Le festival n'a pas encore officiellement commencé. Mais déjà quelques films sont à l'affiche dont ce Chili 76 de Manuela Martelli.
Chili 76 est un film de facture très classique, ce qui, au fond est assez raccord avec le personnage : Carmen incarne d'une certaine façon la bourgeoisie chilienne dans toute sa splendeur : élégante, coiffure sage, collier de perle, Carmen, dont le mari, médecin, est resté à Santiago, supervise la réfection de sa terrasse dans la maison de vacances où, avec l'aide de sa bonne, elle accueille ses petits-enfants et leur parents. Bonne catholique, elle accepte à la demande du prêtre de sa paroisse, de soigner un jeune homme blessé par balle.
Tout le talent de la cinéaste consiste à en dire moins pour en suggérer plus, car c'est à l'éveil d'une conscience politique que l'on assiste dans ce film précisément daté : 1976, soit 3 ans après le coup d'état de Pinochet. La répression contre les opposants est terrible et chacun se méfie de chacun. Rien n'est montré de la violence d'Etat, pourtant constamment suggérée par les non-dits, les regards échangés, les allusions, les précautions prises par les opposants à la dictature. Les dialogues, sans être explicites, sont lourds de sens, même à la table familiale. Le film rend parfaitement ce sentiment d'oppression, cette impression d'être constamment surveillé.
Chili 76 n'est pas un documentaire sur la dictature chilienne, mais un film sur la façon dont un individu est amené à réagir. Qu'est ce qui pousse Carmen à aider ce jeune homme ? Elle ne le fait certainement pas par idéologie politique. Charité chrétienne ? Sens moral ? Altruisme ? Carmen est une femme ordinaire qui s'occupe de sa famille, de sa maison, prépare un anniversaire, rend service à ceux qui en ont besoin parce qu'elle ne sait pas faire autrement. Pourtant, à un moment ou à un autre - au spectateur de trouver - elle commet une erreur. Et la tragédie survient. Dont elle se sent responsable.
Voilà en tout cas un bon film à mettre au crédit du festival.
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