Un vrai bon roman, avec des personnages suffisamment complexes pour nous accrocher et une intrigue suffisamment bien montée pour créer une tension jusqu'à la dernière page ! Le Parfum des poires anciennes est une délicieuse pastorale tendance écolo (combien de variétés de poires connaissez-vous en dehors des Williams ? Et savez-vous comment on obtient le poiré ? Et tant d'autres aspects de la vie agricole que l'on ignore le plus souvent....) Mais Le Parfum des poires est aussi un roman psychologique et social puisqu'il organise la rencontre - fortuite - d'une jeune fugueuse, adolescente perturbée du genre à se scarifier et à se nourrir d'un quartier de fruit - avec une femme solitaire qui se bat pour garder ses terres, une fermière ordinaire dont on découvre peu à peu qu'elle n'est pas si ordinaire que cela et qu'elle a, elle aussi, une histoire difficile. L'une et l'autre trouvent dans leur compagnonnage une forme d'apaisement. Loin du fracas de la ville, dans la quiétude paradisiaque du verger des poires anciennes.
La première impression de lecture est excellente. Ce n'est qu'après réflexion que les doutes apparaissent qui ne mettent aucunement en cause la qualité littéraire du roman, mais un peu son idéologie, bien que ce soit un grand mot pour parler de l'éloge qui est fait de la vie à la campagne et de la "glorification" des travaux agricoles supposés remédier à bien des maux de notre monde contemporain. Simple nostalgie de la vie à l'ancienne? Comme si tout était mieux avant, comme si tout était mieux en dehors des villes, dans un monde sans ordinateur et sans téléphone portable... bref ce petit penchant passéiste m'a laissé comme un relent pétainiste entre les dents... Mais je me trompe peut-être. Le "retour à la terre" n'est-ce pas plutôt le slogan de demain ? Et je serai la dernière à me plaindre qu'un roman pousse à la réflexion et plus encore à la discussion.