Je suis depuis quelques années les publication du Picabo River Book Club, un club de lecture pour les passionnés de littérature américaine. Régulièrement des livres sont proposés par tirage au sort. Pour la première fois j'ai tenté ma chance et ... gagné ! Les éditions Albin Michel m'ont donc envoyé un exemplaire de ce livre et j'ai toute liberté pour le chroniquer.
Il faut donc un certain temps pour s'habituer à l'écriture de Shannon Pufahl, pour se familiariser avec les personnages, comprendre à demi-mots les enjeux du roman, surtout ne pas oublier que le récit est situé dans les années 50. Assez vite on voit émerger deux personnages, Muriel et Julius. Mais ce n'est que peu à peu que l'on comprend ce qui les rapproche. Muriel est originaire du Kansas, qui ne passe pas pour l'Etat le plus avant-gardiste. Depuis son mariage avec Lee, elle vit au Sud de la Californie, pas très loin de la frontière du Mexique. Elles est mariée, serveuse dans un restaurant. Une vie modeste dans une maison modeste. Julius est son beau-frère. Comme Lee il a fait la guerre de Corée, mais il n'a pas été libéré en même temps. Il avait promis de s'installer avec Lee et Muriel mais il tarde à les rejoindre....
Shannon Pufahl mutliplie les fausses-pistes - un amour naissant entre Muriel et Julius ? la tentation de l'adultère ? d'un ménage à trois ? une addiction aux courses de chevaux ? aux jeux de cartes et d'argent ? Autant de façons de cerner le malaise de ces deux personnages qui s'interrogent sur leurs vrais désirs aussi bien que sur leur place dans la société. L'Amérique des années 50 est terriblement conformiste et il est mal vu de s'écarter des normes, ce que font pourtant Muriel et Julius.
Bien que désarçonnée au départ par l'apparente mollesse du récit, j'ai peu à peu compris qu'il s'agissait en fait d'accéder progressivement à l'intimité des personnages, perdus dans leurs propres incertitudes, leurs propres hésitations, mais qui finissent par s'affirmer, et accepter que leurs choix ne soient pas conformes à ce qu'impose la société. Cette mollesse qui m'apparaissait au début comme une faiblesse du roman en constitue en réalité la force.
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