23 janvier 2024

Le Ciel rouge

 Trop contente d'avoir pu voir le film de Christian Petzold, Le Ciel rouge, auquel le festival Télérama a donné une deuxième chance. Le point de départ est hyper simple : une maison de vacances au bord de la mer Baltique. L'herbe est sèche, et personne ne s'inquiète de l'incendie qui monopolise pompiers et hélicoptères puisque le vent souffle de la mer. Quatre trentenaires se retrouvent là, un peu par hasard : Nadja la seule fille du groupe, David le maître-sauveteur, Félix supposé rendre un dossier pour entrer aux Beaux-arts et son ami Léon, écrivain venu là pour écrire.

 

Ce que décrit le film c'est le jeu des affinités, des attirances aussi bien que des rejets, le grand jeu de la séduction entre jeunes gens libres de leur vie amoureuse. Après tout ce sont les vacances ! Mais le seul à ne pas jouer le jeu de l'insouciance, c'est Léon, trop centré sur lui-même, sur l'écriture de son roman, sur ses doutes pour s'intéresser aux autres. Le personnage n'est pas particulièrement sympathique, mais particulièrement bien vu, sans que les autres soient pour autant moins bien traités par le réalisateur. Difficile de ne pas penser au grand roman de Goethe, Les Affinités électives  - deux, puis trois, puis quatre personnages, les interrogations, les doutes, l'allant de la jeunesse - mais dans une version d'aujourd'hui. 

Ces jeunes gens sont à un moment de leur existence où tout est encore possible, mais ils doivent faire des choix, s'engager, renoncer, tenter leur chance. Puiser au fond d'eux même pour trouver qui ils sont et ce qui importe vraiment pour eux. Voilà ce qui les rend émouvants, bien qu'ils fassent partie des privilégiés et ne se soucient guère de l'incendie en cours. Le monde brûle et nous regardons ailleurs... Pourtant je ne crois pas que le propos du film soit vraiment politique; c'est plutôt un regard porté sur la jeunesse. Une certaine jeunesse.

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