28 novembre 2023

La Voie royale et Le Théorème de Marguerite

Si je regroupe ces deux films dans la même chronique c'est en partie pour combler mon retard, mais aussi parce qu'ils parlent d'un milieu que le cinéma n'a pas souvent abordé : les classes préparatoires (côté scientifique), l'ENS et la recherche en mathématiques. Et les deux films sont centrés autour d'un personnage féminin.  

La Voie royale

Sophie est fille d'agricultrice et participe aux travaux de la ferme avant d'aller en cours. Ses résultats en math et en physique lui permettent d'intégrer une "bonne" prépa - traduire une prépa très compétitive  - Elle se trouve rapidement confrontée aux exigences des enseignants, et doit en même temps faire l'apprentissage des codes sociaux et culturels qui ne sont pas les siens. La description que fait Frédéric Mermoud, le réalisateur, de cet apprentissage à marche forcée est assez juste, un peu exagéré parfois, mais il montre bien les turbulences de ces années où il s'agit de faire des choix qui vraisemblablement engageront le reste de la vie. Polytechnique ou l'ENS, la voie royale ? Une voie ardue assurément, que ces étudiants peuvent accepter ou refuser. Car eux, ils ont le choix.


Le Théorème de Marguerite

Marguerite n'a pas choisi Polytechnique, elle a choisi l'Ecole Normale Supérieure; indifférente au monde qui l'entoure et totalement absorbée par la poursuite de sa pensée mathématique, elle est sur le point de terminer sa thèse.  Une erreur dans son raisonnement, relevée par un étudiant qui travaille sur le même sujet et son monde s'effondre. Retour à la vie ordinaire où l'on gère des stocks dans un magasin de chaussures, où l'on apprend à jouer au majong et ... retour triomphant aux mathématiques après ce détour incongru. Le cinéma comme la littérature aime bien ce genre de personnage totalement passionné par son sujet au point d'oublier les contingences matérielles et d'ignorer les normes sociales. Dans le film d'Anna Novio, ce n'est ni un petit chauve, ni un gros barbu, mais une jeune fille qui tient ce rôle.


D'une facture classique, ces deux films relativement modestes proposent un regard intéressant sur deux jeunes filles à l'orée de leur vie d'adulte, deux jeunes filles qui misent sur leur intelligence plus que sur leur pouvoir de séduction. Un nouvel idéal féminin en lieu et place des influenceuses et autres" créatrices de contenu "? On peut en tout cas se réjouir de l'intention.

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