18 janvier 2024

L'innocence

Presque tous les films de Kore-eda parlent de la famille, qu'il s'agisse d'une famille tout à fait traditionnelle ou plus souvent d'une famille atypique, au moins pour le Japon. Dans L'Innocence, il s'intéresse à deux enfants  qui vivent  chacun dans une famille où manque l'un des deux parents : mère célibataire pour cause de veuvage ou père célibataire pour cause de divorce. Le glissement vers parent absent/enfant perturbé fait un peu cliché, mais reste une problématique intéressante, que le réalisateur choisit de développer à partir d'un cas de harcèlement scolaire. Ou plus précisément une suspicion de harcèlement. 

Pour mieux montrer l'écart entre les faits et l'interprétation des faits, Kore-eda juxtapose les trois points de vue, celui de la mère, celui du professeur incriminé, celui des enfants et glisse de l'un à l'autre sans avertir le spectateur qui se retrouve un peu largué jusqu'à l"épisode final qui dramatise la situation avant de finalement l'éclairer. 


A qui donner raison ? Pour qui prendre parti ? Les histoires de famille sont toujours plus complexes qu'elles n'en ont l'air et le réalisateur ne fait rien pour les simplifier, au risque de perdre un certain nombre de spectateurs en chemin. Mais l'intérêt d'un film comme d'un roman ne réside-t-il pas dans sa capacité à intriguer les spectateur,  à stimuler son intelligence, à lui donner à penser, plutôt que de lui donner à voir ce qu'il connaît déjà.

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