elle est située à Banon, un petit village de Haute-Provence qui compte à peine plus d'un millier d'habitants ! Et c'est, forcément, un point de ralliement pour tous les lecteurs de la région, et même de bien plus loin !


 


06 juin 2022

04 juin 2022

Le marché d'Aix en Provence

 

Sur le marché  d'Aix et dans les rues avoisinantes, il y avait ce samedi-là, presque autant de couleurs que dans les tableaux de Dufy. Les parfums en plus !



 

 


03 juin 2022

Dufy

Coloriste assurément ! C'est l'impression dominante que m'a laissé l'exposition Dufy présentée actuellement à l'hôtel Caumont.

Toutes la palette des jaunes aux rouges dans ce tableau.


 
 Toute la palette des verts dans celui-là. Coloriste donc. Avec un sens de la composition tout aussi remarquable.  Il  est difficile d'en parler puisque je n'ai pas sous les yeux l'ensemble de ces deux tableaux, mais même les détails montrent la recherche d'un équilibre entre les courbes et les droites, l'ombre et la lumière. Il y a quelque chose d'euphorique dans les tableaux de Dufy, l'énergie sans la violence, le dynamisme et la sérénité.

 

L'exposition se réfère beaucoup aux contemporains de Dufy, à ceux dont il a suivi la trace avant de s'en séparer. Je crois surtout qu'il a suivi son propre chemin, à l'écart des grands mouvements picturaux que pourtant il n'ignorait pas. 


 

02 juin 2022

Viola Ardone, Le Train des enfants

 Je devais le lire en italien. Je l'ai finalement lu en français. C'est sans doute un peu dommage, mais pas tant que cela parce que même en traduction le roman est vite prenant. 

L'histoire qu'il raconte est celle de ces enfants du Sud de l'Italie que le Parti communiste italien a entrepris, au sortir de la guerre, de faire monter dans le Nord où ils seraient accueillis pendant quelques semaines ou quelques mois dans des familles riches ou, en tout cas, nettement moins pauvres que leurs parents. La démarche peut paraître surprenante, voire choquante mais le roman de Viola Ardone n'a rien d'une fiction. I treni della felicità ont bel et bien traversé l'Italie entre 45 et 47, avec leur wagons remplis d'enfants apeurés, persuadés qu'ils étaient envoyés en Russie. Une initiative de l'Union des femmes italiennes, reprise ensuite par le PCI, critiquée par l'Eglise évidemment, mais qui a bel et bien permis de sauver des dizaines de milliers d'enfants de la famine. 


 En donnant la parole à Amerigo, un gamin à la langue bien pendue Viola Ardone situe la narration à hauteur d'enfant ce qui permet de tabler sur la candeur et la naïveté et d'éviter un récit trop sentencieux. Amerigo et ses camarades vivent le voyage comme une aventure, où les récompenses font oublier les menaces, où la découverte d'un nouveau monde compense la perte de l'ancien, qui avait si peu d'espoirs à leur offrir. L'autre écueil du récit était le mélodrame larmoyant, évité par la drôlerie, l'humour et l'imagination sans borne des enfants.

Dans les derniers chapitres, Amerigo revient auprès de sa mère Antonietta et le roman à ce moment là devient plus tendu, plus réfléchi. Parce que Antonietta est trop perdue dans la misère pour être une mère affectueuse et qu'il y a entre elle et Amerigo trop d'incompréhension.  Les liens déjà très fragiles sont désormais rompus. C'est ce qui permet au lecteur de s'interroger sur le bien-fondé de l'expérience, dont les aspects positifs  - ne serait-ce que l'accès à l'éducation pour ces enfants illettrés - ne sont certainement pas négligeables. . Mais Viola Ardone prend soin de montrer que le prix à payer a parfois été celui d'un reniement de la famille d'origine. Douloureux. Forcément douloureux.