29 janvier 2024

Lance Weller, Les Marches de l'Amérique

Autant être prévenu, le livre de Lance Weller est un livre aussi brutal que violent, centré autour de trois personnages dont on aurait souhaité qu'ils n'aient aucune ressemblance avec quiconque, mais dont on sait bien qu'à défaut d'être vrais, ils sont vraisemblables. Que des gens comme eux il y en a eu, il y en a, et il y en aura à chaque fois que l'histoire trébuche.

Trois personnages donc, une femme et deux hommes. Les deux hommes, qui se connaissent depuis l'enfance, sont en fuite et errent inlassablement dans les "marches" de l'Amérique, ces territoires à l'Ouest du Mississippi, à l'Ouest des Rocheuses et du Pecos où la loi états-unienne ne s'appliquait pas encore, où l'on parlait de territoires, de frontières et de guerre, surtout de guerre : guerre de conquête contre le Mexique, guerre contre les Indiens et même guerre civile. Au cours de leurs pérégrinations, Tom et Pigsmeat rencontrent Flora, une jeune esclave, belle et rebelle, dont le propriétaire a commencé par abuser sexuellement avant de la prostituer.

Les personnages de Lance Weller ne sont pas des tendres, ils n'hésitent ni à se battre ni à tuer, non par goût, mais parce que c'est nécessaire, parce que la survie dans les marches de l'Amérique impose la violence. On aimerait se rassurer, en lisant le roman comme on regarde un western, en se disant que les bons finissent toujours par l'emporter sur les méchants. On aimerait se rassurer en se disant qu'il s'agit d'une fiction, en admirant le talent de l'écrivain dont la plume ne recule devant rien, en râlant même contre la mode littéraire qui impose la dislocation de la chronologie avant de se dire que d'une certaine façon elle repose le lecteur soumis à tant d'horreurs. Mais il faut bien reconnaître que Lance Weller dit la vérité sur l'histoire de l'Amérique, une histoire dont il faut sans doute s'imprégner pour mieux comprendre l'Amérique d'aujourd'hui.

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