31 juillet 2023

Ewald Arenz, Le Parfum des poires anciennes

 

Un vrai bon roman, avec des personnages suffisamment complexes pour nous accrocher et une intrigue suffisamment bien montée pour créer une tension jusqu'à la dernière page !  Le Parfum des poires anciennes est une délicieuse pastorale tendance écolo (combien de variétés de poires connaissez-vous en dehors des Williams ? Et savez-vous comment on obtient le poiré ? Et tant d'autres aspects de la vie agricole que l'on ignore le plus souvent....) Mais Le Parfum des poires est aussi un roman psychologique et social puisqu'il organise la rencontre - fortuite - d'une jeune fugueuse, adolescente perturbée du genre à se scarifier et à se nourrir d'un quartier de fruit -  avec une femme solitaire qui se bat pour garder ses terres, une fermière ordinaire dont on découvre peu à peu qu'elle n'est pas si ordinaire que cela et qu'elle a, elle aussi, une histoire difficile. L'une et l'autre trouvent dans leur compagnonnage une forme d'apaisement.  Loin du fracas de la ville, dans la quiétude paradisiaque du verger des poires anciennes. 

La première impression de lecture est excellente. Ce n'est qu'après réflexion que les doutes apparaissent qui ne mettent aucunement en cause la qualité littéraire du roman, mais un peu son idéologie, bien que ce soit un grand mot pour parler de l'éloge qui est fait de la vie à la campagne et de la "glorification" des travaux agricoles supposés remédier à bien des maux de notre monde contemporain. Simple nostalgie de la vie à l'ancienne?  Comme si tout était mieux avant,  comme si tout était mieux en dehors des villes, dans un monde sans ordinateur et sans téléphone portable... bref ce petit penchant passéiste m'a laissé comme un relent pétainiste entre les dents... Mais je me trompe peut-être. Le "retour à la terre" n'est-ce pas plutôt le slogan de demain ? Et je serai la dernière à me plaindre qu'un roman pousse à la réflexion et plus encore à la discussion.


30 juillet 2023

Vers un avenir radieux

J'ai hésité à aller voir le dernier film de Nanni Moretti : l'égocentrisme, la vanité, même dissimulés derrière l'humour, m'exaspèrent comme m'exaspère en général l'autofiction.  Mais les goûts peuvent changer et les cinéastes aussi. Et je ne regrette pas d'avoir vu Vers un avenir radieux, ne serait-ce que pour la scène finale, triomphante et magnifique. 


Avant cela, il y a un peu de tout dans Vers un avenir radieux, il y a un film sur la scission du parti communiste italien au moment de l'entrée des chars soviétiques à Budapest en 1956. S'affranchir du joug soviétique était - est toujours -  un exercice difficile  et dangereux, Hongrie, Tchekoslovaquie, Afghanistan.... je continue ? Poser la question en 2023 n'a rien d'innocent et il y a certainement là matière à film. 

Mais ce n'est pas le propos principal du film, centré comme on s'y attend sur  le réalisateur, c'est à dire Moretti lui-même. Le propos se déplace ainsi constamment vers le "making of " de ce prétendu film, et  constitue en quelque sorte une "master class" qui permet à Moretti de rendre hommage aux grands cinéastes italiens, mais surtout de faire le tri entre ce qu'il aime et ce qu'il n'aime pas au cinéma.  Un grand pêle-mêle où chaque spectateur glane ce qu'il peut selon sa culture cinématographique. 

Expert en jongleries, Nanni Moretti parvient à intercaler entre les deux premières, une troisième piste de lecture, celle de ses déboires familiaux qui viennent perturber le tournage puisque sa femme et sa fille sont engagées professionnellement à ses côtés. 

Je n'ai en rien regretté d'être allée voir ce film, brillant, intelligent, inventif et parfois exaspérant (la diction exagérément articulée et pontifiante de Moretti, le jeu grotesque de Mathieu Amalric ). Cela m'a permis de me débarrasser de quelques préjugés et de renouer avec un cinéma italien trop peu présent sur nos écrans.



20 juillet 2023

Nasim Vahabi, Je ne suis pas un roman

 Rien de tel que la fiction pour, subtilement, insidieusement, insinuer dans la tête du lecteur quelques vérités. Et c'est bien la raison pour laquelle les instances iraniennes sont aussi vigilantes. Dans la salle des archives où sont conservés les manuscrits refusés par les "agents lecteurs", ils sont des milliers à attendre, soigneusement rangés sur les étagères.... Une jeune autrice, venue demander des explications sur le refus de son troisième roman, se retrouve  par inadvertance (?), enfermée dans la salle.  La batterie de son portable donne des signes de faiblesse et de toute façon il n'y a pas de réseau... Ainsi commence le roman de Nasim Vahabi, dont les chapitres s'enchainent ensuite en passant d'un personnage à un autre (l'autrice, l'éditeur, la femme aimée par l'éditeur, la fille de cette femme, son époux ... jusqu'à ce que la boucle soit bouclée. 

Je ne suis pas un roman est un très joli roman construit d'une plume légère, qui mêle histoire sentimentale, familiale, sociale et même politique, sans en avoir l'air. Parler avec légèreté de choses sérieuses n'est-il pas le comble de l'élégance ? Nasim Vahabi, qui manie aussi bien le persan que le français semble en tout cas en avoir fait un principe d'écriture. 


18 juillet 2023

A Contretemps

Il court, il n'arrête pas de courir. Il regarde sa montre, son téléphone. Il gare n'importe où, il perd ses clefs de voiture, il oublie le RV de sa femme à l'hôpital. rate le départ en vacances de son fils. Il est avocat et il essaye de sauver le monde. Ou, au moins, d'éviter qu'une gamine se retrouve indûment confiée aux services sociaux et qu'une jeune femme soit, tout aussi indûment, expulsée de son appartement. Alors il court, parce que le film ne dure qu'1h43 et que ça ne fait pas beaucoup de temps pour tout faire, pour s'occuper des gens que la société maltraite et accessoirement de sa famille. 

Avec Penelope Cruz et Luis Tosar dans les rôles principaux, le film est forcément bon. Trépidant, émouvant, drôle aussi. C'est le premier film réalisé par Juan Diego Botto qui a déjà derrière lui une longue carrière d'acteur et joue ici un intéressant second rôle. 
 

17 juillet 2023

Emma Cline, L'Invitée

L'Invitée est un roman étonnant. Il ne s'agit pas d'un thriller à proprement parler, mais on est en permanence suspendu au destin d'Alex, à ce qui pourrait lui arriver, à ce qu'elle va décider, à la façon dont elle va se sortir de la situation dans laquelle elle s'est fourrée. 

Alex est une jeune fille - jeune et jolie - qui vit de combines et de petites magouilles. Elle a fui New York ses dettes et un ex menaçant pour suivre dans sa résidence d'été un riche protecteur. A elle le monde des riches, des vraiment riches, et une vie oisive dans un monde où tout est facile ... luxe, calme et volupté.... Oui mais ... car sans ce "mais", pas de roman. Pour une parole malencontreuse, Alex se fait littéralement mettre à la porte. La voilà sans domicile, sans voiture, sans argent et son téléphone a rendu l'âme.  SDF au milieu des nantis. Elle doit tenir 7 jours pour, espère-t-elle, retrouver sa place auprès de son protecteur, à l'occasion de la fête qu'il a organisé. 

Dans ce roman inventif et brillant, Emma Cline profite des errances de son personnage pour faire le portrait d'une jeune femme d'aujourd'hui, qui n'a pour atout que sa beauté et une certain sens de la manipulation,  portrait auquel elle adjoint la peinture, ironique et parfois sarcastique d'un milieu particulier. Ce qui, au final, pourrait bien constituer l'intérêt majeur du roman et fait irrésistiblement penser à la nouvelle de John Cheever, The Swimmer, adapté au cinéma par Frank Perry. 

L'invitée est un roman vif et alerte, sans doute moins frivole qu'il n'en a l'air et suffisamment réjouissant pour donner envie de lire les précédents romans d'Emma Cline.

 

16 juillet 2023

Les algues vertes

Pas grand chose à dire de ce film de Pierre Jolivet, qui porte à l'écran la bande dessinée d'Inès Léraud. Pour qui n'aurait jamais entendu parler du problème posé par la prolifération des algues vertes (et toxiques!) le film donne toutes les informations nécessaires, en suivant l'enquête de la jeune journaliste en Bretagne. Je suis pour ma part restée sur ma faim, parce que si les enjeux sont bien montrés et les causes dénoncées .... le film s'achève sur l'interruption (politique ?) de l'enquête sans qu'aucune solution ait seulement été suggérée.



15 juillet 2023

Dennis Lehane, Le Silence

 Dennis Lehane est rarement décevant : maître des intrigues imprévisibles (un must pour un auteur de roman policier !) il sait construire ses romans autour de personnages forts (ici, une femme) et s'appuie pour donner de la crédibilité à la fiction sur un contexte social et souvent historique qui en fait tout l'intérêt.


Boston, 1974 : au moment où est mise en place la politique de "busing" qui consiste, pour améliorer la mixité sociale et raciale, à transporter en bus des enfants des quartiers noirs dans les écoles blanches et vice-versa. Cette tentative de déségrégation du système scolaire ne s'est pas faite sans heurts et il suffit d'aller sur le Web  pour trouver toutes sortes d'images et accessoirement d'articles particulièrement édifiants ! Mais en l'occurrence, le roman de Dennis Lehane en dit beaucoup plus parce que la question est vue à travers des personnages auxquels on peut s'identifier : Mary Pat Fennessey, fait partie de ces Blancs, pauvres, qui n'ont rien à perdre sauf la couleur de leur peau. Raciste donc, et véritable dure-à-cuire qui, lorsque sa fille de 17 ans disparaît, utilise tous les moyens à sa disposition (y compris la violence) pour faire parler ceux qui savent (les gangs irlandais, les dealers, tout-puissants dans ce quartier Sud de Boston). Mère courage donc. Et nous voilà piégée par une femme dont on partage la détresse bien qu'on reprouve et sa morale et sa façon de faire. 

Sortir de notre cercle de confort, sortir de nos préjugés pour essayer de comprendre - sans justifier pour autant !  - ceux qui pensent autrement, ceux qui pensent "mal", voilà à quoi nous invite Dennis Lehane dans ce dernier roman. Un exercice d'autant plus salutaire que le clivage raciale et l'idéologie de rejet qui va avec ne se sont guère améliorés depuis les années 70. Ceci dit Le Silence est avant tout un grand polar, et un grand plaisir de lecture ! Pour qui aime les romans bien sombres ... comme on aime son café bien fort !




13 juillet 2023

Dernière nuit à Milan

Cette fois-ci, pas d'erreur, j'ai fait le bon choix : Dernière nuit à Milan est un excellent thriller, monté comme une tragédie classique, du genre "un seul lieu, un seul jour, un seul fait accompli".... Pas tout à fait quand même parce qu'il s'en passe de belles pendant la dernière nuit avant la retraite d'un flic modèle qui n'a jamais tiré sur personne. En effet, Franco Amore, puisque tel est son nom, va être confronté aux pires situations qu'un flic peut affronter, des péripéties à donner le tournis. Pierfrancesco Favino tient le film sur ses épaules, parfait dans le rôle funambulesque du flic en perpétuel déséquilibre qui au bout de 35 ans de carrière se retrouve à faire tout ce qu'il a toujours évité de faire. Et comme le réalisateur, Andrea di Stefano a choisi la complexité plutôt que le manichéïsme, on reste suspendu au fil de l'intrigue jusqu'au dernier moment. 

Dernière nuit à Milan est un film passablement acrobatique, comme le suggère l'ouverture : un long et spectaculaire travelling nocturne au-dessus de la ville, qui commence par le survol du Duomo, de la galerie Vittorio Emmanuele II, de la Scala, et autres grands lieux illuminés avant de s'enfoncer plus loin dans des quartiers de plus en plus obscures jusqu'à l'appartement où se prépare une fête surprise pour le futur retraité. Une ouverture à couper le souffle ! Et qui présage bien de la suite.



12 juillet 2023

Il Boemo

 

Choisi par défaut (l'horaire me convenait bien) ce film ne m'a pas convaincue et l'histoire de ce musicien pragois m'a laissée de glace malgré la débauche de perruques, de costumes, de décors, autant d'éléments propres au genre (biopic historique) et la débauche tout court, dont le réalisateur semble vouloir faire l'apanage de l'aristocratie vénitienne. L'insistance de Petr Vaclav à montrer, dès la scène d'ouverture, le visage ravagé par la syphilis de Joseph Myslivecek avant de  reprendre toute sa biographie en flash back pour arriver en fin de compte sur les mêmes images de visage masqué interroge : s'agit-il de faire l'éloge d'un musicien méconnu ou de dénoncer les dangers du libertinage et des MST. 

Bon, la prochaine fois, je choisirai mieux mon film !


 

10 juillet 2023

Love Life

 Koji Fukada est un réalisateur japonais, dont les films semblent vouloir creuser une thématique affirmée : celle des relations de couples, troublées par une disparition ou au contraire une ré-apparation, élément déclencheur d'un déséquilibre latent.

Ainsi dans Love life, il met en scène une jeune femme très dymanique, Kaeto, qui depuis son mariage avec Jiro vit dans un appartement juste en face de celui de ses beaux-parents. Son fils, issu d'une précédente liaison meurt accidentellement. A l'occasion de la cérémonie funéraire, le père biologique  de l'enfant (et donc l'ex de Kaeto) réapparaît en même temps qu'une ancienne petite amie de Jiro se manifeste. Au total, et sans même compter les personnages secondaires, 7 personnages dont les relations ne vont cesser d'évoluer au cours du film, de se tendre, de s'adoucir, de se relancer ou de s'achever. Un enchevêtrement psychologique que le réalisateur maîtrise parfaitement, malgré une petite baisse de tension dans la dernière partie du film et une tendance peut-être à en faire trop - langue des signes, sans abris, relation avec la Corée -  sans doute pour ne pas se laisser enfermer dans le psychologisme et donner une dimension sociale à son film. 


05 juillet 2023

Mathieu Belezi, Attaquer la terre et le soleil

 

Il y a des livres sur lesquels on traîne, je ne sais pourquoi. D'autres que l'on dévore sans même s'apercevoir du temps qui passe. Attaquer la terre et le soleil est de ceux-là et l'on comprend qu'il ait obtenu le prix des lecteurs de Franc-Inter. Pourtant il n'a rien de facile et c'est un livre dur. Comment pourrait-il en être autrement puisque Mathieu Belezi a entrepris de raconter le début de la colonisation en Algérie en alternant deux récits, deux voix plus exactement. Celle d'une femme qui met les pieds en Algérie, avec l'espoir d'une vie meilleure et d'une terre pour sa famille comme le lui a promis le gouvernement. Mais rien ne correspond à ce qu'elle avait imaginé, ni la terre, ni le climat, ni surtout les habitants dont elle ne comprend pas l'hostilité ! L'autre voix est celle d'un militaire, un soldat qui obéit aux ordres de son capitaine et joue le rôle qu'on lui demande dans cette campagne de "pacification" qui pille, qui viole, qui torture et qui tue. En filigrane, bien qu'ils ne soient pas incarnés par une voix, il y a bien sûr les Algériens. 

Mathieu Belezi raconte la colonisation algérienne comme personne ne l'a racontée avant lui, dans une langue âpre, rude, violente. Car la violence est partout, dans les hommes, mais aussi dans les éléments, l'aridité du climat, les maladies. Et il fallait incarner cette violence dans des personnages pour faire comprendre de l'intérieur ce qui a été vécu et ressenti de part et d'autre, quitte à choquer les lecteurs qui refusent de voir que les mentalités ont changé  et que ce qui aujourd'hui n'est plus concevable l'était pourtant au XIXe siècle. Comprendre n'est pas justifier. Et ne comptez pas sur Mathieu Belezi pour édulcorer quoi que ce soit, pour innocenter qui que ce soit.


04 juillet 2023

Willem Frederik Hermans, La Maison préservée


 Que dire de plus que ce que dit Ian McEwan ? La guerre, c'est celle de 40, sur le front de l'Est. L'identité trompeuse, celle d'un résistant ? soldat russe ? déserteur ? usurpateur?  vrai caméléon qui n'en est pas à une identité près et en change comme d'autres changent de chemise. Le lecteur en tout cas est constamment étonné, pris à revers, incapable d'imaginer ce qui va se passer ensuite et ce que l'écrivain va faire de son personnage. Comédie ? Tragédie ? Les deux en même temps.... Et puis bien sûr il y a la maison, une vieille villa dans une station balnéaire. Les habitants ont fui, les portes sont ouvertes, sauf une, obstinément fermée.... 

Publié en 1952, ce roman de William Frederk Hermans, aussi court que percutant,  n'avait jamais été traduit en français. C'est chose faite. Deux autres livres de cet écrivain ont été publiés l'un en 2006 La Chambre noire de Damocles, l'autre en 2009 Ne plus jamais dormir. Combien de temps faudra-t-il attendre pour que le reste de son oeuvre soit traduit ?

02 juillet 2023

Asteroîd city

Au moins avec Wes Anderson, on sait que l'on est à fond dans la fiction, que le film soit en noir et blanc ou en couleurs, avec une préférence pour les pastels rehaussés par une pointe de rouge. Mais était-il vraiment nécessaire d'alterner les deux types de pellicule pour bien montrer que tout commence dans la vraie vie - en noir et blanc - celle qui invente et construit la fiction, et que la fiction, aussi insolite, aussi absurde  soit-elle ressemble forcément un tout petit peu à la réalité, puisque c'est à partir de la réalité que l'imagination s'envole. 

Partie avec un préjugé favorable, j'ai quand même fini par m'ennuyer; l'impression de regarder un grand enfant jouer avec ses playmobil, ses p'tites voitures, ses soldats d'opérette et son train électrique. Oui, bien sûr il y a les enfants, la paternité, l'amour, le deuil ...  Et puis la science, la compétition,  les essais nucléaires. (dont personne ne se soucie) et même le confinement ordonné par les instances supérieures.. mais au final, pas de quoi casser trois pattes à un canard ! Sorry Mr Anderson.


01 juillet 2023

Fifi

Son naturel est époustouflant ! Mais louer une actrice pour le naturel de son jeu est un peu contradictoire non ? Alors mettons que le casting est réussi, que la direction d'acteur est excellente et que Céleste Brunquell est parfaite dans son rôle. Mais du coup, le jeu de ses partenaires semble un peu décalé, en particulier celui de Quentin Dolmaire, qui rappelle parfois la façon d'être Jean-Pierre Léaud. Ce qui, après tout, correspond bien aux hésitations du personnage, peu sûr de lui. 

En tout cas l'histoire de cette rencontre entre une adolescente pauvre et un jeune-homme riche pouvait faire craindre une enfilade de clichés, mais aussi improbable qu'elle soit, elle sonne juste. Peut-être parce que les dialogues sont finalement moins importants que les attitudes. Fifi, c'est l'histoire d'une gamine de 15 ans que la vie a contraint a apprendre la débrouille; c'est surtout l'histoire d'un joli moment, tendre et pudique, comme une éclaircie éphémère dans un ciel chargés de nuages.

Ce premier long métrage de Jeanne Aslan et Paul Saintillan est non seulement prometteur d'une belle carrière, mais audacieux parce que réaliser un film sans viol, sans inceste, sans violence, c'est prendre le risque d'aller à contre-courant des tendances du moment.