09 juin 2022

Benjamin Myers, Au large

 

 

Robert est un adolescent d'un petit village perdu du Yorkshire qui, un jour prend le large. Il part pour fuir une existence morne; il part pour échapper à un destin tout tracé : il sera mineur comme son père; il part sans savoir où son chemin le mènera et comme on est au sortir de la guerre, celle de 40, il part à pied. Il marche, travaille dans les fermes pour le gite et le couvert, dort parfois à la belle étoile... et arrive par hasard chez Dulcie, une femme qui vit seule dans un petit cottage envahi par les herbes, pas très loin de la mer. 

Les descriptions que fait Benjamin Myers des paysages traversés par son personnage sont suffisamment précises et poétiques pour donner envie au lecteur d'aller à son tour arpenter les landes et les forêts de cette région d'Angleterre. L'autre talent de l'écrivain est la mise en bouche des dialogues entre les deux personnages qui peu à peu s'apprivoisent. Une jolie relation entre un gamin de 16 ans, du genre taiseux,  qui n'a pas encore vécu grand chose et une femme de 50 ans un peu brusque, qui s'est volontairement coupée du monde et prétend n'attendre rien de personne. 

J'ai parfois l'impression que les écrivains anglais ont l'art de faire se rencontrer des personnages dont on se dit dès le départ qu'il s'agit du mariage de la carpe et du lapin. De mariage il n'est ici pas question, ni même d'amour, mais entre ces deux êtres que tout à priori oppose, des affinités se créent malgré tout. Qui se ressemble s'assemble ? C'est ce que veut nous faire croire la sagesse populaire.  S'intéresser à celui qui ne vous ressemble pas, s'ouvrir à la différence me paraît nettement plus intéressant.

 



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