02 novembre 2023

Gaspar Koenig, Humus

 

 

Philosophe, essayiste, chroniqueur, président de Génération libre, homme politique ... et finaliste du prix Goncourt 2023 : le parcours de l'auteur est prestigieux. Humus, son dernier roman reflète les centres d'intérêts  de ce brillant touche-à-tout  dont l'écriture alerte entraîne facilement son lecteur à la suite de ses personnages, jeunes gens perdus dans les évolutions récentes de la société. 

En effet, bien que leurs parcours aient été, au départ, très différents Arthur et Kevin, ces deux brillants étudiants d'Agro-Paris-Tech se retrouvent à une conférence donnée par un éminent spécialiste des lombrics et sont tellement convaincus par ses propos qu'ils décident de mettre toute leur intelligence et leur savoir-faire au service de vers de terre. L'idée est pour le moins originale et permet à l'auteur de partager ses convictions sur l'ombriliculture et l'écologie bien sûr, mais aussi sur l'entrepreneuriat, sur le monde de la finance, celui de la communication, accessoirement de la politique...et plus généralement sur les dérives de notre société. 

C'est souvent bien vu, à peine caricatural, drôle .... oui mais .... cela manque un peu de chair. De chair, pas de sexe, car Gaspard Koenig se soucie aussi bien de la sexualité des vers de terre que de ses personnages. Ce qui au final donne l'impression que les uns (les vers) et les autres (les humains) sont observés d'un même oeil. : le regard froid du psychologue/sociologue/politologue fait d'Arthur et de Kevin des marionnettes, simples outils au service de sa thèse. 

C'est bien le reproche que je fais à Humus, de n'être au final qu'un roman à thèse. Ou plus exactement d'utiliser la littérature pour la mettre au service de ses idées (aussi intéressantes, originales et convaincantes que soient ces idées ! ). Le genre a eu ses heures de gloire, a souvent été décrié; il semble depuis quelques temps faire sa réapparition. Un mal nécessaire sans doute. Mais j'attends plus de la littérature.  


Aucun commentaire: