04 mars 2023

Le Retour des Hirondelles

 

 

Le Retour des hirondelles est un film magnifique. Lent bien sûr puisqu'il s'agit du monde rural dont le rythme est celui des saisons, du soleil et de la pluie. Il faut le temps de labourer, de passer la herse, de semer et de récolter. Il faut le temps que le blé pousse, que les oeufs éclosent. Il faut le temps que les briques de pisé sèchent pour monter les murs de la maison. Il faut surtout le temps que des liens se créent entre les individus. 

Oui, le film dit l'extrême pauvreté des paysans chinois, mais il dit aussi l'amour de la terre, du travail bien fait. Il dit surtout la tendresse, l'honnêteté, la droiture et la bonté.  Car entre Ma Youtie et Cao Guiying, c'est bien au final d'amour qu'il s'agit. Deux taiseux, deux déshérités qu'un mariage arrangé a réunis et qui peu à peu s'apprivoisent.

Il ne se passe pas grand chose dans le film, pas d'actions spectaculaires, pas d'événements hors du commun,  et les dialogues sont rares. Ce qui importe c'est l'attention portée par le cinéaste aux attitudes, aux gestes, aux regards échangés; la caméra scrute les corps fatigués, les vacillements, les visages qui se lèvent, s'attarde sur la main qui soulage, la main qui réchauffe. 

On peut voir dans ce film une critique sociale sévère qui s'en prend autant à la gouvernance politique qu'à la vénalité des individus, à ce monde sans pitié pour les laissés-pour compte de l'avancée économique chinoise. Et c'est bien la raison pour laquelle le film a été censuré et le réalisateur, emprisonné. Mais plus que tout, le film dit l'infinie patience de ceux qui souffrent, dit aussi ce que pourrait être une humanité plus attentive à autrui qu'à l'accumulation de biens. Entre nostalgie et utopie, le beau film de Li Ruijun est de ceux qui marquent profondément.

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