Rubber, Au poste, Mandibule, Le Daim et maintenant Incroyable mais vrai. Avec Quentin Dupieux, on ne sait jamais à quoi s'attendre, mais on sait que de toute façon on sera surpris. Pas forcément séduit mais étonné, intrigué. Et c'est le cas avec son dernier film.
Incroyable mais vrai est à la fois une farce et une fable. Une farce un peu lente, et un peu lourde (mais n'est-ce pas le principe même de la farce ?) qui permet à la fable de se développer et donc à la réflexion de se construire. Un couple lambda, genre français moyen, achète une maison et y découvre un conduit qui permet d'accéder à un espace susceptible de faire reculer le temps au rythme de 3 jours toutes les 12 heures. Quel usage faire de cette découverte ? C'est la question qui traverse le film, mais pour faire bonne mesure, le réalisateur ajoute un deuxième couple, "macho + chaudasse", ce qui lui permet de doubler la farce avec une question encore plus grotesque : que faire d'une "bite électronique" lorsqu'elle tombe en panne ?
Le propos de Quentin Dupieux est clair : il s'agit de dénoncer l'obsession de la virilité (le sexe, les voitures, les armes) et celle de la féminité (tout dans le physique, rien dans la tête). Le film fonctionne sur cette double caricature, et les quatre acteurs sont parfaits dans leurs rôles. Oui, mais... la caricature est forcément réductrice et j'ai trouvé le propos un peu court. Avec un tel sujet - la manipulation du temps, la suspension de l'irréductible, de l'implacable écoulement temporel, on pouvait sans doute aller plus loin, imaginer qu'un simple retour en arrière permettrait de modifier un destin, d'empêcher un accident, une rencontre, un résultat électoral, une déclaration de guerre ... Revenir en arrière et faire d'autres choix ... Définitivement un autre film !
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